(Québec) Des groupes écologistes font front commun pour demander à Ottawa d’évaluer un mégaprojet d’exportation de gaz naturel qui passerait par le Québec pour aboutir en Nouvelle-Écosse.

En cas de refus, des écologistes évoquent déjà une poursuite contre le gouvernement fédéral.

Ce collectif d’organismes dont fait partie Greenpeace a écrit au ministre fédéral de l’Environnement, Jonathan Wilkinson, pour lui demander une évaluation environnementale complète du projet Goldboro LNG.

Le projet vise à construire une usine de liquéfaction de gaz naturel destiné à l’exportation et alimenter l’usine avec un pipeline de gaz de l’Ouest.

Selon les groupes écologistes, le promoteur du projet, Pieridae, cherche à se soustraire à une évaluation environnementale sous prétexte que deux évaluations avaient été menées en 2007 et 2012.

Or le collectif plaide que ce n’était pas du tout le même projet à cette époque. Le précédent projet consistait en un complexe pétrochimique qui importait du gaz, alors que le projet sur la table actuellement vise à exporter 10 millions de tonnes de gaz naturel par an.

Il exige donc un examen complet de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale et demande une réponse dans 90 jours.

« Ce serait un non-sens total que le gouvernement fédéral n’évalue pas ce projet », a affirmé le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, en entrevue vendredi avec La Presse Canadienne.

« Si ce projet va de l’avant, il va y avoir un pipeline qui va suivre par la suite et qui va traverser le Québec. »

La lettre a été rédigée par Ecojustice, un organisme spécialisé en droit de l’environnement, et transmise au ministre ainsi qu’à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale.

On y lit que « Goldboro ne peut aller de l’avant en toute légalité sans une évaluation environnementale fédérale ».

La décision de s’en remettre aux évaluations précédentes a été « prise derrière des portes closes », poursuit-on.

Ecojustice estime qu’il n’y a eu aucune évaluation fédérale valide du projet Goldboro.

Les avocats font aussi valoir qu’il y a eu des « changements substantiels » dans la compréhension des « impacts adverses potentiels » du projet sur les changements climatiques.

Enfin, selon l’organisme, le projet et ses impacts suscitent une « inquiétude significative » dans la population.

En outre, les craintes persistent quant à l’acheminement du gaz naturel par une canalisation qui traverse le Québec.

Environnement Vert Plus, un des organismes du front commun, soutient que le pipeline qui passe déjà dans cet axe au Québec est déjà utilisé au maximum de sa capacité, donc il faudrait une autre canalisation, voire une emprise plus large.

« Ça implique un paquet d’expropriations, la compagnie est très nébuleuse là-dessus, elle nous renvoie à TransCanada, c’est profondément irresponsable », a déploré Pascal Bergeron, d’Environnement Vert Plus.

Il a laissé entendre que si l’agence fédérale estime qu’elle n’a pas à entreprendre une évaluation environnementale, alors les organismes envisageront de s’adresser aux tribunaux.

La Presse Canadienne a demandé à Pieridae si elle estimait qu’une nouvelle évaluation environnementale était nécessaire et quels étaient les plans concernant la canalisation qui traverse le Québec, mais n’a pas obtenu de réponse.

Outre Greenpeace, les autres organismes écologistes qui font front commun sont Environnement Vert Plus, le Conseil des Canadiens, l’Alliance anti-gaz de schiste du Nouveau-Brunswick, le Sierra Club, Ecology Action Centre, Nova Scotia Fracking Resource and Action Coalition et Citizen’s Oil and Gas Council.