Après des mois de conflits internes, les députés de la commission parlementaire sur les pesticides ont finalement déposé leurs recommandations à l’Assemblée nationale, ce matin.

Réaliser une étude épidémiologique sur l’impact des pesticides sur la santé au Québec, renforcer le programme québécois de surveillance des résidus de pesticides dans les aliments, mieux informer les producteurs et travailleurs agricoles sur la prévention des risques pour la santé : voici certaines des mesures phares proposées mercredi matin.

Le rapport compte 32 recommandations sur lesquelles les 13 députés de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) se sont entendus unanimement hier, à la suite d’une séance de travail à huis clos.

La Commission sur les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement, qui avait été lancée dans la foulée de l’affaire Louis Robert, a reçu 76 mémoires dans lesquels plus de 700 recommandations avaient été proposées. Fin septembre, les parlementaires ont entendu 26 groupes lors d’une semaine d’audiences publiques.

Force est cependant de constater que l’une des réformes demandées par de nombreux groupes n’a pas été retenue par les parlementaires : celle de séparer le double rôle des agronomes qui vendent et prescrivent des pesticides.

Le rapport propose plutôt au gouvernement de « réviser le Code de déontologie des agronomes de manière à mieux encadrer son application, notamment en clarifiant la notion d’indépendance. »

Les membres de la CAPERN veulent par ailleurs que le ministère de la Santé et des Services sociaux réalise une étude épidémiologique sur l’impact des pesticides sur la santé ainsi que sur l’effet combiné des produits chimiques « pour clarifier la situation québécoise ». Québec va bientôt rouvrir la loi sur les maladies professionnelles, une première depuis 1985. Dans le cadre de cet exercice, les députés recommandent au gouvernement de tenir compte des résultats de cette grande étude lorsqu’ils vont réviser la liste des maladies professionnelles associées à l’utilisation des pesticides.

Les députés demandent aussi au ministère de l’Environnement de mettre à jour la liste des pesticides à usage restreint qui compte présentement cinq substances qui sont de moins en moins utilisées par les agriculteurs (et donc substituées par d’autres) : l’atrazine, le chlorpyrifos et trois néonicotinoïdes, ces fameux pesticides « tueurs d’abeilles ».

D’ailleurs, ils demandent au ministère de l’Environnement d’améliorer ses connaissances sur le déclin des pollinisateurs au Québec et lutter contre la cause de ce déclin.

Sur le plan de l’environnement, la CAPERN demande au gouvernement de rappeler aux municipalités et aux MRC de faire respecter l’application des bandes riveraines, cette zone tampon de 3 mètres qui sert à réduire l’écoulement des pesticides dans les cours d’eau. De l’aveu même des intervenants milieu agricole devant la commission, cette réglementation peine à être respectée par les agriculteurs.