(Washington) Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et homme le plus riche du monde, a mis tout le poids du géant de la distribution en ligne dans une campagne qui doit servir à aider à remplir — avec 10 ans d’avance — les engagements climatiques de l’accord de Paris.

« Mon engagement est de remplir les objectifs de l’accord de Paris avec 10 ans d’avance et Amazon est le premier sur la liste », a expliqué Jeff Bezos au cours d’une conférence de presse à Washington, en présentant cette nouvelle initiative appelée « The Climate Pledge » (L’engagement climat), qui a vocation a être signée par d’autres entreprises.

Pour prouver son sérieux, M. Bezos a promis qu’Amazon atteindra la neutralité carbone en 2040.

« Nous voulons nous servir de notre influence et de notre taille pour montrer la voie », a-t-il martelé.

Amazon, qui a bâti son succès sur un énorme réseau logistique de transport routier pour assurer des livraisons de plus en plus rapides, est un gros producteur de gaz à effet de serre, les principaux coupables du changement climatique.

Les fermes de serveurs d’Amazon, qui a fait de l’informatique dématérialisée une autre source très importante de profits, sont elles aussi extrêmement gourmandes en énergie.

Selon le site internet du groupe dédié au développement durable, Amazon produit 44,4 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an c’est un peu plus de 10 % des émissions annuelles totales de la France, selon la plateforme en ligne Climate Watch.  

« Si une entreprise avec autant d’infrastructures physiques que la nôtre – qui livre plus de 10 milliards de colis par an- – peut remplir les objectifs de l’accord de Paris 10 ans plus tôt, alors toutes les entreprises peuvent le faire », a affirmé M. Bezos, soulignant que d’autres patrons lui avaient déjà  fait part de leur intérêt à se joindre à cette initiative.

The Climate Pledge exigera de ses signataires une approche scientifique de leurs émissions de gaz à effet de serre, avec des mesures et des déclarations régulières.  

Les entreprises adhérentes devront aussi mettre en place des stratégies de « décarbonisation » et arriver à neutraliser les émissions résiduelles « avec des compensations supplémentaires, quantifiables, réelles, permanentes et socialement bénéfiques pour atteindre des émissions de carbone annuelles neutres d’ici 2040 », précise un communiqué d’Amazon.

Camionnettes électriques

M. Bezos a indiqué que son entreprise allait commander 100 000 camionnettes électriques à la start-up américaine Rivian, dont les premières seront opérationnelles dès 2021.

Selon le directeur opérationnel d’Amazon Dave Clark, il s’agit de la plus importante commande de véhicules de livraison électriques jamais faite.  

La totalité de la flotte sera déployée en 2030, selon un porte-parole du groupe.

Amazon s’est aussi engagé jeudi à atteindre 80 % d’énergie renouvelable d’ici 2024 et 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2030 pour arriver à la neutralité carbone d’ici 2040.

Cet objectif de neutralité carbone est le grand mot d’ordre de l’ONU, de la communauté scientifique et de plus en plus d’États et d’entreprises, à l’horizon 2050.  

Cela signifie que l’ensemble des émissions restantes de gaz à effet de serre sera compensé (par exemple en plantant des arbres qui absorbent le carbone de l’air) pour arriver à un bilan zéro.

Norvège, Suède, Royaume-Uni et France ont adopté l’objectif dans des lois, et l’Union européenne souhaite y parvenir aussi. Le secrétaire général de l’ONU pousse les pays à s’engager formellement sur la date de 2050 dans le cadre de l’accord de Paris, et des annonces devraient avoir lieu au sommet sur le climat qu’il a convoqué lundi aux Nations unies.

Amazon a aussi annoncé un investissement de 100 millions de dollars dans la « restauration et la protection des forêts, des zones humides et des tourbières en partenariat avec The Nature Conservancy », une ONG américaine.  

Plus d’un millier d’employés de M. Bezos ont annoncé qu’ils allaient arrêter le travail vendredi dans le cadre d’un appel international à manifester pour la lutte contre le changement climatique.

Ils ont salué avec enthousiasme le plan de leur patron, mais souligné que « l’accord de Paris en soi-même ne nous laissera pas un monde vivable ». « Aujourd’hui nous faisons la fête, demain nous serons dans la rue », ont-ils clamé sur Twitter.

Dans un communiqué, Greenpeace USA, qui avait critiqué Amazon pour ses fermes de serveurs près de la capitale américaine, a salué l’annonce, mais souligné que « la compagnie doit être plus transparente sur la façon dont elle compte se passer de carburants fossiles si elle espère arriver (à ses objectifs) de façon crédible ».