Le sommet du monde est en train de se renverser, selon la première évaluation générale de l’océan Arctique canadien.

Le travail de dizaines de scientifiques fédéraux et d’observateurs Inuit, ce rapport décrit un vaste écosystème dans une fluctuation sans précédent : des courants océaniques jusqu’aux habitudes et aux types d’animaux qui y nagent.

L’océan Arctique, où les changements climatiques ont créé le plus d’impacts, pourrait bien changer plus rapidement que n’importe quelle autre étendue d’eau sur la Terre, selon Andrea Niemi, chercheure en chef chez Pêches et Océans Canada.

« Au fur et à mesure que l’Arctique évoluera, le reste de l’écosystème va suivre avec ces changements, affirme Mme Niemi. Il n’y aura aucun délai. »

Les fluctuations sont si rapides que les scientifiques n’ont même pas eu la chance de comprendre ce qu’il s’y passe.

Soixante % des espèces dans le Bassin Canada — comme les vers retrouvés vivants dans des volcans de boue sous-marins — n’ont toujours pas été découvertes, selon l’étude.

« Qui sait ce qui se trouve d’autres là-bas ?, s’est demandé Mme Niemi. Il y a tant de choses dans l’Arctique, nous en sommes toujours au premier pas. »

La première estimation des espèces de poissons dans la mer de Beaufort n’a pas été faite avant 2014, a-t-elle fait remarquer.

Pourtant, les changements sont difficiles à rater, jusqu’à la composition de l’eau.

Par rapport à 2003, elle est 33 % moins salée dans le gyre de Beaufort et environ 30 % plus acide selon une moyenne mondiale — assez pour dissoudre les coquilles de petits mollusques. Le gyre de Beaufort, un vaste courant circulaire situé dans la partie occidentale de l’océan qui a alterné de direction dans chaque décennie, n’a subi aucun changement en 19 ans.

Les rivages bougent. L’érosion a plus que doublé au cours des récentes décennies.

La variété des espèces change.

Les épaulards deviennent si communs qu’ils altèrent le comportement d’autres espèces comme les narvals et les bélugas desquelles dépendent les Inuits. Les saumons du Pacifique, les capelans et les phoques du Groënland migrent du sud.

« Dans certains cas, les communautés sortent leurs filets et n’attrapent que du saumon », a fait remarquer Mme Niemi.

Les effets du saumon sur d’autres espèces sont inconnus.

Les espèces côtières de poisson sont trouvées de plus en plus fréquemment beaucoup plus loin au large. Les phoques annelés ne peuvent pas compléter leur période de mue avant que la glace ne casse et les températures élevées dans l’océan semblent les rendre léthargiques et susceptibles de devenir des proies des ours polaires.

Les êtres humains font également sentir leur présence. La navigation accrue dans l’Arctique rend l’océan plus bruyant et étouffe les sons que les animaux comme les phoques et les baleines utilisent pour communiquer.

Rectificatif :
Dans une dépêche transmise le 26 avril au sujet d’une étude sur l’océan Arctique, La Presse canadienne a erronément rapporté que l’eau y était 33 % moins salée qu’en 2003. En réalité, cette donnée ne concernait que le gyre de Beaufort situé dans la partie occidentale de l’océan.
Nous écrivions aussi que l’eau était également 30 % plus acide. Il s’agit en fait d’une moyenne mondiale, mais les recherches laissent entendre que l’océan Arctique est plus affecté par ce phénomène que les autres étendues d’eau salée.