(Charleville-Mézières, France) Et si la collecte du recyclage était faite par des chevaux ? L’idée, improbable à première vue, est présentement testée à Charleville-Mézières, dans le nord-est de la France. Ça se passe tellement bien que la ville a décidé de prolonger l’expérience.

Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est le silence.

Hormis le bruit des sabots, on n’entend pas grand-chose dans les petites rues du quartier Bois-Fortant. Pas de bruit de moteur, pas de bruit de pot d’échappement, pas de bruit de pelle de compaction qui entasse les déchets dans la boîte du camion.

Ici, la collecte du recyclage se fait en douceur. Tandis que le cheval et son cocher avancent à petits pas, des « rippeurs » (éboueurs) vêtus de fluo balancent des sacs dans la carriole en sifflotant. Le rythme est lent mais régulier, et surtout enjoué. Comme si toute forme de stress avait subitement disparu.

C’est peu dire que cette scène, pour le moins anachronique, suscite la curiosité. Les voisins, intrigués, sortent de chez eux pour voir de plus près. Certains discutent avec le cocher. Ou s’approchent pour prendre des photos. Comme cette petite dame, qui a fait un très long trajet rien que pour assister à la collecte.

« Je ne serais pas allée faire mon marché avant de vous voir passer », dit-elle, excitée, tandis que la bête poursuit son chemin vers la prochaine rue.

Virage pratique et économique

Jusqu’ici, la ville de Charleville-Mézières était surtout connue comme le berceau d’Arthur Rimbaud et pour son festival bisannuel des théâtres de marionnettes. Mais depuis décembre, l’agglomération de 48 000 habitants, située dans les Ardennes françaises (nord-est), fait parler d’elle pour une autre raison : sa collecte hippomobile, c’est-à-dire le ramassage du recyclage par de gros chevaux de trait.

Le maire de la ville, Boris Ravignon, admet qu’il n’a pas instauré ce nouveau système par pur romantisme. Ses motivations étaient avant tout pratiques et économiques.

L’idée était de « promouvoir le recyclage » pour que les gens jettent moins et trient mieux, tout cela dans le but de soulager les contribuables.

« Le recyclage a une valeur marchande, explique M. Ravignon. Plus on en a, mieux c’est. À l’inverse, il y a une taxe d’enfouissement et d’incinération sur les ordures ménagères qui est calculée au poids, et qui est de plus en plus lourde [elle passera de 2 à 7 centimes d’euros le kilo d’ici cinq ans]. On a donc tout intérêt à produire moins de déchets et à recycler davantage. »

Mais ce qu’il qualifie lui-même de « coup de marketing » s’est avéré au-delà de ses attentes en matière de bénéfices collatéraux. Le système est efficace et tout le monde, jusqu’ici, semble y trouver son compte.

Rythme lent

Quatre quartiers périphériques sont pour l’instant ciblés, à raison de deux fois par semaine. La tournée dure entre 4 et 5 heures, sur une distance de 15 à 16 kilomètres, alors que le cheval se déplace à une moyenne de 6,5 km/h. Au terme de la collecte, près de trois tonnes de recyclage sont récoltées.

Le rendement n’est peut-être pas aussi spectaculaire qu’une ronde en camion, qui peut couvrir 50 kilomètres et récolter le double. Le cheval coûterait aussi 32 000 euros (45 000 $CAN) supplémentaires pour sa première année « d’exploitation ».

Mais si l’on en croit les responsables du projet, les pertes et les surcoûts seront amortis, à l’autre extrémité, par la hausse du tri et la réduction des ordures.

Côté environnement, c’est encore plus positif.

Au cours du trajet, aucun carburant fossile n’a été utilisé, si ce n’est pour le camion de la Ville, qui vient périodiquement vider la charrette lorsque celle-ci déborde et qui apporte la collecte au centre de tri.

« C’est écoresponsable, écodurable. L’empreinte écologique est bonne. Y a pas photo », soutient Georges Villeval, le sympathique cocher, qui fournit les chevaux de trait pour la collecte, de gros Ardennais répondant au nom de Upsy et Axel.

Écologique, aussi, pour les « rippeurs », dont le métier devient soudainement plus attractif. Fini, la boucane des pots d’échappement ! Adieu, nuisance sonore !

« L’air est meilleur, on travaille avec la nature », résume Jordan Moyne, qui semble encore tout surpris de se retrouver là.

« Ce n’est tout simplement pas le même métier, ajoute Mickaël Herbaut, responsable d’exploitation pour l’entreprise privée qui gère les déchets pour la municipalité. Le cheval, c’est plus posé. »

Ce dernier avoue avoir été sceptique au début. « Je leur ai dit : “Vous voulez rire ?” » Mais il a rejoint le camp de ceux qui y croient ou qui, en tout cas, veulent y croire.

« C’est une question de volonté », dit-il.

Expérience prolongée

Il ne faut pas négliger, non plus, l’impact psychologique.

Les bienfaits de la zoothérapie ne sont plus à démontrer. Et Georges Villeval constate que la présence de chevaux dans les rues a un effet positif sur la population.

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Georges Villeval fournit les chevaux de trait pour la collecte.

Le cheval n’a pas quitté la mémoire collective. Ça a de vraies vertus sociales. Les gens sortent. Ils ont envie de parler. Il y a un vrai retour sur le social.

Georges Villeval

Sortie de chez elle pour voir ce drôle d’attelage, Aurore Froissard confirme : « C’est attrayant, ça garde occupé. Et les enfants aiment ça », dit-elle. Même discours chez Anne Reffi, sa voisine, qui sort la tête par sa fenêtre. « Des chevaux, c’est quand même plus agréable qu’un camion. »

Les premiers résultats ne sont toujours pas disponibles, mais la Ville souhaite déjà poursuivre l’expérience, voire l’étendre à d’autres quartiers résidentiels.

Pourrait-on envisager une collecte au centre-ville ? « Rien ne l’empêche », répond Mickaël Herbaut. Tant que le parcours est réfléchi… et que les chevaux ne sont pas soumis à un trop grand stress.

La collecte hippomobile suscite, de ce côté, quelques inquiétudes liées aux droits des animaux. Une dame, croisée au passage du cheval, nous a juré qu’elle veillait au grain et qu’elle rapporterait toute apparence de mauvais traitement.

Mais Georges Villeval assure que les parcours sont calés en fonction du cheval et que ses bêtes sont choyées.

Enfin, mieux vaut les voir sur la route que chez le boucher, dit-il. Car si les chevaux ardennais sont réputés pour leur puissance, ils sont aussi appréciés pour leur viande, et la plupart aujourd’hui sont élevés à cette fin.

« La collecte du recyclage, c’est quand même un meilleur débouché… »

Sur l’écran radar

Les aînés disent en faire plus que les jeunes pour le climat

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Selon un sondage, 95 % des aînés disent recycler, comparativement à 80 % des 18-29 ans.

Les aînés affirment en faire davantage que les jeunes pour le climat. C’est l’une des quelques conclusions issues du « baromètre climatique », conçu par le média Unpointcinq et des chercheurs de l’Université Laval. L’enquête démontre également qu’une majorité de Québécois surestime largement l’impact que peuvent avoir de nombreux gestes individuels pour lutter contre les changements climatiques. Le « baromètre climatique », basé sur un sondage mené par la firme Léger, déboulonne quelques mythes. Par exemple, 92 % des Québécois âgés de 60 à 69 ans affirment faire des gestes quotidiens pour lutter contre les changements climatiques, comparativement à 74 % des 18-24 ans. De façon plus détaillée, 95 % des aînés disent recycler, comparativement à 80 % des 18-29 ans, et 85 % des 60-69 ans soutiennent qu’ils réduisent leur gaspillage alimentaire, comparativement à 75 % chez les plus jeunes. Cette tendance en faveur des aînés s’observe également en ce qui concerne l’utilisation des produits réutilisables plutôt que jetables, la réduction de la consommation d’énergie et la consommation de produits locaux.

— La Presse canadienne

Norvège : baisse de moitié des émissions visée d’ici 2030

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

La Norvège a durci vendredi ses engagements climatiques en annonçant qu’elle visait une réduction d’« au moins » 50 %, voire jusqu’à 55 %, de ses émissions de gaz à effet de serre.

La Norvège a durci vendredi ses engagements climatiques en annonçant qu’elle visait une réduction d’« au moins » 50 %, voire jusqu’à 55 %, de ses émissions de gaz à effet de serre, une décision applaudie par les défenseurs de l’environnement. Le pays nordique, qui n’est pas membre de l’Union européenne (UE) mais y est étroitement associé, s’était jusqu’à présent engagé à une réduction des émissions d’au moins 40 % en 2030 par rapport à 1990. Plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, le royaume est aussi le champion de la voiture électrique avec la plus forte concentration au monde par rapport à la population. Il peine toutefois à réduire ses émissions : malgré un récent léger fléchissement, elles dépassaient encore en 2018 de 1,1 % le niveau de 1990, selon des statistiques officielles.

— Agence France-Presse

Thaïlande : projet controversé de dragage du Mékong bloqué

PHOTO LILLIAN SUWANRUMPHA, AGENCE FRANCE-PRESSE

La Thaïlande a bloqué un projet chinois controversé visant à draguer le lit du Mékong pour faire naviguer d’importants cargos.

La Thaïlande a bloqué un projet chinois controversé visant à draguer le lit du Mékong pour faire naviguer d’importants cargos, un rare revers pour Pékin qui multiplie les projets d’infrastructures en Asie du Sud-Est. Le gouvernement thaïlandais a « approuvé l’arrêt du projet », expliquant que les autorités chinoises n’avaient pas fourni de plan de financement pour procéder à de nouvelles enquêtes sur les travaux à accomplir, a-t-il annoncé mardi. Pékin souhaitait depuis longtemps faire sauter des rapides et draguer le lit du fleuve sur 97 kilomètres côté thaïlandais afin qu’il soit assez profond pour faire passer d’énormes cargos, voire des navires de guerre. Objectif : relier par voie fluviale la province chinoise du Yunnan aux eaux très disputées de la mer de Chine méridionale. Mais des défenseurs de l’environnement s’étaient inquiétés de ce projet de dragage, susceptible selon eux de mettre en danger les habitats des espèces sous-marines. En mars, ils avaient réussi à le faire temporairement suspendre.

— Agence France-Presse

Bhoutan : une taxe pour limiter le tourisme

PHOTO ANDRÉ DÉSIRONT, ARCHIVES LA PRESSE

Le Bhoutan va imposer une taxe journalière aux touristes de trois pays de la région, inquiet de l’augmentation du nombre de visiteurs indiens.

Le Bhoutan va imposer une taxe journalière aux touristes de trois pays de la région, inquiet de l’augmentation du nombre de visiteurs indiens dans ce royaume himalayen déterminé à éviter le tourisme de masse pour préserver son environnement et sa culture. La chambre basse du Parlement bhoutanais a voté lundi une loi obligeant les visiteurs d’Inde, du Bangladesh et des Maldives à s’acquitter d’une « taxe pour le développement durable » de 1200 ngultrums (22 $) par jour à partir de juillet. Ces ressortissants pouvaient jusqu’ici entrer gratuitement dans la petite nation de 750 000 habitants. En 2018, le Bhoutan a reçu 200 000 visiteurs des pays de la région, principalement de l’Inde frontalière, soit une augmentation de 10 % en un an. Cet afflux fait craindre aux autorités locales que le pays du dragon tonnerre, fermé jusqu’à peu au reste du monde, ne se transforme en nouvelle destination du tourisme de masse. Connu pour son indice de « bonheur national brut », le Bhoutan est l’une des seules nations au monde à absorber davantage de dioxyde de carbone qu’elle n’en émet, grâce aux forêts qui couvrent 70 % de son territoire.

— Agence France-Presse