(Montréal) Jusqu’à 125 000 milliards de particules de microplastique pourraient flotter à la surface des océans de la planète, suggère une étude britanno-américaine publiée au printemps.

Et on parle seulement dans ce cas de ce qui flotte à la surface des océans et non de ce qui se retrouve sur les fonds marins ou ailleurs dans l’environnement. Une autre étude, celle-là dévoilée il y a quelques jours, a détecté la présence de microplastiques tout près du sommet du mont Everest.

Les travaux d’un chercheur de la relève de l’Université McGill pourraient bientôt permettre de combattre ce fléau plus efficacement.

« Les traitements qu’on dit “classiques” font déjà un bon travail en enlevant environ 90 % des plastiques dans les eaux (usées), mais il y a énormément de plastiques dans ces eaux-là, a dit l’étudiant postdoctoral Mathieu Lapointe. On peut trouver des millions ou des milliards de ces plastiques-là dans les eaux. Si on en enlève 90 %, il en reste encore qui vont se diriger (vers les cours d’eau). »

Les eaux usées sont un vecteur important de transport des microplastiques vers l’environnement, poursuit M. Lapointe, qui travaille sous la supervision de la professeure Nathalie Tufenkji du département de génie chimique de McGill. Les microplastiques peuvent par exemple se détacher de nos vêtements lors de la lessive et entrer dans l’environnement.

M. Lapointe a donc eu l’idée de tester une forme de chlorhydrate d’aluminium pour améliorer l’efficacité du traitement des eaux.

En adaptant de surcroit les conditions physico-chimiques dans lesquelles ce produit — un coagulant avancé dont la chimie moléculaire et les mécanismes intrinsèques sont bien connus — est utilisé, comme le pH de l’eau, ils ont obtenu des résultats impressionnants.

« Quand on fait ça, on a un très bon abattement des microplastiques, jusqu’à 99 % », a dit M. Lapointe.

Cette découverte a valu au jeune chercheur de 33 ans d’être honoré cette année du Prix Mitacs pour innovation exceptionnelle — Postdoctorat. Mitacs est un organisme sans but lucratif qui favorise la croissance et l’innovation au Canada. Un seul étudiant postdoctoral reçoit ce prix chaque année.

La forme de chlorhydrate d’aluminium utilisée dans ses travaux est déjà utilisée dans le traitement des eaux. Elle est actuellement mise en marché à l’international par Kemira Water Solutions.

En agissant sur la charge électrique habituellement négative des microplastiques, le chlorhydrate d’aluminium permet d’agréger les contaminants en particules plus grosses qui chuteront au fond des bassins de traitement.

« On a remarqué que les produits chimiques actuellement utilisés peuvent parfois laisser derrière certains microplastiques parce que ces produits-là n’ont pas été conçus et sélectionnés pour spécifiquement s’agréger sur les microplastiques, a dit M. Lapointe. Comme c’est un contaminant émergent, on n’a pas fait nos infrastructures en fonction de ça. »

Tout fragment de plastique mesurant moins de cinq millimètres constitue un microplastique, selon les normes de la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis.

Cela veut donc dire que les microplastiques ont une taille comparable aux zooplanctons dont se nourrissent plusieurs animaux marins. Ils pourraient même être plus nombreux que le zooplancton en certains endroits et s’accumuler dans la chaîne alimentaire.

Leur impact sur la santé humaine n’est pas encore connu, mais ils se retrouvent dans une multitude de produits de consommation courante.

Peut-on maintenant s’attendre à ce que la découverte de M. Lapointe vienne optimiser l’efficacité des usines de filtration des eaux usées à capturer les microplastiques ?

« Ça dépendra beaucoup du gouvernement, a conclu M. Lapointe. La sévérité des normes est dictée par les instances gouvernementales. Ce sont eux qui dictent les règles du jeu. Pour l’instant, il n’y a pas de normes à l’égard des microplastiques. »