Une petite centaine de militants ont investi les bureaux du ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault, en début d'après-midi vendredi, au centre-ville de Montréal, pour protester contre le mégaprojet d'exploitation de sables bitumineux Frontier, en Alberta.

« M. Guilbeault siège au cabinet des ministres : il a un rôle crucial à jouer pour que ce projet soit rejeté d’ici à la date butoir du 28 février prochain », ont-ils affirmé dans un communiqué.

Ces manifestants sont des membres de la nouvelle Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES), d'Extinction Rebellion Québec et de Greenpeace Canada.

Certains avaient revêtu des combinaisons orangées identiques à celle que portait Steven Guilbeault lors de son ascension de la tour du CN à Toronto, en 2001, alors qu'il était lui-même un militant de Greenpeace.

Ils voulaient ainsi lui rappeler « ses anciennes allégeances envers le climat », assénait le communiqué relayé par l'organisation, qui invite le ministre et député de Laurier—Sainte-Marie à s'opposer au projet de l'entreprise Teck Resources.

« La CEVES s’oppose à Teck parce qu’il constitue en lui-même le point de non-retour », a déclaré Albert Lalonde, co-porte-parole de la coalition étudiante.

« Il menace la sécurité de tous en rendant toxiques notre eau et notre air, en plus de violer les droits fondamentaux des communautés autochtones en première ligne », a-t-il ajouté.

S'il va de l'avant, Frontier deviendrait le plus grand projet de mines de sables bitumineux au pays, émettant plus de 6 millions de tonnes de gaz à effet de serre, rappelle Greenpeace.

« Nous demandons au Cabinet de rejeter Teck et d’assurer une transition juste vers les énergies propres et la création de nouveaux emplois durables pour les travailleurs du secteur pétrolier », a déclaré pour sa part Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada, le poste préalablement occupé par Steven Guilbeault.

Le ministre doit maintenant faire preuve du même courage qui l'animait quand il a grimpé dans la tour du CN « pour convaincre ses collègues qu’ils doivent rejeter Teck et choisir la jeunesse et l’avenir », a ajouté Patrick Bonin.

Rencontre lundi

Steven Guilbeault était absent de son bureau — il participait à une « discussion interactive » sur le drapeau canadien avec des élèves du secondaire au Centre des sciences de Montréal — mais il s'est entretenu au téléphone avec les manifestants.

« J’ai moi-même milité aux côtés de ces femmes et de ces hommes de nombreuses années et je salue leur engagement et leur pacifisme », a-t-il par la suite affirmé dans une déclaration transmise à La Presse.

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault.

Le ministre Guilbeault n'a cependant pas voulu faire de commentaire sur le « projet qui fait l’objet de l’action » qui s'est déroulée dans son bureau.

« Je ne commenterai pas un processus décisionnel confidentiel en cours au cabinet ministériel », a-t-il déclaré, rappelant qu'il essaie maintenant de « faire avancer les choses de l’intérieur » après avoir tenté pendant 25 ans de les influencer de l'extérieur.

Steven Guilbeault rencontrera néanmoins certains des manifestants, lundi, lors d’une rencontre avec des groupes de défense de l’environnement.

Les manifestants ont quitté les lieux de leur plein gré vers 16 h ; la police de Montréal, qui s'était rendue sur place, n'a procédé à aucune arrestation.