Une nouvelle étude australienne suggère qu’il pourrait y avoir 30 fois plus de plastique au fond des océans qu’en surface. Cependant, ces données ne tiennent pas compte de la hausse vertigineuse des plastiques à usage unique depuis le début de la pandémie. Tour d’horizon d’une problématique qui contribue également au réchauffement climatique.

Grande fosse à ordures ?

À partir de données recueillies au large des côtes australiennes au printemps 2017, une équipe de huit scientifiques a estimé que le fond des océans pourrait contenir au moins 14 millions de tonnes de plastique à l’échelle planétaire, soit possiblement 30 fois plus qu’à la surface. Pour arriver à ce chiffre, les chercheurs ont notamment comparé leurs données avec celles d’autres études sur le même sujet. En entrevue au quotidien The Guardian, la Dre Denise Hardesty, coauteure de l’étude publiée lundi, signale « qu’il faut s’assurer que les océans ne soient pas devenus une grande fosse à ordures ». Elle ajoute cependant que la grande majorité des plastiques se retrouvent possiblement le long des côtes, et donc sur terre.

> Pour consulter l’étude (en anglais)

Partout le plastique

Quelle quantité de plastique retrouve-t-on dans l’environnement et dans les décharges ? Cette question préoccupe de nombreux scientifiques. La réponse simple : il y en a beaucoup. Mais encore ? Un rapport rendu public la semaine dernière par l’organisation Oceana rappelle qu’il s’est produit 347 millions de tonnes de plastique à l’échelle mondiale en 2017. La mauvaise nouvelle, c’est que ce chiffre devrait doubler d’ici 2035. Il aura quadruplé en 2050. L’autre mauvaise nouvelle, c’est que seulement 9 % des plastiques produits à ce jour sur la planète ont été recyclés, selon une étude américaine publiée dans Science Advances en 2017. Douze pour cent des plastiques ont été incinérés et le reste, soit 79 %, s’est accumulé dans des décharges ou dans l’environnement.

> Pour lire l’étude américaine (en anglais)

Le Canada, mauvais élève ?

Dans son rapport Noyés dans le plastique, Oceana accuse le Canada d’être un mauvais élève. Le pays représente 0,4 % de la population mondiale, mais consomme 1,4 % du plastique produit chaque année, signale-t-on. Oceana demande au gouvernement canadien de s’attaquer au problème à la source puisque le recyclage ne semble pas constituer une solution viable. Un avis que partage Agnès Le Rouzic, chargée de la campagne Océans et plastique chez Greenpeace Canada. En 2016, 9 % des plastiques ont été recyclés au pays, 86 % ont pris le chemin de sites d’enfouissement, et le reste a été exporté dans d’autres pays. Le gouvernement Trudeau maintient que l’interdiction de certains plastiques à usage unique entrera en vigueur comme prévu en 2021.

> Pour lire le rapport d’Oceana 

Plastique et réchauffement climatique

Les conséquences néfastes du plastique sur l’environnement, la faune et la flore sont mieux connues du grand public. L’une dont on parle moins cependant, c’est le réchauffement climatique. En mai 2019, le Center for International Environmental Law (CIEL) a publié un rapport estimant que le plastique pourrait représenter entre 10 et 13 % des émissions de carbone en 2050. Rappelons que le plastique est généralement fabriqué à partir de combustibles fossiles. De sa fabrication jusqu’au déchet, le plastique envoie donc des émissions de carbone dans l’atmosphère. Une question qui demeure néanmoins sans réponse, c’est l’impact du… coronavirus. Selon The Economist, l’utilisation de plastiques jetables aurait augmenté de 250 à 300 % depuis le début de la pandémie aux États-Unis.

> Pour lire le résumé du rapport du CIEL 

Sources : The Guardian, The Economist, Science, Frontiers in Marine Science, Science Advances, Center for International Environmental Law et Oceana.

19 millions de tonnes

Des chercheurs ont estimé qu’entre 19 et 23 millions de tonnes de plastique ont été déversées dans des écosystèmes aquatiques (lacs, rivières et océans) en 2016.

8,5 millions de tonnes

Les océans seuls recevraient 8,5 millions de tonnes de plastique chaque année.