D’ici 2030, 65 % des autobus scolaires seront propulsés grâce à des moteurs électriques. C’est l’objectif fixé par le gouvernement du Québec, qui a annoncé vendredi une aide de 250 millions de dollars pour convertir le parc de véhicules québécois. Une nouvelle qui a été saluée par des fournisseurs québécois.

Le Québec compte actuellement un peu plus de 10 000 autobus scolaires, dont seulement 1 % roulent à l’électricité. D’ici la fin de l’année 2021, 800 véhicules au diesel seront remplacés par des autobus électriques, 1013 en 2022 et 779 en 2023. Québec s’est donné pour objectif de remplacer 100 % du parc scolaire d’ici 2035.

« C’est un défi industriel très important, très grand pour le Québec », a reconnu le ministre des Transports, François Bonnardel.

« Il y avait beaucoup de rumeurs. On n’avait pas les détails, mais c’est une grande nouvelle ! », a réagi Patrick Gervais, vice-président au marketing et aux communications chez Lion Électrique, un constructeur de véhicules lourds établi à Saint-Jérôme.

Cette aide s’inscrit dans le cadre de modifications prévues au Règlement sur les véhicules affectés au transport des élèves, qui fera en sorte que tout nouvel autobus scolaire devra être propulsé par l’électricité. Celles-ci entreront en vigueur à l’été.

Une réduction minime des émissions de GES

Si les investissements sont importants, les réductions des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui en découleront seront cependant négligeables, a reconnu le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette. La nouvelle mesure permettra de diminuer les émissions de GES de 800 000 tonnes, alors que tout le secteur des transports génère des émissions de CO2 de l’ordre de 34 millions de tonnes annuellement.

L’annonce s’inscrit cependant dans le cadre du Plan pour une économie verte, lequel mise notamment sur l’électrification des transports. Le gouvernement du Québec a déjà annoncé que la vente de véhicules neufs à essence sera interdite à compter de 2035.

Le secteur des transports en général représente 45 % des émissions de GES dans la province. Le transport routier à lui seul compte pour 35 %. « Nos émissions dans les transports handicapent notre bilan », a d’ailleurs admis Benoit Charette en conférence de presse.

Des retombées positives pour la filière électrique

Selon Patrick Gervais, de Lion Électrique, le plan de Québec pour les autobus scolaires aura de nombreuses retombées positives. « Quand le gouvernement fait des gestes comme ça, ça stimule beaucoup. On a tout un secteur, une filière électrique, qui se développe au Québec. »

Le programme annoncé permettra de réduire les coûts d’acquisition de véhicules électriques et les investissements nécessaires pour des infrastructures de recharge.

Actuellement, un autobus au diesel coûte 100 000 $ tandis qu’un modèle électrique représente un investissement de 300 000 $, a indiqué François Bonnardel.

La durée de vie d’un bus au diesel est d’environ 12 ans.

Dans l’éventualité où les fournisseurs québécois ne seraient pas en mesure de répondre à la demande, le gouvernement s’est dit prêt à importer des autobus électriques des États-Unis pour atteindre l’objectif d’avoir un parc presque entièrement électrique d’ici 2035.

Mais du côté de Lion Électrique, on croit être en mesure de répondre à la demande. « On produit 2500 véhicules électriques par année », signale Patrick Guay.

Un autre fournisseur québécois, Girardin Blue Bird, indique sur son site internet avoir déjà produit 400 autobus scolaires électriques et être en bonne voie d’atteindre son objectif de 1000 véhicules électriques avant la fin de 2021. L’entreprise n’a pas rappelé La Presse.

Un virage électrique

Un virage électrique a aussi commencé à la Société de transport de Montréal (STM), qui prévoit acheter seulement des autobus électriques à compter de 2025. La STM a déjà commandé 30 véhicules « à grande autonomie » à l’entreprise New Flyer de Winnipeg. Par ailleurs, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de 2,75 milliards il y a quelques semaines pour permettre aux municipalités et aux commissions scolaires au pays d’acquérir 5000 autobus électriques pour le transport urbain ou scolaire.

10 650

Nombre d’autobus scolaires en circulation au Québec

130

Nombre d’autobus scolaires à propulsion électrique en fonction

35 %

Le transport routier représente 35 % des émissions de gaz à effet de serre au Québec.