(Halifax) Alors que les municipalités canadiennes tentent de se prémunir contre les risques accrus d’inondations printanières liées aux changements climatiques, un organisme sans but lucratif suggère que la solution passe peut-être tout simplement par la nature elle-même, justement.

L’Initiative des actifs naturels municipaux a récemment publié sa deuxième série de résultats sur la façon dont les forêts, les ruisseaux, les zones humides, les étangs et autres éléments naturels peuvent aider les municipalités à éviter de dépenser pour de coûteux projets d’infrastructure – comme l’installation de digues ou de bassins de rétention des eaux pluviales.

Cette « approche naturelle » a été appliquée notamment à trois collectivités du Nouveau-Brunswick : Florenceville-Bristol, Riverside-Albert et Riverview. Le rapport, publié le 21 février, évoque des économies allant de 200 000 $ à 414 millions grâce à la préservation ou l’amélioration d’« actifs naturels », avec des résultats comme un meilleur drainage des eaux pluviales et la purification de l’eau potable.

L’initiative avait été lancée à l’origine par la municipalité de Gibsons, en Colombie-Britannique, qui a mené les premiers projets de ce type. L’initiative est principalement financée par la Fédération canadienne des municipalités et les Villes impliquées dans chaque projet, avec le soutien de l’Institut pour l’IntelliProspérité et la Fondation Suzuki. Il s’agissait notamment de savoir comment la conservation pouvait aider les villes à s’adapter aux inondations.

Le Rapport sur le climat changeant du Canada, publié l’an dernier par des chercheurs fédéraux, concluait que les effets du réchauffement généralisé devenaient évidents dans de nombreuses régions du Canada et devraient s’intensifier, y compris les crues printanières précoces et l’élévation du niveau de la mer. Le document de 2019 a également conclu qu’un climat plus chaud intensifiera les conditions météorologiques extrêmes, alors que des précipitations plus intenses augmenteront les risques d’inondation dans les villes.

Boisés et milieux humides

Selon le rapport sur les « actifs naturels » à Florenceville-Bristol, au Nouveau-Brunswick, la protection de 182 hectares de zone boisée le long du fleuve Saint-Jean permettrait d’éviter les coûteux systèmes d’ingénierie qui seraient nécessaires pour mitiger des précipitations soudaines comme on en voit seulement tous les 100 ans. Le rapport estime que la conservation de boisés permettrait à elle seule d’éviter la création d’un système de bassin de rétention des eaux pluviales de 3,5 millions.

À Riverview, près de Moncton, la protection de quatre milieux humides, qui couvrent 14 000 mètres carrés dans le bassin versant du ruisseau Mill, éviterait de consacrer 2,3 millions pour créer des étangs de gestion des eaux pluviales destinés à gérer une inondation record qui n’arrive qu’une fois par siècle.

Roy Brooke, qui dirige l’Initiative des actifs naturels municipaux, a déclaré en entrevue que les informations recueillies pour les municipalités peuvent être utilisées pour leur planification.

« Les actifs naturels fournissent une infrastructure vitale aux communautés […] et leur valeur augmente souvent avec le temps, car ils s’adaptent au changement climatique », a-t-il soutenu. « Les communautés peuvent exploiter ces informations […] pour commencer à traiter la nature pour ce qu’elle est : un atout vital et un élément central de tout système résilient. »