La crise due à la pandémie de la COVID-19 pourrait durer longtemps, mais les analystes envisagent déjà comment le Canada pourrait accélérer sa reprise et se positionner pour une économie sobre en carbone.

« La principale chose que nous devons faire en ce moment est de protéger la santé et le bien-être des Canadiens, a dit Josha MacNab, de l’Institut Pembina. Dans ce contexte, nous commençons à nous tourner vers à quoi peut ressembler la reprise économique. »

Des ralentissements comme celui causé par la pandémie réduisent les émissions de dioxyde de carbone. Dans le passé, ces émissions ont repris leurs niveaux à mesure que les économies se reconstruisent.

Cette fois, plusieurs se demandent comment l’économie peut être rétablie sans que les gaz à effet de serre soient aussi présents.

Des groupes tels que le World Resources Institute, aux États-Unis, demandent des crédits d’impôt pour l’énergie propre, des programmes pour accroître l’efficacité énergétique des bâtiments publics et, pour les autobus de transport en commun, un passage du diesel à l’énergie électrique.

Il note que des mesures similaires après le krach financier de 2009 ont aidé à soutenir 900 000 emplois.

L’Institut Pembina a sa propre liste : financement et formation pour des emplois plus résistants aux fluctuations du marché, incitations au passage à l’électricité, soutien aux industries qui produisent des biens à faible émission de carbone.

« Nous voyons cela comme une opportunité unique de générer une mise de fonds sur une économie résiliente et un avenir plus sain », a déclaré M. MacNab.

Une fois la crise passée, l’Institut canadien pour des choix climatiques souhaite que tout plan de relance se concentre sur la résilience du pays face aux chocs climatiques tels que les incendies de forêt ou les inondations.

« Nous les percevions comme des risques éloignés dans le passé, a déclaré l’économiste du groupe, Dave Sawyer. Soudainement, ça arrive constamment. »

La réponse à long terme à la COVID-19 pourrait inclure ce que l’économie devra faire de toute façon, a-t-il dit, comme réorienter les travailleurs des industries à haute teneur en carbone.

« Nous savons que certaines industries dans ce futur à faible émission de carbone vont licencier des travailleurs, a dit M. Sawyer. Où vont-ils ? Il y a une tendance croissante à penser aux transitions pour les travailleurs. »

Ce n’est pas tout le monde qui pense qu’un stimulus vert post-pandémique soit approprié.

« Peut-être dans une certaine mesure », a dit Mark Jaccard, économiste de l’énergie à l’Université Simon Fraser.

Il suggère que les besoins seront si grands que les gouvernements essaieront tout d’abord de rétablir la normalité.

« Les gouvernements vont investir l’argent à court terme là où les travailleurs sont déjà qualifiés et dans les régions où ils travaillent déjà, a-t-il déclaré. Donc, ça va être dans les zones dotées de combustibles fossiles. »

Des groupes comme la Fédération canadienne des contribuables et les conservateurs fédéraux ont déjà demandé que l’augmentation prévue de la taxe fédérale sur le carbone soit retardée. Il y a quand même eu une augmentation, à 30 $ la tonne.

Keith Stewart, de Greenpeace, estime que tout argent qui va aux entreprises doit être accompagné de promesses de changement — tout comme les constructeurs automobiles ont promis des améliorations de l’efficacité énergétique en acceptant leur renflouement de 2009.

Une fois les besoins initiaux de santé publique et de bien-être financés, les dépenses publiques devraient être tournées vers l’avenir, a déclaré M. Stewart.