(Paris) La fonte de la calotte glaciaire du Groenland va causer une augmentation du niveau des mers plus importante au XXIe siècle que lors d’aucun autre siècle depuis 12 000 ans, même si le réchauffement de la planète est contenu, selon une étude publiée mercredi.

Cette étude parue dans la revue Nature, basée sur des échantillons de glace et des modèles, reconstruit pour la première fois l’histoire de la fonte des glaces de cette calotte pendant tout l’Holocène, époque géologique commencée il y a 11 700 ans.

Elle conclut aussi que si les émissions de gaz à effet de serre continuent au même rythme, la couche de glace de plusieurs kilomètres pourrait se réduire de 36 000 milliards de tonnes entre 2000 et 2100, suffisamment pour rehausser les océans de 10 cm.

Jusqu’à la fin des années 1990, cette couche de glace gagnait en gros autant de masse grâce aux chutes de neige qu’elle en perdait l’été avec l’effondrement des glaciers et la fonte de la glace.

Mais cet équilibre a été rompu par l’accélération du changement climatique.

L’année dernière, la calotte du Groenland a perdu plus de 500 milliards de tonnes — un record depuis le début des données satellites en 1978 —, contribuant pour 40 % à la montée du niveau de la mer en 2019.

Et à moins que l’humanité ne réduise radicalement les émissions de gaz à effet de serre, cela pourrait devenir « la nouvelle normalité », a indiqué l’auteur principal Jason Briner, de l’Université américaine de Buffalo.

« Quelles que soient les futures émissions de CO2, la calotte du Groenland perdra plus de glace lors de ce siècle que pendant les périodes les plus chaudes des 12 000 dernières années », a-t-il déclaré à l’AFP, notant malgré tout avec espoir que l’humanité peut influencer l’avenir du Groenland.

La calotte contient en théorie assez d’eau pour faire monter les océans de 7 mètres mais une fonte totale prendrait des centaines voire des milliers d’années.

En revanche, même une élévation des océans de quelques dizaines de centimètres a déjà un potentiel dévastateur pour les zones côtières de la planète.

La chronologie sur 12 000 ans reconstituée par cette étude, qui a nécessité cinq années de travail, permet de séparer les fluctuations naturelles de la masse de glace, de l’impact du changement climatique provoqué par l’Homme.

Limiter ce réchauffement à +2 °C par rapport à l’ère industrielle, objectif minimal de l’Accord de Paris, permettrait de réduire à 2 cm la contribution de la calotte glaciaire à la hausse du niveau des mers d’ici la fin siècle. Mais cette hausse se poursuivrait inexorablement les siècles suivants.

« Sans aucun doute, nous verrons une augmentation du niveau des océans pendant ce siècle. Mais sans changement de trajectoire maintenant, cette hausse va bouleverser la vie sur presque toute la planète », a souligné Jason Briner.

Au siècle dernier, l’élévation du niveau des mers était principalement liée à la fonte des glaciers et à l’expansion de l’eau de mer qui se réchauffe, mais ces 20 dernières années, les calottes du Groenland et de l’Antarctique sont devenues la cause principale.