Une étude indique que les mesures prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19 ont entraîné une baisse de 17 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde.

La plupart des réductions résultent de la diminution des besoins de transport.

L’étude, publiée mardi dans la revue Nature, indique que les émissions au Canada ont diminué d’environ 20 %. Il s’agit d’une baisse moins marquée que dans de nombreux autres pays, comme le Royaume-Uni ou les États-Unis.

La coauteure Corinne Le Quere souligne que le Canada a imposé plus tard ses restrictions de mobilité, qui étaient aussi moins strictes qu’à certains endroits dans le monde.

Mme Le Quere affirme que l’étude montre la limite des actions individuelles dans la réduction des GES. Selon elle, cela démontre que des actions gouvernementales fermes seront nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES dans le monde.

« Le changement de comportement à lui seul ne peut pas tout régler », a déclaré Mme Le Quere, de l’Université d’East Anglia en Angleterre. « Vous avez vraiment besoin d’un changement structurel. »

Les chiffres des émissions de gaz à effet de serre ne sont normalement pas disponibles tant que les émetteurs ne les ont pas signalés. Dans ce cas, les chercheurs ont utilisé une variété d’éléments connexes pour estimer les rejets de dioxyde de carbone et d’autres gaz provoquant le changement climatique alors que les pays prenaient des mesures strictes pour restreindre les mouvements et les activités des individus.

Des entreprises technologiques comme Apple ont fourni des données. L’industrie aéronautique a offert des informations sur les vols. Les services publics d’électricité ont fourni des chiffres sur la production et la consommation.

Le rapport publié dans la revue Nature comprend des estimations des rejets de gaz à effet de serre dans 69 pays représentant 85 % de la population mondiale et 97 % des émissions mondiales de CO2.

Les émissions de certains pays ont chuté de façon beaucoup plus importante que la moyenne. À leur plus bas niveau, les émissions de la France ont chuté de 34 %, et celles des États-Unis de 32 %.

Le Royaume-Uni a affiché un recul de 31 %, l’Australie de 28 % et la Chine de 24 %.

Outre le transport en surface et aérien, les autres baisses importantes sont attribuées au ralentissement de la production d’électricité et de l’activité industrielle.

Les réductions ne sont pas nécessairement de bonnes nouvelles, a déclaré le coauteur Rob Jackson de l’Université de Stanford en Californie.

« Nous ne célébrons pas une baisse des émissions parce que les gens sont sans travail. C’est une façon non durable de lutter contre le réchauffement du climat. »

Et il est peu probable que ces réductions soient permanentes.

Les émissions de gaz à effet de serre diminuent régulièrement lors des ralentissements économiques et rebondissent immédiatement après, comme lors de la récession de 2008. Les émissions de la Chine sont déjà presque revenues à leur niveau d’avant la pandémie.

Ce que l’étude montre, poursuit M. Jackson, c’est le caractère limité des actions individuelles.

La pandémie a imposé des contrôles sans précédent sur la mobilité personnelle dans de nombreux pays occidentaux et a suspendu le travail pour des dizaines de milliers de personnes — et pourtant, cela a mené à seulement moins d’un cinquième de l’objectif de la neutralité carbone.

« Il n’est pas possible d’y arriver uniquement en vertu de choix personnels », a-t-il argué.