(Ottawa) Plusieurs ministres fédéraux voient en Joe Biden, le président désigné des États-Unis, un allié dans la lutte contre les changements climatiques.

Jonathan Wilkinson (Environnement) et Catherine McKenna (Infrastructure) font partie de ceux qui ont précisément mentionné la question des changements climatiques en saluant la victoire du candidat démocrate.

Mme McKenna, qui a été auparavant la ministre de l’Environnement, a lancé une flèche contre l’administration Trump en décrivant les quatre dernières années comme un long chemin en matière de lutte contre les changements climatiques.

Une des promesses de Joe Biden est de réintégrer les États-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat dès son installation à la Maison-Blanche.

M. Wilkinson a écrit que « le Canada est prêt à travailler avec les États-Unis pour créer de bons emplois pour les citoyens des deux côtés de la frontière tout en prenant des mesures ambitieuses pour faire face à la crise climatique ».

Selon les experts, cet enthousiasme des ministres pour le programme environnemental de Joe Bien est bien fondé. Cela pourrait même stimuler les efforts du gouvernement fédéral qui aimerait agir plus rapidement sur cette question.

Au cours des quatre dernières années, le Canada a dû parfois freiner ses propres ambitions pour tenir compte que les entreprises américaines étaient confrontées à une réglementation environnementale moins stricte et des politiques fiscales moins lourdes.

Selon Blair Feltmate, qui a dirigé le groupe d’experts du gouvernement canadien sur l’adaptation aux changements climatiques, l’élection de M. Biden devrait donner un coup de pouce aux propres projets du gouvernement Trudeau d’établir une économie plus verte.

Les deux pays pourront mieux collaborer en matière d’infrastructures, de réglementation et de déploiement de technologies et d’énergie plus vertes.

« Pour le Canada, l’élection de Biden souligne que nous nous sommes dirigés dans la bonne direction dans le dossier climatique. La vitesse à laquelle nous nous déployons n’a pas toujours été adéquate », souligne M. Feltmate, qui dirige le Centre Intact sur l’adaptation au climat de l’Université de Waterloo.

Sara Hastings-Simon, membre du groupe d’experts sur la croissance propre de l’Institut canadien pour les choix climatiques, croit que l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche permettra de remettre les changements climatiques « sur la scène principale ».

« L’une des choses qui vont changer aux États-Unis, et cela aura un impact sur le Canada, c’est que le climat sera intégré à la politique économique dans toutes les dimensions, avance-t-elle. Cela crée vraiment une urgence pour le Canada de ne pas prendre de retard. »

Pourtant, l’élection de Joe Biden devrait également poser un autre défi au secteur pétrolier et gazier canadien, le président désigné ayant indiqué qu’il prévoyait abandonner le projet d’oléoduc Keystone.

Dimanche, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs a fait référence aux exportations d’énergie canadienne vers les États-Unis ainsi qu’au différend sur le bois d’œuvre en félicitant M. Biden.

« Le Nouveau-Brunswick entretient des relations commerciales importantes avec les États-Unis, a fait savoir M. Higgs. Nous leur fournissons également des volumes importants de bois et d’autres produits forestiers, dont l’exportation a été entravée par un conflit injustifié sur le bois d’œuvre résineux. »

Dans une entrevue diffusée dimanche, le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a indiqué que Keystone et les exportations énergétiques vers les États-Unis demeuraient une priorité absolue pour le gouvernement libéral.

« Nous allons faire valoir notre point de vue, en disant que le Canada est le fournisseur d’énergie le plus fiable des États-Unis. C’est vrai pour Keystone XL. C’est vrai pour l’électricité sur la côte Est. »