(Montréal) Les changements climatiques pourraient éventuellement avoir un impact sur l’approvisionnement en eau potable au Québec, a-t-on prévenu mercredi dans le cadre du 88e congrès de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas).

Une hausse des températures, des pluies extrêmes en fréquence et en intensité, une augmentation anticipée des niveaux de la mer, une multiplication des incendies de forêt et des sécheresses ne sont que quelques-unes des manifestations des changements climatiques qui pourraient avoir des répercussions sur l’eau potable au Québec, a expliqué le professeur Ianis Delpla, du Centre de recherche en aménagement et développement de l’Université Laval.

L’impact pourrait être particulièrement important sur les eaux de surface, qui fournissent 80 % de toute l’eau potable de la province. Un renforcement du cycle sécheresse/réhumidification pourrait être particulièrement inquiétant, puisqu’on sait qu’il favorise la décomposition de la matière organique et permet un plus grand lessivage vers les eaux de surface lors des épisodes de réhumidification.

« On peut aussi penser qu’un accroissement des tempêtes, des situations climatiques extrêmes, va avoir un impact sur l’infrastructure, en particulier sur la prise d’eau, le traitement et le réseau de distribution », a dit le professeur Delpla.

Les infrastructures pourraient ainsi être paralysées par des pannes électriques ou de communications, a-t-il précisé. Des épisodes de froid extrême pourraient voir les prises d’eau être bloquées par la glace.

L’impact des changements climatiques serait donc ressenti d’un bout à l’autre de la chaîne d’approvisionnement en eau potable, de la source jusqu’au robinet du consommateur.

Les combinaisons d’évènements extrêmes sont les plus inquiétantes, a ajouté le professeur Delpla, puisqu’elles sont les plus difficiles à prédire et qu’il peut être très complexe d’y réagir.

Les incendies de forêt qui ont brûlé près de Fort McMurray, en Alberta, en 2016, ont permis de constater l’impact qu’ont de tels incendies sur les cours d’eau avoisinants.

De même, les tragédies de Walkerton en 2000 et de Milwaukee en 1993 se sont produites après de fortes pluies, a rappelé M. Delpla. La première avait fait six morts et 54 personnes avaient perdu la vie lors de la seconde. Dans les deux cas, la qualité de l’eau potable était en cause.

Les pluies abondantes et la chaleur ou le froid extrêmes pourraient enfin avoir un impact sur l’efficacité du traitement et sur la qualité de l’eau traitée.