La grande majorité des artistes de la scène sont verts. Mais leurs tournées ne le sont pas. Surtout, à cause des émissions des autos et des camions qui doivent rouler d’une ville à l’autre. Le groupe Qualité Motel, originaire de Sherbrooke, a trouvé une façon originale de réduire son empreinte carbonique : une tournée en voilier.

« On a eu ce flash-là voilà trois ans », explique François-Simon Diézel, un des membres du groupe.

On était en van. On faisait de la route. Puis, on se disait que ça pouvait être cool de faire des shows sur l’eau. On pensait d’abord à un ponton avec les gens autour. Puis, on s’est dit : remplaçons le ponton par un voilier. Comme ça, on va être un petit peu plus écoresponsable.

François-Simon Diézel, membre du groupe Qualité Motel

À l’été 2019, un premier essai a conduit les cinq musiciens dans trois villes le long du Saint-Laurent : L’Isle-aux-Coudres, Mont-Louis et Gaspé.

Le quintette a repris la route le 19 août après une pause forcée en 2020. Direction Gaspé en voiture électrique, où avait lieu le premier de 10 spectacles étalés sur trois semaines. Des arrêts sont prévus au Bic, à Anse-Saint-Pancrace, île du Grand Caoui, Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre d’ici au 8 septembre.

Fait à noter : les membres du groupe en profitent pour nettoyer les berges où ils jettent l’ancre.

Mettre le fleuve en valeur

« À la base, le projet est d’aller en voilier d’un endroit à l’autre et de faire des évènements festifs sur le bord de l’eau pour vraiment mettre en valeur le Saint-Laurent. Notre démarche, c’est d’y aller super écoresponsable, carboneutre, avec le voilier, de faire des évènements zéro déchet et de miser sur la consommation locale, évidemment », détaille François-Simon Diézel.

Mais à tout ça, on s’est dit que ça serait le fun d’ajouter une petite couche avec les nettoyages de berges, juste pour avoir l’impression de partir d’un lieu et de le laisser un petit peu plus beau que dans l’état où il était avant qu’on arrive.

François-Simon Diézel, membre du groupe Qualité Motel

Le milieu du spectacle roule beaucoup encore à l’essence, confirme le musicien.

« Et c’est quand même un des gros enjeux. Par contre, il y a de plus en plus de solutions qui existent. Justement, dans l’organisation de la virée, on a découvert différentes entreprises qui offrent maintenant des véhicules électriques. On pense à Communauto qui commence à avoir une grande flotte avec des voitures plus spacieuses pour les petits groupes. Mais il y a aussi une compagnie montréalaise qui existe depuis peu, qui s’appelle Louelec. »

C’est à Gaspé que le groupe a pris place dans le voilier de 43 pi, où les attendaient les deux membres d’équipage, propriétaires de l’entreprise La belle vie sailing.

Pour financer l’opération et faire en sorte que le projet reste gratuit pour le public, il a trouvé des partenaires, dont Bonjour Québec et Telus. « On ne veut pas que ça devienne un évènement qu’on vend aux gens et aux villes qui nous accueillent, mais plus un projet qu’on offre », souligne le musicien.

En faire un festival annuel

« Notre objectif, pour l’instant, c’est de tester le concept, ajoute-t-il. Mais après, on aimerait que ça devienne un festival, qui revient chaque année. L’an prochain, le parcours pourrait être un peu différent. On pourrait aller dans Charlevoix ou la Baie-des-Chaleurs. Ça serait le fun aussi de découvrir autrement ce qu’on a l’habitude de faire sur la 20 ou la 40, entre Montréal et Québec. »

Et lorsque la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir, le groupe aimerait faire participer d’autres artistes, d’autres groupes. « Peut-être avoir deux bateaux, trois bateaux, glisse François-Simon. Puis, vraiment en faire une programmation de festival qui se déplace d’un endroit à l’autre. Ça serait ça la vision pour les prochaines années. »

En attendant, Qualité Motel teste cette année une nouvelle accréditation des tournées écoresponsables, développée par l’organisme québécois Artistes Citoyens en Tournée (ACT).

Caroline Voyer, directrice du Réseau des femmes en environnement, qui a créé en 2008 le Conseil québécois des évènements écoresponsables, explique : « On est en train de développer un modèle pour que les artistes qui partent en tournée puissent se qualifier en fonction de critères, pour vraiment faire de la tournée écoresponsable, toujours en étant réalistes. On ne propose pas des choses qu’ils ne peuvent pas faire. »

En quoi la démarche de Qualité Motel est-elle particulièrement intéressante ?

« Les artistes font souvent un bon coup sur le plan environnemental, fait-elle remarquer. Et après, ils reculent parce qu’ils manquent de ressources, de temps. Toutes les raisons sont bonnes. Mais Qualité Motel ne recule pas et va même plus loin. Ils ont voulu se prêter au jeu pour développer cette nouvelle accréditation et aider d’autres participants. »