(Montréal) Un an après la manifestation du 27 septembre 2019 qui avait réuni des centaines de milliers de personnes au centre-ville de Montréal, une coalition de groupes militants s’est rassemblée dans les rues de la métropole à l’occasion de la journée mondiale de mobilisation climatique.

Vers 13 h, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à la Place du Canada, à l’intersection de la rue Peel et du boulevard René-Lévesque, pour entreprendre la manifestation qui s’est dirigée vers l’est sur la rue Sherbrooke. Une heure plus tard, ils étaient des milliers.

La pandémie semble avoir éclipsé la lutte aux changements climatiques, et les organisations militantes misent sur la convergence des luttes pour donner un nouveau souffle au mouvement.

La coalition demande l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2030, mais aussi la régularisation par les États canadien et québécois de toutes les personnes migrantes, la reconnaissance pleine et entière du droit des nations autochtones à l’autodétermination et le définancement, la démilitarisation et la décolonisation des services de police.

Pendant la manifestation, un groupe d’individus s’est mis à chanter « tout le monde déteste la police » devant des policiers qui les escortaient, l’ambiance détonnait de la marche de septembre 2019, à laquelle avait participé des foules d’enfants accompagnés de leurs professeurs.

Mathieu, un manifestant entouré par ses trois enfants en bas âge, n’est pas contre « cette convergence des luttes », même si elle risque d’aliéner certaines personnes, selon lui.

« Mais pour moi le principal enjeu, c’est, et ça va rester, la planète, les autres enjeux sont secondaires ».

Lylou Sehili, co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) ne croit pas que de réunir différentes contestations sociales dans un même mouvement nuisent à la mobilisation climatique.

« Il y a peut-être des gens qui vont avoir peur, mais ces causes vont de pair. Tout est relié, tout provient du même système d’oppression », a indiqué la porte-parole de la CEVES à La Presse Canadienne.

« Ces corps policiers fonctionnent selon les principes d’un état oppresseur, la colonisation faite sur les terres de la nation wet’suwet’en en Colombie-Britannique pour exploiter le pétrole, c’est la même oppression qui est présente dans le rapport du SPVM qui indique que les autochtones sont plus susceptibles d’être soumis à des interpellations policières », a précisé la jeune militante avant d’ajouter qu’il faut revoir le système dans sa globalité.

« On ne peut pas exclure la justice sociale de la lutte climatique », a-t-elle mentionné.

Les différents groupes militants réclament une transition sobre en carbone pour atteindre la carboneutralité d’ici 2030 et selon eux, cette transition ne peut inclure le projet d’usine de liquéfaction de GNL Québec, au Saguenay.

« C’est présentement la bataille urgente, parce que notre premier ministre a beau se draper de vert quand ça fait son affaire, ce qu’on constate c’est qu’il encourage fortement des projets qui vont annuler tous les efforts qu’on a pu faire au Québec ces dernières années et qui vont s’assurer que jamais on ne va atteindre nos cibles, qui sont déjà insuffisantes », a expliqué François Geoffroy, le co-porte-parole de La Planète s’invite au Parlement.

François Legault a souvent répété qu’il était ouvert à ce projet énergétique, qui selon lui est bon pour l’environnement et l’économie. Toutefois, il a refusé que le gouvernement s’implique seul dans son financement.

Manifester en anglais

Les discours qui ont précédé la manifestation ont été prononcés devant l’endroit où se trouvait il y a encore quelques semaines la statue de John A. Macdonald, à la place du Canada.

Des centaines de paires de souliers d’enfants avaient été placées devant le monument, pour faire référence à la menace que représentent les changements climatiques sur l’avenir.

Les discours d’ouverture étaient toutefois uniquement en anglais, une situation qui a laissé perplexe le chanteur Émile Bilodeau, qui participait à la manifestation.

« Je suis ici parce qu’il y a une relance économique qui doit se faire dans le respect du climat. Mais c’est vrai qu’il semble y avoir beaucoup de messages et je suis arrivé ici un peu mêlé. Je suis arrivé il y a trente minutes et ça me déçoit un peu de Montréal, il y a une belle jeunesse francophone qui est prête, qui a fait ses pancartes en français, mais j’ai confiance qui devrait avoir plus tard des discours en français un peu plus axés sur nos réalités » a indiqué l’artiste indépendantiste.

Questionné sur les discours qui ont précédé la manifestation, prononcés uniquement en anglais, François Geoffroy, co-porte-parole de La Planète s’invite au Parlement, a offert cette réponse :

« C’était comme ça parce qu’on voulait donner la parole aux personnes autochtones et de couleur en début de manifestation, mais la plupart des discours en fin de manifestation seront en français, la présence du français est importante pour nous. »

La très grande majorité des manifestants portaient un couvre-visage et les organisateurs soutiennent que les mesures sanitaires sont respectées.

« La COVID-19 est une situation de santé publique, mais les changements climatiques aussi », a indiqué Lylou Sehili, en précisant que des bénévoles « insistent vraiment sur le respect des mesures sanitaires ».