Pendant des semaines, il n’a été question que de COVID-19. Mais de quoi aurions-nous parlé s’il n’y avait pas eu de pandémie ? se sont demandé nos journalistes. Coup d’œil sur ces nouvelles d’actualité victimes de l’éclipse médiatique.

On en parlait depuis 2017, et après des mois de préparation, les travaux de construction du premier parc solaire du Québec allaient enfin commencer. C’était en mars dernier.

Rien n’a bougé sur le terrain grand comme 28 terrains de football situé à La Prairie, en Montérégie, jusqu’au 11 mai. Ce jour-là, le Québec déplorait 158 décès supplémentaires dus à la COVID-19 et la pandémie ne donnait aucun signe de répit. Les travaux de construction du parc solaire ont commencé, comme dans les autres grands chantiers du Québec où l’activité pouvait enfin reprendre, trois semaines après les chantiers résidentiels.

Le projet en cours est beaucoup plus modeste que ce qui avait été annoncé par le président d’Hydro-Québec, Éric Martel, il y a trois ans. Plutôt que 100 mégawatts, ce sont 10 mégawatts d’énergie solaire qui seront intégrés au réseau d’Hydro-Québec.

Josée Pilon, chef de projet, Développement chez Hydro-Québec, explique. « On veut répondre à la question : est-ce que c’est possible de faire du solaire au Québec ? Pas parce qu’on manque d’énergie, mais pour comprendre comment ça marche. Avoir l’expertise. Quand on aura besoin d’énergie supplémentaire, il faudra décider si on construit d’autres centrales avec réservoirs, un parc solaire ou une combinaison des deux. »

Pour répondre à la question, un parc de 100 mégawatts n’était pas nécessaire. « Il aurait fallu un terrain de 2 kilomètres carrés », souligne Josée Pilon.

Exploiter l’énergie solaire coûte de moins en moins cher. On estime que le prix des panneaux solaires a baissé de 85 % depuis 10 ans. Mais la filière est gourmande en espace. Hydro-Québec tenait à faire son expérience solaire sur des terrains qui lui appartenaient, à proximité des centres de consommation, pour ne pas surcharger les lignes de transport. C’est le site de l’ancienne centrale thermique La Citière, à La Prairie, qui a été retenu. Un autre parc, plus petit, sera mis en service sur le site de l'Institut de recherche d'Hydro-Québec à Varennes pour mettre à l'essai différentes technologies.

Sur cette superficie de 150 000 mètres carrés, 28 000 panneaux solaires sont en train d’être installés. Une petite partie d’entre eux, soit 4600, sont fabriqués à Trois-Rivières par l’entreprise Stace. Le reste vient de la Chine, d’où proviennent presque tous les panneaux solaires fabriqués dans le monde.

Les plus récentes technologies solaires seront testées par Hydro-Québec. Certains des panneaux, qui mesurent 2 mètres sur 3, seront mobiles pour suivre la course du soleil pendant la journée. Ils seront aussi bifaces, pour capter la lumière de la neige au sol, en hiver. « Ça peut augmenter leur production de 5 à 30 % », précise Josée Pilon. Le parc sera éventuellement relié à une batterie pour stocker l’énergie produite et l’utiliser selon les besoins.

Comparativement aux centrales hydroélectriques du réseau d’Hydro-Québec, qui prennent des années à construire, un parc solaire se réalise rondement. Entre le moment où le projet a obtenu le feu vert et sa réalisation, il se sera écoulé tout juste un an.

Les tout premiers kilowattheures générés par le soleil devraient être intégrés au réseau d’Hydro-Québec en décembre. C’est deux mois plus tard que prévu, dit Josée Pilon.

Le ralentissement des activités en Chine, qui a été la première victime de la pandémie, est responsable d’une partie de ce retard. Quand l’économie chinoise a repris son rythme habituel, c’est le Québec au complet qui s’était barricadé contre le virus.

Ce qui s’est passé… en mars

En cette fin d’hiver, la machinerie s’apprête à se déployer sur le terrain de La Prairie pour y planter les premiers panneaux solaires. Mais le virus gagne de plus en plus de terrain après la semaine de relâche. Les premières mesures de confinement sont annoncées le 11 mars. Le 23 mars, tous les chantiers de construction sont mis à l’arrêt.