Même si les émissions de gaz à effet de serre ont diminué depuis le début de cette pandémie, celle-ci n’aura aucun effet sur le réchauffement du climat et ses nombreux bouleversements. C’est l’avertissement qu’a donné lundi l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le point sur l’autre courbe que l’humanité doit aplatir.

Un bulletin qui n’est pas rassurant

Le plus récent bulletin sur les gaz à effet de serre (GES) de l’OMM n’est guère rassurant. La hausse des GES se poursuit inlassablement. Le document signale que les niveaux de dioxyde de carbone ont « brutalement » augmenté en 2019, dépassant le niveau de 410 parties par million (ppm). Cette hausse a continué en 2020. Rappelons que le seuil des 400 ppm a été franchi en 2015. Depuis 1750, au début de la révolution industrielle, ces concentrations ont augmenté de 148 %. Bref, Homo sapiens a véritablement commencé à influencer le climat il y a plus ou moins 270 ans.

Une citation pour comprendre

« Le dioxyde de carbone demeure pendant des siècles dans l’atmosphère et encore plus longtemps dans les océans. La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a de 3 à 5 millions d’années : la température était alors de 2 à 3 °C plus élevée qu’aujourd’hui et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel, mais nous n’étions pas 7,7 milliards. » Ce sont les mots du secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. Il aurait pu ajouter que l’humain ne foulait tout simplement pas la surface de la planète à cette époque.

CO2 : émissions en baisse, concentration en hausse

À la fin de l’année 2020, le ralentissement économique causé par l’épidémie de coronavirus aura bel et bien entraîné une baisse des émissions de CO2 à l’échelle de la planète. Celle-ci serait de l’ordre de 4,2 à 7,5 %, estiment les chercheurs du Projet mondial sur le carbone. Sauf que cette baisse ne changera rien à la concentration de CO2 dans l’atmosphère, qui continuera d’augmenter. On devrait constater tout au plus une hausse des concentrations un peu moins élevée, de l’ordre de moins de 1 ppm. Cette augmentation est l’équivalent de la variabilité naturelle d’une année à l’autre dans les concentrations de CO2. « La baisse des émissions liée au confinement ne représente qu’un petit point sur la courbe à long terme. Or, nous devons aplatir cette dernière de façon durable », précise M. Taalas.

La tendance se maintient

Les plus récents relevés montrent bien que la pandémie n’aura eu qu’un infime impact sur le climat. Ces relevés se font à partir de plusieurs points du globe. En septembre 2020, la concentration de CO2 était de 411 ppm à la station de Mauna Loa, à Hawaii. On a aussi observé une hausse (410,8) à Cape Grim, en Australie. C’est sans compter le méthane, considéré comme une bombe à retardement par les scientifiques. L’effet de réchauffement de ce gaz est 28 fois plus puissant que le CO2 sur un horizon de 100 ans. Les chercheurs s’inquiètent d’une hausse brutale des émissions de méthane en raison de la fonte des glaciers et du pergélisol, ces sols gelés en permanence, qui contiennent de grandes quantités de méthane.

Voyez des images des conséquences des changements climatiques sur le site de la NASA