(Québec) Mécontents de leur rencontre récente avec le cabinet du ministre de l’Environnement, les étudiants lancent une nouvelle offensive contre le projet de terminal méthanier GNL Québec.

Des associations représentant plus de 255 000 étudiants veulent empêcher que ce « danger pour la crise climatique et pour l’environnement » se réalise.

Selon ce qu’a appris La Presse canadienne, elles contacteront les députés de l’Assemblée nationale pour les rencontrer et les forcer à se positionner contre ce mégaprojet de gazoduc et d’usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay.

« Assez ! »

« C’est assez ! a déclaré le porte-parole de la Coalition étudiante Arrêtons GNL, Simon Guiroy, dans une entrevue téléphonique diffusée dimanche. Il faut que les députés représentent leurs commettants et s’opposent à ce projet. »

PHOTO, FRÉDÉRIC MATTE, ARCHIVES LE SOLEIL

Le député péquiste Sylvain Gaudreault, la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé et la députée solidaire Ruba Ghazal ont participé à une manifestation contre le projet GNL Québec devant l'Assemblée nationale, le 8 décembre.

Cette « pression politique supplémentaire à grande échelle est nécessaire », a-t-il poursuivi, à la suite d’une première phase où les étudiants ont pris part en grand nombre aux consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), l’automne dernier.

Les représentants de la coalition sont déçus de n’avoir pu rencontrer le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, la semaine dernière, mais ils ont pu s’entretenir avec la directrice adjointe de son cabinet.

« Ils sont ouverts à la discussion, mais pour se positionner, ils sont fermés, a relaté M. Guiroy. On juge que c’est inacceptable. »

Incohérence

Le gouvernement caquiste maintient qu’il attend le rapport du BAPE pour trancher, « mais dans les faits, il y a une incohérence », a dénoncé M. Guiroy.

D’une part, 91 % des mémoires déposés au BAPE sont contre le projet, a-t-il argué. « L’expression [de l’opinion] citoyenne est claire, les gens sont contre », a-t-il dit, en évoquant aussi le tout récent sondage Léger selon lequel 46 % des répondants sont contre le projet et 34 % pour.

D’autre part, le premier ministre François Legault lui-même a répété à plusieurs reprises qu’il était en faveur du projet, regrette la coalition.

M. Legault reprend notamment un des arguments du promoteur, selon lequel l’exportation de ce gaz naturel issu des sables bitumineux de l’Alberta allait servir à remplacer des énergies plus polluantes comme le charbon dans d’autres pays.

L’argument a été réfuté par des scientifiques qui concluent entre autres que le gaz naturel fera ainsi concurrence aux énergies renouvelables et retardera ainsi la transition vers une économie dépolluée, neutre en carbone.

En Chambre la semaine dernière, le premier ministre a reconnu que GNL Québec était un « grand défi », en rappelant que le financement requis pour lancer le projet est de 10 milliards. Dans les faits, de hauts dirigeants ont quitté le navire et le montage financier est loin d’être assuré.

Le gouvernement a par ailleurs toujours indiqué que l’acceptabilité sociale était une condition nécessaire à la réalisation de ce projet.

Les partisans du projet affirment quant à eux que 85 % de la population de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est « favorable » ou « potentiellement favorable » au projet, en citant un sondage Segma réalisé en septembre et financé par le promoteur du projet, Énergie Saguenay.

« Le vent dans les voiles »

« Je suis convaincu qu’on a le vent dans les voiles, a conclu Simon Guiroy, qui estime que la mobilisation finira par torpiller le projet. Par contre, on ne doit pas cesser la lutte. »

La coalition étudiante invite aussi la population à contacter les députés et à faire aussi pression sur eux.

Le projet GNL Québec consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz naturel de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) à l’étranger par bateau.

Sur le cycle complet du projet, de l’extraction du gaz à sa liquéfaction au Saguenay, le projet émettrait près de 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, donc il annulerait en un an tous les efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) du Québec depuis 1990.

Également, on s’inquiète de la hausse considérable du trafic maritime dans le fjord du Saguenay, qui nuirait à la population de mammifères marins déjà à risque.

Le BAPE a conclu ses audiences cet automne au Saguenay et son rapport est attendu au début de la prochaine année.

La Coalition étudiante Arrêtons GNL est constituée de plusieurs associations : l’Union étudiante du Québec, la Fédération étudiante collégiale du Québec, le Mouvement des associations générales étudiantes de l’UQAC, la Confédération des associations étudiantes de l’Université Laval, la Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke, l’Association étudiante de l’ÉTS, l’Association générale étudiante de l’UQTR, l’Association générale étudiante du campus de Rimouski de l’UQAR, l’Association facultaire étudiante de langues et communication de l’UQAM, l’Association générale des étudiants du collège Laflèche, et l’Association des étudiants du cégep de Jonquière.