Le sort d’une forêt bordant la majestueuse rivière se jouera bientôt : le premier ministre François Legault a beau l’avoir qualifiée de joyau, le ministère des Forêts y a ordonné des coupes qui seront effectuées d’ici peu. Un prélude à ce qui attend des dizaines d’autres projets d’aires protégées écartés dans le sud du Québec ? Des écologistes en ont bien peur.

« Des aires protégées, le gouvernement actuel n’en veut pas »

L’embarcation file doucement vers le nord, sur la rivière Péribonka, bordée de part et d’autre d’une forêt dense, qui s’étend à perte de vue.

Pas de route, pas de pont, pas de ligne de haute tension… seuls quelques chalets apparaissent çà et là entre les branches.

« La rivière Péribonka est unique, elle est tranquille, elle est sauvage », décrit Ève Tremblay, qui milite depuis plus de 10 ans pour sa protection.

Le projet d’aire protégée de la rivière Péribonka fait partie des 83 projets appuyés par le ministère de l’Environnement qui ont été mis de côté par Québec en décembre 2020, en raison de l’opposition du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).

IMAGE FOURNIE PAR LE MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT

Carte illustrant les contours du projet d'aire protégée de la rivière Péribonka

Le premier ministre François Legault s’était fait rassurant, en mai, affirmant que « la rivière Péribonka fait partie de nos joyaux naturels que nous devons préserver », dans une lettre adressée au Comité de sauvegarde de la rivière Péribonka.

Mais le MFFP y a ordonné des coupes qui doivent commencer d’une semaine à l’autre, un geste qualifié d’insubordination par une coalition de groupes écologistes.

« C’est louche » que le ministère des Forêts ordonne une coupe dans le projet d’aire protégée « dont on a le plus entendu parler », un peu plus de six mois après qu’il a été mis de côté, s’offusque Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec

C’est inquiétant de penser que c’est le même scénario qui pourrait se répéter pour tous les autres projets d’aires protégées qui ont été refusés.

Alice-Anne Simard, Nature Québec

Protéger les emplois

L’industrie forestière et le MFFP invoquent l’épidémie de tordeuse du bourgeon de l’épinette et la protection des emplois pour justifier les coupes, qui toucheront 14 % de la zone d’intérêt pour l’aire protégée.

« C’est une urgence économique pour les besoins de l’industrie », a affirmé dans un entretien avec La Presse le directeur de la gestion des forêts du Saguenay–Lac-Saint-Jean au MFFP, Claude Bélanger.

Il évoque « un impact négatif sur le volume de bois qu’on peut fournir aux usines » si les coupes n’ont pas lieu dans le secteur.

Aux yeux de militants écologistes, l’argument ne tient pas. Du bois, il y en a ailleurs dans ce coin du monde, disent-ils.

Le Forestier en chef du Québec a en effet annoncé au printemps une hausse de la possibilité forestière dans la région, soit le volume de bois disponible pour l’industrie, pour la période 2023-2028.

L’augmentation sera même de 16 % dans l’unité d’aménagement 024-71, où se trouve une partie du territoire convoité pour l’aire protégée – le projet d’aire protégée est à cheval sur les unités d’aménagement 023-71 et 024-71, que sépare la rivière Péribonka.

« On ne peut pas perdre d’emplois avec une hausse de la possibilité forestière », s’exclame l’ingénieure forestière Marie-Ève Desmarais, qui milite pour une saine gestion de la forêt québécoise.

Elle qualifie de « fallacieux » les arguments du MFFP, qu’elle accuse de ne pas donner l’heure juste à la population.

Claude Bélanger reconnaît que le volume de 160 000 m3 de bois qui sera prélevé dans le territoire convoité pour l’aire protégée pourrait être prélevé ailleurs : « Oui, il existe ailleurs, mais c’est là qu’est la priorité d’intervention. »

« Pourquoi aller là d’abord et pas ailleurs ? C’est parce qu’ils ont peur de l’aire protégée », s’exclame Marie-Ève Desmarais.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Marie-Ève Desmarais, ingénieure forestière

Des aires protégées, le gouvernement actuel n’en veut pas.

Marie-Ève Desmarais, ingénieure forestière

Faire une place à l’industrie récréotouristique

Le ponton accoste à la baie des Gardes, l’un des secteurs visés par les coupes à venir.

Cette baie sablonneuse, qui doit son nom aux garde-feux qui y logeait, jadis, est au cœur d’un projet récréotouristique que caressent des entreprises de tourisme d’aventure et la municipalité de Lamarche, souligne la Corporation d’innovation et de développement Alma-Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL).

  • Baie des Gardes
Simulation visuelle des paysages avant traitement

    IMAGE TIRÉE D'UN DOCUMENT DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

    Baie des Gardes
    Simulation visuelle des paysages avant traitement

  • Baie des Gardes
Simulation visuelle des paysages après traitement

    IMAGE TIRÉE D'UN DOCUMENT DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

    Baie des Gardes
    Simulation visuelle des paysages après traitement

  • Baie des Gardes
Simulation visuelle des paysages après traitement, mais avec des mesures d’harmonisation proposées par le Ministère

    IMAGE TIRÉE D'UN DOCUMENT DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

    Baie des Gardes
    Simulation visuelle des paysages après traitement, mais avec des mesures d’harmonisation proposées par le Ministère

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« La rivière Péribonka et sa vallée représentent l’un des plus beaux potentiels de développement de produits récréotouristiques du Saguenay–Lac-Saint-Jean », affirme sa porte-parole, Maryanne Guénette, disant avoir accueilli « avec déception » la décision de Québec de ne pas concrétiser le projet d’aire protégée.

Hugues Ouellet, président et propriétaire de l’entreprise Équinox Aventure, qui propose notamment des descentes de la rivière, ne s’oppose pas aux coupes forestières en général, mais il plaide pour la protection du corridor visuel de la rivière Péribonka.

On est assez mono-industriels, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, il y a une industrie récréotouristique qui est en train de se développer, pourquoi ne pas l’aider ?

Hugues Ouellet, Équinox Aventure

Il déplore « le rouleau compresseur » qu’est le MFFP et sa vision archaïque qu’il caricature en disant : « Il y a un arbre, faut qu’on le coupe. »

« Le plus fort potentiel de développement économique pour la Péribonka, c’est sa protection », lance Alice-Anne Simard, soulignant « l’intégrité de son paysage, qu’on ne retrouve plus dans le sud du Québec, si près de la civilisation ».

Des « simulations visuelles » réalisées par le MFFP et obtenues par La Presse démontrent que les coupes auront un impact visuel important dans le nord du territoire convoité pour l’aire protégée, dans le secteur du Canal sec.

  • CANAL SEC / Secteur 1
Simulation visuelle des paysages avant traitement

    IMAGE TIRÉE D'UN DOCUMENT DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

    CANAL SEC / Secteur 1
    Simulation visuelle des paysages avant traitement

  • CANAL SEC / Secteur 1
Simulation visuelle des paysages après traitement

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    CANAL SEC / Secteur 1
    Simulation visuelle des paysages après traitement

  • CANAL SEC / Secteur 2
Simulation visuelle des paysages avant traitement

    IMAGE TIRÉE D'UN DOCUMENT DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

    CANAL SEC / Secteur 2
    Simulation visuelle des paysages avant traitement

  • CANAL SEC / Secteur 2
Simulation visuelle des paysages après traitement

    IMAGE TIRÉE D'UN DOCUMENT DU MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC

    CANAL SEC / Secteur 2
    Simulation visuelle des paysages après traitement

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Ces secteurs, où les coupes n’auront pas lieu cette année, n’ont pas encore fait l’objet de mesures d’harmonisation, affirme le MFFP.

Espèces menacées

Un pygargue à tête blanche survolait la baie des Gardes, lors du passage de La Presse ; c’est l’une des espèces menacées qui vivent dans l’aire protégée projetée, avec le campagnol des rochers et le caribou, qui a été répertorié plus au nord.

« Il y a deux orignaux qui sont passés ce matin ; un mâle et une femelle », observe Benoit Phisselmagan, membre du collectif autochtone Mashk Assi (« la terre de l’ours », en innu), qui lutte pour la protection du territoire.

« Les coupes, ça va déranger l’écosystème de l’orignal », dit-il.

En s’avançant dans la forêt, l’on constate l’abondance de lichen, dont se nourrissent les caribous.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le lichen arboricole, qui pousse uniquement sur les arbres matures, constitue l’essentiel de l’alimentation des caribous durant l’hiver.

« Ça prend 80 ans à pousser », explique Michaël Paul, lui aussi du collectif Mashk Assi.

Le lichen arboricole, qui pousse uniquement sur les arbres matures et qui constitue l’essentiel de l’alimentation des caribous durant l’hiver, abonde également.

Les Innus l’appellent « usnee », ce qui signifie « les cheveux du père de Tshakapesh », l’enfant de la lune, personnage d’une légende amérindienne.

Les coupes ne donneront « pas la chance au caribou de revenir », déplore Michaël Paul.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Benoit Phisselmagan et Michaël Paul, membres du collectif autochtone Mashk Assi

Le régime forestier actuel ne permet pas la régénération naturelle des forêts.

Michaël Paul, collectif Mashk Assi

« On est dans l’urgence, actuellement, il faut protéger le territoire, ça fait partie des solutions face à la crise climatique et la crise de la biodiversité », affirme le biologiste Alain Branchaud, de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec).

« Ça devrait être un no-brainer [une évidence], pour le gouvernement, il ne devrait avoir aucune hésitation à protéger ce territoire », dit-il, qualifiant la décision d’y ordonner des coupes de « geste politique délibéré préoccupant ».

Une région en déficit de protection

Le bassin de la rivière Péribonka, d’une superficie de 35 461 km², est « l’unité écologique la moins bien représentée de toute la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean » en matière de protection du territoire, indique Caroline Cloutier, porte-parole du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Seulement 3,1 % de son territoire sont protégés.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Aperçu de la rivière Péribonka

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans son ensemble, est protégé à 8,5 %, loin de l’objectif de 12 % que Québec s’était fixé pour la région à l’horizon 2015 et encore plus loin de la cible moyenne de 17 % pour l’ensemble de la province en 2020.

En revanche, 64 % du territoire de la région est « destiné à l’aménagement forestier », selon le Forestier en chef du Québec.

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, assure que les coupes forestières ne compromettent pas le projet d’aire protégée.

Le projet « n’est pas mort, loin de là », a-t-il affirmé lors d’un entretien avec La Presse, au début du mois, ajoutant que les secteurs coupés seraient simplement exclus.

Alice-Anne Simard n’est pas du même avis, estimant que 14 % de territoire en moins, « ça peut faire dérailler le projet ».

Le premier ministre François Legault a réitéré en août son intention de protéger « une partie » de la rivière Péribonka, mais ne compte pas intervenir pour empêcher les coupes, a indiqué son cabinet.

« Cette rivière-là a déjà beaucoup donné à l’industrie forestière et à l’industrie hydro-électrique, estime Ève Tremblay. Il nous reste un beau 80 kilomètres, est-ce qu’on ne pourrait pas au moins garder ça intact ? »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Sur notre photo, les arbres bruns ont été attaqués par la tordeuse de l’épinette.

Le « prétexte » de l’épidémie

Il faut s’enfoncer dans la forêt, à la baie des Gardes, pour trouver pourquoi elle sera coupée.

Un tétras du Canada s’envole bruyamment, effarouché par les promeneurs, et se pose non loin d’un arbre moribond, qui affiche quelques trous d’insectes.

« Quand tu enlèves toute la forêt parce que tu as juste ça [qui est affecté] », critique l’ingénieure forestière Marie-Ève Desmarais.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Au centre de la photo, un trou laissé par la tordeuse du bourgeon de l’épinette

Du haut des airs, les arbres malades ou morts font des taches rouges ou grises dans la canopée verdoyante qui s’étend sur des kilomètres à la ronde, témoignant de la progression de l’épidémie de la tordeuse du bourgeon de l’épinette (TBE).

C’est elle qui justifie les coupes forestières dans le territoire convoité pour l’aire protégée de la rivière Péribonka, affirme le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).

Mais le petit insecte a le dos large, disent les écologistes, qui y voient plutôt un « prétexte » du gouvernement pour aller raser la forêt avant qu’elle ne soit protégée.

Récolter les arbres infestés avant qu’ils meurent évite d’avoir à couper des arbres sains ailleurs, affirme le directeur de la gestion des forêts du Saguenay–Lac-Saint-Jean au MFFP, Claude Bélanger.

L’important, c’est de ne pas perdre le volume [de bois destiné à l’industrie].

Claude Bélanger, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

C’est là « un détournement de la question », estime l’ingénieur forestier et biologiste Louis Bélanger, professeur à l’Université Laval et coprésident de la commission forêts de Nature Québec (aucun lien de parenté avec Claude Bélanger).

Dans une aire protégée, le bois ne serait de toute façon pas disponible pour la récolte, rappelle-t-il, et la tordeuse du bourgeon de l’épinette jouerait son rôle écologique.

« Une forêt affectée par l’épidémie de tordeuse, ça fait des éclaircies partielles et plein de bois mort qui devient une composante de la biodiversité », dit-il.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Photo du secteur de la baie des Gardes, avec ses quelques arbres morts ou infectés par la tordeuse du bourgeon de l’épinette

Ce type d’écosystème « super riche » est en train de se raréfier parce que le MFFP ordonne à l’industrie forestière de récolter les peuplements affectés en priorité, déplore-t-il.

On peut toujours faire une aire protégée dans un territoire qui a été coupé, mais c’est clair qu’ils dégradent l’intégrité écologique.

Louis Bélanger, ingénieur forestier et biologiste

Couper les arbres dans un secteur infesté « peut limiter la propagation de la TBE », a plaidé le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, dans un entretien avec La Presse au début du mois.

« Je ne sais pas d’où il a pu sortir ça, ce n’est pas basé sur la science », s’exclame Louis Bélanger, indiquant que cette approche, mise à l’épreuve dans les années 1970, s’est avérée infructueuse.

« On sait très bien que la propagation se fait par des nuages de papillons », qui peuvent même enjamber le golfe du Saint-Laurent, dit-il.

En laissant faire la nature, 60 à 70 % des arbres survivront à l’épidémie, ajoute Louis Bélanger, expliquant que la forêt mixte de la baie des Gardes compte selon le MFFP 38 % de sapin baumier, principale cible de la tordeuse du bourgeon de l’épinette (TBE), mais dont la mortalité n’atteint jamais 100 %.

Quant à l’épinette noire et à l’épinette blanche, qui comptent pour 27 % du peuplement forestier, « elles seront défoliées, mais ne mourront pas ».

Les 33 % de feuillus, eux, ne seront pas touchés.

Couper, reboiser… et couper encore ?

Après les coupes forestières suivra le reboisement, ce qui risque de nuire au projet d’aire protégée, puisque le ministère des Forêts voudra à nouveau couper dans le secteur dans quelques décennies afin de rentabiliser ses investissements, craint Alice-Anne Simard, de Nature Québec. Ces travaux sylvicoles, défrayés par l’État, coûteront cher aux contribuables, prévient l’ingénieure forestière Marie-Ève Desmarais, estimant leur coût à 6 millions de dollars, sans compter la facture pour l’aménagement des chemins forestiers, payés en quasi-totalité par le gouvernement. Car les redevances payées par les forestières, plus faibles lorsqu’il s’agit de bois malade, ne couvriront pas les coûts de ces travaux sylvicoles, calcule-t-elle.

PHOTO FRÉDÉRIC PLUMEY, COLLABORATION SPÉCIALE

Photo aérienne du secteur de la baie des Gardes, sur le territoire du projet d’aire protégée de la rivière Péribonka, au Saguenay–Lac-Saint-Jean

Refus mystérieux

La protection de la rivière Péribonka fait l’objet de discussions depuis près de 20 ans, dans la région ; un projet formel d’aire protégée de 500 km2 a été développé en 2011, avant d’être réduit à 246 km2 en 2015.

C’est cette version, issue de « concertation avec les acteurs du milieu », que soutient le ministère de l’Environnement, mais à laquelle s’est opposé le MFFP.

Questionné sur les raisons de ce refus, le directeur régional des forêts Claude Bélanger a renvoyé la question à la direction du Ministère, à Québec, qui a décliné les demandes d’entrevues de La Presse, affirmant qu’il s’agit d’un « dossier régional ».

« La proposition d’aire protégée de la rivière Péribonka ne fait pas consensus dans le milieu », a justifié par courriel un porte-parole du Ministère, Sylvain Carrier.

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a également refusé d’accorder une entrevue à La Presse.

Or, la direction régionale du MFFP ne s’est pas opposée au projet d’aire protégée, a-t-elle reconnu lors d’une rencontre de la table de gestion intégrée des ressources et du territoire (table GIRT), en février dernier, affirmant même ne pas savoir en fonction de quels critères le projet avait été écarté par la suite.

« Ça a été bloqué par les hautes instances du ministère des Forêts », affirme Alice-Anne Simard.

« Les hauts fonctionnaires du MFFP à Québec sont le problème, enchaîne Marie-Ève Desmarais. Le premier ministre se fait mal conseiller, ce qu’on lui dit ne tient pas la route. »

Marcher de l’Outaouais à Québec pour protéger les forêts

Un collectif citoyen entreprendra le 6 septembre une « grande marche pour la protection des forêts » pour demander au gouvernement de concrétiser les 83 projets d’aires protégées en terres publiques dans le sud du Québec qui ont été mis de côté en décembre dernier. Le collectif demande également la création d’un observatoire indépendant de la forêt, « dont la mission serait d’intégrer la science, les savoirs autochtones et les aspirations citoyennes dans la gestion [des] forêts ». Les marcheurs partiront de Ripon, en Outaouais, et arriveront à Québec le 16 octobre. La population est invitée à se joindre à eux « pour une heure, une journée ou plusieurs jours ».