Les observateurs environnementaux s’attendent à ce que le gouvernement fédéral appuie des mesures internationales visant à réduire l’impact environnemental du transport maritime dans l’Arctique, mais cela pourrait coûter des centaines de dollars par année aux familles du Nord canadien.

L’Organisation maritime internationale se penche à compter de lundi sur l’interdiction du fioul lourd dans les eaux arctiques.

Les pays arctiques ont déjà accepté cette décision de principe, mais la réunion de lundi doit déterminer les conditions de l’élimination progressive de ce carburant. Le fioul lourd, ou HFO, est une source d’émission de carbone noir, qui accélère la fonte de la banquise.

« Le HFO constitue le fond du baril quand on parle de carburant, explique Dan Hubbell de l’Ocean Conservancy. C’est bon marché, c’est sale et c’est très persistant. »

M. Hubbell raconte qu’un déversement modéré de fioul en Russie en 2003 a toujours des impacts encore importants sur les mammifères marins plus d’une décennie plus tard. Ce carburant est déjà interdit dans l’Antarctique.

Les carburants de remplacement coûtent plus cher. Transports Canada a analysé ce que ces coûts signifieraient pour les collectivités de l’Arctique qui dépendent des livraisons par mer. Selon le fédéral, un ménage moyen du Nunavut verrait ses dépenses grimper de 649 $ par année. L’approvisionnement en vrac de denrées non périssables du sud coûterait 1000 $ de plus pour un conteneur d’expédition de six mètres.

Plus de la moitié des ménages vivant dans l’est de l’Arctique souffrent d’insécurité alimentaire grave, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas toujours compter sur suffisamment de nourriture pour leur prochain repas.

Transports Canada souligne aussi que la hausse des prix du carburant affectera aussi les sociétés minières et les différents ordres de gouvernement.

« Une interdiction du fioul lourd dans l’Arctique entraînant une augmentation des coûts d’expédition répercutée sur le consommateur aurait un impact significatif sur les ménages et les communautés, peut-on lire dans le rapport. Cela pourrait avoir des effets directs et indirects sur la santé et la qualité de vie des peuples autochtones et inuits vivant dans l’Arctique. »

Six pays de l’Arctique sur huit soutiennent actuellement l’interdiction du fioul lourd. Seule la Russie s’y oppose. Le Canada a dit qu’il annoncera sa position avant le début de la réunion.

Mais au cours d’une conférence téléphonique, la semaine dernière, des responsables ont indiqué que le Canada sera du côté de la majorité.

« Ils ont confirmé qu’ils soutiendraient l’interdiction, mentionne Andrew Dumbrille du Fonds mondial de la nature, qui a écouté la conférence téléphonique, a entendu cela aussi. Il était assez clair que c’était la position canadienne. »

Ni le gouvernement du Nunavut ni Nunavut Tunngavik, qui supervise les revendications territoriales du Nunavut, n’étaient disponibles pour commenter.

Le Nunavut Tunngavik a défendu l’interdiction du fioul dans le passé, mais avant l’analyse des coûts soit réalisée.

MM. Dumbrille et Hubbell conviennent que le gouvernement fédéral devrait calmer les inquiétudes en matière de coûts pour les habitants du Nord.

« Le gouvernement fédéral doit continuer en gérant les coûts afin que ceux-ci ne soient pas répercutés sur la population nordique, fait valoir M. Dumbrille. Les avantages environnementaux sont évidents. »

L’OMI doit aussi examiner ce qui constitue un fioul lourd. Un règlement réduisant la quantité autorisée de soufre dans le carburant est entré en vigueur le 1er janvier, mais la recherche a révélé que de nombreux nouveaux mélanges créés pour respecter les nouvelles règles émettent toujours du carbone noir.