(Toronto) Le ministre ontarien de l’Énergie a soutenu mardi que des membres du personnel politique libéral arrachent des autocollants contre la «taxe carbone fédérale» apposés par son gouvernement sur les pompes à essence.

Greg Rickford ne croit pas que la disparition soudaine de ces autocollants soit le fait d’une colle défectueuse. Il pointe plutôt du doigt un message publié sur Facebook par le chef de cabinet du député libéral fédéral de Sudbury, Paul Lefebvre, qui se vantait le 22 octobre d’avoir arraché jusque-là une centaine d’autocollants que le gouvernement de Doug Ford a imposés aux stations-service. «Fier de faire ma part pour résister au grotesque règne d’incompétence de Ford», écrivait Mike Whitehouse dans un message qui a été depuis supprimé.

Mardi après-midi, M. Whitehouse publiait un nouveau message dans lequel il rappelle que l’enlèvement des autocollants constitue un geste illégal et il «ne recommande à personne de le faire, même si (ces autocollants) sont moralement et intellectuellement impossibles à défendre».

«Je regrette profondément que mes gestes aient pu nuire au travail honnête et juste que tant d’autres accomplissent pour lutter contre la crise climatique mondiale», conclut M. Whitehouse.

Le ministre Rickford, lui, croit que les libéraux sont embarrassés par le coût de toute cette tarification du carbone. Les autocollants proclament que la taxe fédérale augmente le prix de l’essence de 4,4 cents le litre dès aujourd’hui — et que ce sera 11 cents le litre en 2022. Les autocollants ne disent rien sur les remboursements versés par Ottawa aux contribuables touchés.

Le premier ministre, Doug Ford, a déjà commenté certaines informations selon lesquelles les autocollants tomberaient tout seuls à cause d’un mauvais adhésif : il lançait à la blague que son entreprise familiale d’étiquettes aurait dû les produire. Mais son ministre Rickford n’entendait plus à rire, mardi. «Le seul problème avec les autocollants, c’est que les employés libéraux les arrachent des pompes à essence», a-t-il déclaré à l’Assemblée législative.

Le chef libéral par intérim, John Fraser, jure qu’il a vu de ses yeux à la pompe des autocollants se décoller tout seuls. Il écarte la théorie du complot du ministre selon laquelle des employés libéraux sillonneraient la province pour arracher des autocollants.

Ce programme d’autocollants a été décrié par certains — notamment par la Chambre de commerce de l’Ontario — comme un discours politique imposé aux détaillants, à l’encontre de la liberté d’expression. L’Association canadienne des libertés civiles conteste d’ailleurs la mesure devant les tribunaux. La chef du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario, Andrea Horwath, y voit quant à elle un «gaspillage de fonds publics».