(Moscou) Une importante fuite de pétrole s’est produite en mer Noire près de la ville portuaire russe de Novorossiïsk (Sud), plus de cent tonnes d’or noir ayant été déversées dans l’eau, selon le WWF qui a tiré une sonnette d’alarme mercredi.

Dans la foulée, les autorités russes ont annoncé une enquête pour pollution, le Parquet général ayant assuré qu’une inspection de la côte avait été organisée pour donner une « évaluation objective » de l’échelle du désastre.

Cette région compte plusieurs stations balnéaires, très populaires parmi les touristes russes.

La fuite a eu lieu le week-end dernier au terminal de Ioujnaïa Ozereïevka, non loin de Novorossiïsk, lors du chargement du pétrolier sous pavillon grec Minerva Symphony.

Lundi, le Caspian Pipeline Consortium (CPC) qui assure l’acheminement du pétrole de la mer de la Caspienne jusqu’à Novorossiïsk et contrôle ce terminal, a annoncé qu’environ douze mètres cubes de pétrole avaient été déversés sur une surface de 200 mètres carrés.

« La situation est revenue à la normale » dimanche matin et ne menace pas la population ou l’environnement locaux, a affirmé le consortium, détenu notamment par le géant pétrolier russe Rosneft, le groupe américain Chevron et la société italienne Eni.

Mais le Fonds mondial pour la nature (WWF) a assuré mercredi que la fuite était bien plus importante et pourrait gravement endommager l’environnement.

Selon l’ONG, qui a mis en place son propre système de monitoring des désastres écologiques, la nappe de pétrole était répandue dimanche sur une zone de 94 kilomètres carrés.

Cela veut dire qu’« au moins cent tonnes de pétrole et probablement même plus » ont été déversées en mer Noire, a affirmé le WWF dans un communiqué sur Facebook.

risques « accrus »

« Malgré un déploiement opérationnel des secouristes, le pétrole s’est répandu sur une zone colossale », a-t-il assuré, en mettant en garde contre des risques « accrus » d’un impact négatif sur les animaux marins.

Selon Alexeï Knijnikov, expert de la branche russe de WWF, la nappe de pétrole dérivait vers le Nord, en atteignant déjà le village d’Abraou-Diourso connu pour ses plages et ses vignes, et pourrait atteindre la réserve naturelle d’Utrish.

« Nous pouvons dire qu’il n’y a pas d’information objective sur l’échelle de la fuite de la part des autorités régulatrices », a-t-il déclaré à l’AFP.

L’Institut russe de recherche spatiale auprès de l’Académie russe des sciences a annoncé lui-aussi surveiller cette pollution, en estimant — des images satellites à l’appui — que la nappe de pétrole était répandue sur environ 80 kilomètres carrés.

« Si cette information correspond à la réalité, des ressources de poissons, des oiseaux et des écosystèmes marins dans la zone de la fuite seront menacés », a réagi Greenpeace dans un communiqué.

« La santé des gens, y compris des touristes, qui se retrouveront dans la zone de la pollution, est aussi en danger », a-t-il averti.

Pour sa part, le delphinarium d’Utrish, situé près de la station balnéaire d’Anapa (Sud) a indiqué mercredi avoir détecté à proximité des tâches de pétrole sur la surface de l’eau.

« Quand on met ses mains dans l’eau, la peau se couvre d’une couche graisseuse », a-t-il déclaré dans un communiqué sur Instagram.

Dans l’après-midi, les autorités russes ont assuré surveiller de près la situation.

La vice-première ministre russe Victoria Abramtchenko a ordonné à l’Agence russe de surveillance de l’environnement (Rosprirodnadzor) de donner son évaluation du désastre, cette dernière s’étant également engagée à évaluer le préjudice causé.  

Pour sa part, le ministre de l’Énergie, Nikolaï Choulguinov, s’est entretenu avec le PDG du CPC, Nikolaï Gorban, en soulignant la nécessité de « vérifier les informations sur l’échelle de la fuite ».

Fin mai 2020, 21 000 tonnes de carburant ont pollué plusieurs cours d’eau dans l’Arctique après l’affaissement d’un réservoir d’une filiale du géant minier Norilsk Nickel, causant une immense « marée rouge » visible depuis l’espace.