(Toronto) Les Canadiens devront encore patienter avant de connaître les intentions d’Ottawa concernant le développement de petits réacteurs nucléaires, considérés par les promoteurs comme essentiels à la lutte contre le réchauffement climatique.

À l’ouverture d’une conférence internationale virtuelle de deux jours, mercredi, le secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles a indiqué que le plan fédéral d’action, prévu à l’automne, sera lancé dans les prochaines semaines. « Nous y mettons toujours la touche finale », a déclaré Paul Lefebvre. « Le plan d’action est trop important pour être précipité. »

Les « petits réacteurs modulaires » (PRM) produisent moins d’énergie que les centrales nucléaires traditionnelles, mais ils sont plus flexibles dans leur déploiement. Alors que les réacteurs conventionnels produisent environ 800 mégawatts de puissance, les PRM peuvent fournir jusqu’à 300 mW.

Les promoteurs des PRM vantent leurs capacités à s’intégrer aux réseaux électriques réguliers et à être déployés dans des endroits éloignés, y compris des sites industriels et des collectivités nordiques. Ces petits réacteurs nucléaires pourraient également jouer un rôle dans la production d’hydrogène et le chauffage local.

« Les PRM nous permettront d’adopter une mesure audacieuse pour atteindre notre objectif de zéro émission nette d’ici 2050, tout en créant de bons emplois pour la classe moyenne et en renforçant notre avantage concurrentiel », a déclaré le député ontarien.

Bien que la production d’énergie nucléaire n’émette aucun gaz à effet de serre, les PRM font l’objet de critiques à cause des déchets radioactifs qu’ils produisent. Le gouvernement fédéral a d’ailleurs entamé cette semaine des consultations sur la façon de disposer de ces matières dangereuses.

Le Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois, le Parti vert et certaines organisations autochtones s’opposent au projet de développement de petits réacteurs modulaires. Ils préféreraient que le gouvernement canadien lutte contre les changements climatiques en investissant davantage dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

M. Lefebvre a toutefois plaidé mercredi que le marché mondial des PRM devrait valoir entre 150 et 300 milliards par an d’ici 2040. Comme le Canada est l’un des plus importants producteurs d’uranium au monde, il doit faire partie de la vague, pour des raisons économiques et environnementales, a soutenu le secrétaire parlementaire.

Joe McBrearty, directeur des Laboratoires nucléaires canadiens, a annoncé à cette conférence que la société avait signé cette semaine un accord avec Global First Power, d’Ottawa, pour une démonstration de PRM sur son site de Chalk River, dans l’est de l’Ontario. Un petit réacteur de démonstration permettra d’évaluer la viabilité globale de la technologie, a-t-il déclaré.

« Plus important encore, cela permet au public de voir le réacteur, de donner des coups de pied aux pneus, si l’on peut dire, et d’avoir confiance dans la sécurité de son fonctionnement. »