(Madrid) Les discussions à la Conférence de Madrid sur les changements climatiques se sont prolongées dimanche alors que la COP25 devait se terminer vendredi.

Des responsables de près de 200 pays semblent incapables de s’entendre sur des points importants.

La ministre chilienne de l’Environnement, Carolina Schmidt, qui préside la Conférence, a demandé aux délégués épuisés d’examiner de nouveaux accords rédigés par son équipe et de se réunir à 1 h 30 (19 h 30 au Québec) pour de nouvelles discussions.

« Cela a été très difficile, très long », a-t-elle déclaré au moment où les pourparlers entamaient leur 14e jour. Pourtant, Carolina Schmidt a déclaré que des progrès avaient été accomplis, ajoutant que « les choses se mettent en place ».

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La ministre chilienne de l’Environnement, Carolina Schmidt, qui préside la Conférence, a demandé aux délégués épuisés d’examiner de nouveaux accords rédigés par son équipe et de se réunir à 1 h 30 (19 h 30 au Québec) pour de nouvelles discussions.

Les pays en développement et les groupes environnementaux ont averti que les ébauches diffusées dans la nuit de samedi risquaient d’annuler ou de bloquer les engagements pris dans l’accord de Paris sur le climat de 2015.

« Je participe à ces négociations sur le climat depuis les débuts en 1991, mais je n’ai jamais vu une aussi grande déconnexion entre ce que la science et la population mondiale exigent et ce que les négociateurs proposent », déplore Alden Meyer, un spécialiste des politiques climatiques au sein du groupe américain Union of Concerned Scientifts.

Selon lui, les projets d’accord actuels ne tiennent pas compte des avertissements de la communauté scientifique au sujet de l’importance de faire baisser fortement les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle.

« La planète est en feu et notre fenêtre d’échapper à la catastrophe est de plus en plus difficile à atteindre si nous n’agissons pas », a souligné M. Meyer.

Parmi les principales questions encore en discussion à Madrid figurent les règles des marchés internationaux du carbone et un système pour aider les pays pauvres à faire face à l’impact économique du changement climatique.

Nathaniel Keohane, de l’Environmental Defence Fund, a déclaré qu’il était essentiel que les pays résistent aux tentatives du Brésil et d’autres pays de conserver de grandes quantités de crédits de carbone amassées dans des systèmes désormais discrédités.

« Cela ouvre un trou potentiellement majeur dans le tissu de l’Accord de Paris », a-t-il déclaré. « Il y a vraiment une question d’intégrité en jeu et il est vraiment essentiel que les pays tiennent le coup. »

Carolina Schmidt, qui préside la Conférence, a déclaré aux délégués, peu après minuit, que les citoyens du monde entier attendaient des résultats pour aider à lutter contre la « crise climatique ».

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La ministre chilienne de l’Environnement, Carolina Schmidt

L’inquiétude croissante suscitée par les changements climatiques s’est exprimée par plusieurs manifestations de masse qui se sont déroulées dans de nombreuses villes au cours de la présente année. Par exemple, des centaines de milliers de personnes ont marché dans les rues du centre-ville de Montréal, le 27 septembre.

Selon les estimations, les températures ont déjà augmenté de 1 degré depuis l’époque préindustrielle. Si la tendance se maintient, elles pourraient grimper encore de 3 à 4 degrés d’ici 2100, ce qui entraînerait des conséquences potentiellement dévastatrices, notamment pour les pays en voie de développement.

Des manifestations ont eu lieu à l’intérieur et à l’extérieur du centre ou a lieu les pourparlers dans la capitale espagnole.

L’adolescente suédoise Greta Thunberg a notamment encore appelé à une action urgente pour réduire les émissions.

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L’adolescente suédoise Greta Thunberg a notamment encore appelé à une action urgente pour réduire les émissions.

Certains pays jugent qu’il est temps d’agir.

« Nous avons la science. Nous avions une volonté collective d’agir dans l’accord de Paris. C’est le temps de passer à l’action, s’est exclamée la ministre norvégienne de l’Environnement, Ola Elvestuen. Un faible encouragement ne serait pas compris par le monde extérieur. Cela enverrait le message que nous ne tenons pas compte de la science. »

Mais plusieurs pays, comme les États-Unis, s’opposent à l’adoption de nouvelles mesures visant à aider les pays pauvres et à établir de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

« Je viens d’entendre les commentaires de beaucoup de délégations sur la nécessité d’inclure des nouveaux éléments de langage concernant les lacunes et les besoins, a dit Kimberly Carnahan, de la délégation américaine. Nous ne sommes pas d’accord. Ces éléments ne permettaient pas d’obtenir un texte équilibré. Cela nous entraînerait assez loin dans l’autre sens. »

La position américaine hérisse les petites nations insulaires, qui craignent de disparaître sous les vagues au cours des prochaines décennies.

Harjeet Singh, du groupe Action Aid, blâme aussi l’Union européenne pour l’absence de progrès à Madrid.

« On parle beaucoup, mais ça n’aide pas vraiment les gens », a-t-il souligné.