(Brasilia) Le président brésilien Jair Bolsonaro a qualifié jeudi Greenpeace de « déchet », une nouvelle attaque du dirigeant d’extrême droite envers les ONG qui jugent sa politique environnementale nocive pour l’Amazonie.

« Qui c’est Greenpeace ? C’est quoi cette saloperie qu’on appelle Greenpeace ? C’est un déchet », a lancé le chef de l’État à des journalistes à la sortie de son palais présidentiel à Brasilia.

« On s’y connaît en déchets », a réagi Greenpeace sur Twitter, avec un message affirmant que les bénévoles de l’ONG avaient « retiré ces trois dernières années plus de 90 tonnes de déchets qui polluaient notre planète ».

Dans un communiqué, Greenpeace a déploré par ailleurs le manque de « stature présidentielle » de M. Bolsonaro.

« Nous sommes présents au Brésil depuis 28 ans pour défendre l’environnement et nous collaborons d’ailleurs avec les autorités pour dénoncer les crimes environnementaux », a ajouté l’ONG.

Le président Bolsonaro s’en est pris à Greenpeace jeudi en raison de critiques de l’association au sujet de la refonte du Conseil de l’Amazonie.

« Ce conseil n’a pas de plan, d’objectif ou de budget. Il ne va pas annuler la politique anti-environnementale du gouvernement et n’a pas pour but de lutter contre la déforestation », avait affirmé mardi Greenpeace dans un communiqué.

Cet organe public fondé en 1995 pour coordonner les politiques du gouvernement liées aux territoires abritant la forêt amazonienne ne fonctionnait plus de fait depuis des années.

Le gouvernement Bolsonaro a décidé de le réactiver par décret mardi, en le plaçant sous la tutelle du vice-président, avec la participation de 14 ministères. Mais il a exclu les gouverneurs des États concernés, suscitant de nombreuses critiques.  

En 2019, première année de mandat de Jair Bolsonaro, la déforestation a augmenté de 85 % par rapport à 2018.  

PHOTO LEO CORREA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La recrudescence des incendies de forêt, notamment en août et septembre, a provoqué une forte émotion internationale, mais le président brésilien a considéré les critiques comme des menaces à la souveraineté du Brésil sur l’Amazonie.

« Il y a eu des incendies de forêt en Australie et personne n’a rien dit. Hier, le pape François a dit que l’Amazonie était à lui, qu’elle était à tout le monde. Le pape est argentin, mais Dieu est brésilien », a ironisé Bolsonaro jeudi.  

Mercredi, le souverain pontife a publié une « exhortation apostolique », intitulée « Querida Amazonia » (Chère Amazonie), dans laquelle il a défendu la préservation de la forêt vierge, accusant notamment les multinationales d’avoir « coupé les veines à notre Mère Terre ».

Greenpeace a déjà été dans le collimateur du gouvernement brésilien par le passé.  

En octobre, le ministre de l’Environnement Ricardo Salles avait insinué sur Twitter qu’un navire de l’ONG aurait pu avoir causé la marée noire qui a souillé plus de 2000 km de côtes brésiliennes.