(Banff) Des dirigeants de l’industrie pétrolière et gazière estiment que les demandes des organisateurs de la manifestation mondiale pour le climat de vendredi pour passer rapidement des énergies fossiles à des énergies complètement renouvelables sont naïves et irréalistes.

Mais les dirigeants rencontrés en marge du Global Business Forum, à Banff, en Alberta, ajoutent qu’ils soutiennent le droit des participants d’attirer l’attention sur ce problème et applaudissent leur engagement émotionnel.

« Les manifestations soulèvent à certains égards l’urgence émotionnelle de l’ensemble du processus », a affirmé Hal Kvisle, président d’ARC Resources et ancien chef de la direction de TransCanada (qui porte aujourd’hui le nom de TC Énergie).

« Les manifestations en elles-mêmes n’offrent aucune réponse. Elles ne traitent pas de la manière dont nous pourrions réduire la demande » en énergies fossiles.

Il assure que cela ne le dérange pas que des jeunes manquent l’école pour prendre part aux manifestations, mais il n’accepterait pas que ses employés ratent le travail pour cette raison.

Harrie Vredenburg, membre du conseil d’administration de Project Reconciliation — un consortium autochtone qui envisage de faire une offre d’achat pour le pipeline Trans Mountain auprès du gouvernement fédéral —, a indiqué que les manifestants qui souhaitent arrêter la construction de nouveaux oléoducs ne songeaient pas à l’impact négatif sur les communautés autochtones qui comptent sur le développement du pétrole et du gaz naturel.

« Un autre problème (que celui du changement climatique) que le Canada doit régler, c’est sa relation avec les peuples autochtones, qui a mal tourné au cours des 150 dernières années et qui doit être corrigée », a affirmé M. Vredenburg, professeur à l’école d’administration Haskayne de l’Université de Calgary, lors d’une entrevue au forum des entreprises.

« Et une façon de réaliser cela passe par une participation majoritaire de l’oléoduc Trans Mountain, avec les normes environnementales les plus élevées possible. »

Earl Hickok, président et fondateur d’Advantage Energy Services, estime quant à lui que les jeunes qui participent à la manifestation pour le changement climatique sont manipulés et induits en erreur par des environnementalistes radicaux, mais il soutient lui aussi leur droit de manifester.

« Généralement, émotionnellement, ils veulent faire un changement et je pense que c’est quelque chose de positif », a affirmé M. Hickok.

« Maintenant, est-ce que je crois qu’ils ont raison et que nous devrions tomber en grève et arrêter le monde et arrêter notre économie et notre mode de vie ? Non, je ne le crois pas. Mais je pense que leurs intentions sont bonnes. »

Gary Mar, chef de la direction de l’association des services pétroliers du Canada et ancien ministre de l’Environnement progressiste-conservateur de l’Alberta, a indiqué que certains de ses trois enfants adultes avaient déjà participé à des manifestations environnementales et qu’il défendait leur droit de le faire.

Il a ajouté que si l’un de ses enfants souhaitait quitter l’école pour participer à la grève vendredi, il serait « d’accord avec ça ».

Cependant, il a déclaré qu’il était irréaliste pour les grévistes du changement climatique d’exiger l’arrêt immédiat de la production de pétrole et de gaz.

« Nous ne sommes pas opposés à l’environnement », a affirmé M. Mar à propos de l’industrie énergétique.

« En fait, je dirais que les caractéristiques environnementales de l’énergie que nous développons au Canada font partie de la marque de l’énergie canadienne, que nous en sommes responsables, que nous soutenons les gouvernements dans leurs efforts pour rendre cet environnement plus propre et qu’un jour, nous allons passer à différentes formes d’énergie. Mais cela ne se produira pas dans les 5, 10 ou 15 prochaines années. »