(Québec) Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, s’attend à ce que les Québécois changent leurs comportements en matière d’achats de véhicules, mais hésite à leur jeter la pierre.

Il réagissait mardi au rapport de HEC Montréal sur l’état de l’énergie au Québec 2020, qui démontre que les tendances de consommation au Québec sont contraires aux objectifs énergétiques et de réduction de gaz à effet de serre (GES).

Par exemple, les Québécois consomment toujours plus de produits pétroliers et achètent de plus en plus de véhicules utilitaires sport (VUS), ont noté les auteurs Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau.

Le Québec est aussi la province où les ventes d’électricité par personne sont parmi les plus importantes.

Jonatan Julien ne blâme pas les Québécois, qui sont « conscients » des défis, selon lui. C’est parce que l’économie « va très bien » qu’ils « utilisent des véhicules plus énergivores », a-t-il expliqué, mardi, à son arrivée à la rencontre du conseil des ministres.

Il reconnaît cependant que le Québec a « un besoin de changement de comportements ».

Un demi-million de personnes ont manifesté pour l’environnement à Montréal en septembre dernier, et près de 300 000 personnes ont signé le Pacte sur la transition lancé par Dominic Champagne.

Loin d’être « découragé » devant les contradictions des électeurs, le ministre affirme que son gouvernement est prêt à « redoubler d’efforts », notamment en matière d’électrification des transports.

« L’action gouvernementale doit être conséquente et continue, a déclaré M. Julien en mêlée de presse. Les résultats tardent à venir, mais ce sont des résultats qu’on va obtenir de façon exponentielle. »

Il veut qu’un million de véhicules électriques soient sur les routes du Québec en 2030, ce qui représenterait 20 % du parc automobile. Aujourd’hui, ce sont seulement 1,3 % des véhicules qui sont électriques, a-t-il dit.

« Des changements de comportements, comment on peut y arriver ? C’est les actions gouvernementales, a-t-il poursuivi. Il va falloir qu’il y ait des actions supérieures, parce que nous, on a des objectifs ambitieux. »

Depuis 2012, les ventes de camions – une catégorie qui comprend les minifourgonnettes, les VUS et les camionnettes – ont augmenté chaque année au Québec. De 182 465 unités en 2012, elles ont grimpé à 294 491 unités en 2018, une augmentation de 61 %.

Même si elles consomment en moyenne 20 % moins de carburant, les voitures sont quant à elles de moins en moins populaires, comme en témoigne une baisse de 31 % des unités vendues entre 2012 et 2018.

Dans leur rapport, Mme Whitmore et M. Pineau soulignent également que les Québécois « n’ont pas manqué d’argent » pour se procurer des camions légers. Les sommes qu’ils ont consacrées à ces achats ont augmenté de 94 %, soit de 6,7 milliards à 13,0 milliards.

Les auteurs suggèrent la mise en place rapide de nouvelles mesures pour réduire la consommation de produits pétroliers, telles qu’une taxe kilométrique, des plateformes numériques de covoiturage, ainsi que des incitatifs pour les véhicules en libre-service.

« Si la tendance des six dernières années se maintient, les ventes totales de produits pétroliers en 2030 seront de 32 % plus élevées qu’en 2013, alors que la cible est de-40 % par rapport à 2013 », précisent-ils dans le document.