(Québec) Le gouvernement Legault refuse de tirer un trait sur le projet de terminal méthanier GNL-Québec à Saguenay, même si le projet a du plomb dans l’aile.

Une coalition de groupes écologistes a présenté mardi matin une pétition de 110 000 signatures contre le GNL-Québec, ce qui soulève des doutes sur son acceptabilité sociale — pourtant une des exigences fixées par le gouvernement pour donner son aval.

Les caquistes ont néanmoins rejeté une motion du Parti québécois qui demandait au gouvernement de « renoncer à financer et à appuyer publiquement le projet GNL ».

Le premier ministre François Legault, qui avait exprimé à plusieurs reprises auparavant son appui à ce vaste chantier, a évoqué mardi un « grand défi », en rappelant que le financement requis pour lancer le projet est de 10 milliards.

Mais il n’a pas lancé la serviette et il attend le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) avant de se prononcer.

« Le premier ministre va-t-il avoir l’humilité d’admettre qu’il s’est trompé et va-t-il reconnaître que GNL-Québec, c’est mort ? » a demandé la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, en rappelant que des hauts dirigeants avaient quitté le navire et que des financiers s’étaient retirés.

« GNL-Québec, c’est incompatible avec la lutte aux changements climatiques. On n’a pas besoin du BAPE pour savoir ça. »

« J’ai confiance au BAPE, a affirmé M. Legault. On va attendre d’avoir le rapport du BAPE puis après on tirera les bonnes conclusions. »

Il a plaidé l’argument du promoteur, c’est-à-dire que le gaz naturel ainsi exporté servira d’énergie de transition ailleurs dans le monde pour éviter de recourir au charbon.

Les groupes environnementaux estiment que le fort appui à la pétition « est une preuve de plus que le projet ne bénéficie d’aucune acceptabilité sociale ».

« C’est une preuve de la mobilisation contre GNL-Québec », a affirmé le co-porte-parole de la Coalition Fjord, Adrien Guibert-Barthez, en entrevue mardi avec La Presse Canadienne.

Son organisme a fait front commun avec plusieurs autres, dont Greenpeace, pour faire circuler la pétition, parce que selon eux, le projet menace l’écosystème du fjord du Saguenay.

« Si le gouvernement dit oui au projet, on s’attend à ce qu’il y ait une levée de boucliers énorme partout au Québec parce que ça n’aurait aucun sens, a dit M. Guibert-Barthez. Ça mettrait le feu aux poudres, parce que les gens s’inquiètent des changements climatiques, alors que ce projet ne fait qu’accentuer l’augmentation des gaz à effet de serre (GES). »

Le projet GNL-Québec consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz naturel de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) à l’étranger par bateau.

Selon les groupes environnementaux, les députés québécois ne peuvent pas reconnaître l’urgence climatique d’une part et, d’autre part, appuyer ce projet « qui serait un désastre pour le climat ».

Selon un sondage commandé par des groupes environnementaux, près de la moitié des Québécois rejette le projet.

L’enquête de Léger publiée la semaine dernière révèle que 46 % des Québécois se montrent défavorables au projet, contre 34 % qui l’appuient. Plus d’un Québécois sur deux serait contre un investissement financier du gouvernement.

Le premier ministre François Legault a souvent exprimé son appui au projet, tout en ajoutant qu’il devait passer le test de l’acceptabilité sociale. Sa ministre du Développement régional, Marie-Eve Proulx, était allée un peu plus loin en affirmant que « tout le monde est d’avis que le projet peut apporter énormément pour l’économie des régions ».

Interrogé sur le sujet la semaine dernière, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a assuré que le gouvernement ne travaillait pas sur ce projet actuellement.

« Le gouvernement a mis zéro sou dans le projet, il ne fait aucun effort présentement. […] Il n’y a rien qui se passe présentement de la part du gouvernement avec le projet de GNL-Québec », avait-il déclaré.