Des écologistes pressent Québec de suspendre les activités du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) dans le dossier Énergie Saguenay de GNL Québec, et ce jusqu’à ce que les mesures sanitaires soient levées. Ils craignent que la tenue du processus « en mode numérique », tel qu’annoncé par le gouvernement vendredi, laissera bon nombre de citoyens pour compte.

« La participation en présence rajoute beaucoup à la compréhension des enjeux, ne serait-ce que pour l’aspect question-réponses qui est beaucoup plus direct », explique le co-porte-parole de la Coalition Fjord, Adrien Guibert-Barthez.

Son groupe est l’un des nombreux acteurs communautaires qui suivent de près les audiences du BAPE depuis quelques semaines. « Tous les citoyens qui ont de la difficulté avec les nouvelles technologies seront forcément laissés pour compte, s’inquiète M. Guibert-Barthez. On peut penser aux personnes âgées, mais aussi aux gens qui ont moins accès à Internet en région, comme c’est le cas au Saguenay-Lac-Saint-Jean. »

Il affirme que les derniers essais en virtuel du BAPE se sont révélés très pénibles pour plusieurs. « S’il y a un problème de son, par exemple, on arrive à peine à comprendre ce que disent les experts, ce qui rend leur participation inutile, au final », dénonce le co-porte-parole.

En mars, alors que les mesures de confinement gagnaient le Québec, la première phase de ces audiences publiques avait été suspendue, puis reportée. Elle a finalement commencé le 21 septembre, avec six mois de retard sur l'échéancier initial.

Priorité aux consignes sanitaires

Dans une déclaration, la Commission d’enquête du BAPE, est toutefois catégorique. « Considérant les récents changements relatifs à la situation entourant la COVID-19 et les mesures applicables », on préfère ne pas tenir de rassemblements et, surtout, éviter les déplacements d’une zone à l’autre.

Le cabinet du ministre de l'Environnement, Benoit Charrette, rappelle de son côté que le Bureau d'audiences publiques en environnement est un organisme 100% indépendant. « En tout respect de cette indépendance, nous n’intervenons pas dans son mode de fonctionnement », dit l'attachée de presse, Geneviève Richard.

Plus tôt, vendredi, le premier ministre François Legault a de nouveau imploré les Québécois de réduire leurs contacts sociaux pendant le mois d'octobre. « C’est une question de vie ou de mort », a-t-il dit. Son gouvernement doit d’ailleurs annoncer lundi de nouvelles règles plus contraignantes au sujet des écoles et du sport, afin de réduire la progression du virus.

Chose certaine : les participants aux audiences « pourront présenter leur mémoire à distance, par visioconférence ou par téléphone », assure la commission. À compter du 26 octobre, toutes les séances seront diffusées sur le site web du Bureau d’audiences publiques, ainsi que sur sa page Facebook.

Jusqu’ici, neuf séances publiques ont déjà été tenues pour un total de « 33 heures d’échanges » avec une centaine d’intervenants. Plus de 400 personnes ont également assisté aux présentations en salle. Sur le Web, un peu plus de 3200 visionnements ont été enregistrés. Enfin, 928 questions écrites ont été acheminées aux experts, en plus de 245 avis d’intention de déposer un mémoire, en vue de la deuxième phase d’audiences.