Impossibles à manquer, les murs végétaux de l’aéroport Montréal-Trudeau attirent les regards. Mais ils ne sont pas qu’esthétiques : ils humidifient et climatisent l’air ambiant, ce qui se traduit par des économies d’énergie significatives.

Les voyageurs qui transitent par l’aéroport de Montréal l’ignorent probablement, mais leur confort repose en grande partie sur... des plantes.

Le nouveau centre de correspondance, qui accueille le public depuis décembre dernier, est doté d’un mur végétal de 22 mètres carrés (240 pieds carrés). Ce mur de plantes ne fait pas qu’enjoliver les lieux : il règle aussi le taux d’humidité de ce secteur de 3000 mètres carrés.

« Le retour d’air passe au travers », explique l’ingénieure Martine Saint-Arnaud, directrice adjointe de l’efficacité énergétique d’Aéroports de Montréal (ADM). Inutile, donc, d’avoir recours à un système mécanique d’humidification, qui consomme de l’électricité et requiert de l’entretien. De plus, l’eau y circule en circuit fermé, ce qui se traduit par une consommation quasi nulle.

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Martine Saint-Arnaud, ingénieure, est directrice adjointe de l’efficacité énergétique d’Aéroports de Montréal (ADM).

C’est de l’humidification naturelle, gratuite.

Martine Saint-Arnaud, Aéroports de Montréal

Cette infrastructure verte possède également les attributs de base de tout mur végétal : elle capte les composés organiques volatils (COV) et le dioxyde de carbone (CO2), ce qui « diminue la demande d’air frais, neuf, en provenance de l’extérieur » et se traduit aussi par des économies de chauffage ou de climatisation, ajoute Mme Saint-Arnaud.

Amorti en huit ans

Le mur végétal du nouveau centre de correspondance doit son existence à un projet-pilote réalisé en 2016 dans un autre secteur de l’aéroport Montréal-Trudeau, celui comprenant la zone de restauration publique et deux îlots d’enregistrement.

« On avait des problèmes d’humidité relative », raconte Martine Saint-Arnaud. Le taux d’humidité descendait parfois à 12 %, loin du minimum de 25 % stipulé dans le Code du bâtiment.

Avec un collègue, elle a planché sur une solution végétale plutôt que mécanique : l’installation d’un mur de plantes de 22 mètres carrés, à travers lequel passe le retour d’air.

C’est né d’un besoin.

Martine Saint-Arnaud, Aéroports de Montréal

Et les résultats de ce « premier concept du genre au Québec » ont été probants, avec un « gain de 18 % » du taux d’humidité dans ce secteur de 6000 mètres carrés, s’enthousiasme-t-elle.

Avec des économies d’énergie et de frais d’entretien d’environ 20 % par rapport à un système mécanique, le mur végétal est un investissement qui s’amortit en huit ans, estime ADM. « Tout ce qui peut briser, c’est la pompe », résume Mme Saint-Arnaud.

Ce projet-pilote a donc « ouvert la porte » à l’intégration systématique de murs végétaux dans les nouveaux agrandissements ou dans les secteurs faisant l’objet de rénovations majeures, affirme-t-elle. En plus de celui du nouveau centre de correspondance, un autre, de 6 mètres carrés (64 pieds carrés), a été installé en juillet dernier dans les bureaux administratifs.

ADM a également fait l’acquisition en 2018 de cinq petits murs végétaux « mobiles » de 2,3 mètres carrés (25 pieds carrés), conventionnels, qui peuvent être déplacés dans les aires d’embarquement.

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Avec des économies d’énergie et de frais d’entretien d’environ 20 % par rapport à un système mécanique, le mur végétal est un investissement qui s’amortit en huit ans, estime ADM.

Foncez

Martine Saint-Arnaud ne voit « que du positif » avec les murs végétaux de l’aéroport, « une technologie qui permet d’utiliser les plantes plutôt que les systèmes mécaniques qui consomment de l’énergie ».

Elle invite les entreprises à « ne pas hésiter et foncer » avec ce type de technologie.

« Utilisez le mur végétal pas seulement pour sa partie esthétique et biofiltrante, [mais aussi pour] réduire la demande en énergie », dit-elle.

Au-delà de ses bénéfices écologiques, qui s’inscrivent dans l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de consommation d’énergie d’ADM, elle y voit un « beau projet » au sens propre. « Ça crée un sentiment de mieux-être, ça apaise les gens, dit-elle. Tout le monde va y toucher ! »