(Ottawa) Le gouvernement fédéral et les provinces devraient annoncer jeudi leur intention de travailler à harmoniser les normes de recyclage au terme d’une réunion des ministres de l’Environnement.

La ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, s’entretiendra avec ses homologues des provinces à Halifax, où elle espère dissiper les tensions sur la taxe sur le carbone afin de conclure des ententes sur le plastique.

Cinq des provinces qui seront à la table contestent ou prévoient contester devant les tribunaux la taxe sur le carbone du gouvernement Trudeau. Une décision d’un tribunal de l’Ontario est d’ailleurs attendue vendredi.

La ministre McKenna a reconnu qu’elle éprouvait des difficultés avec les gouvernements provinciaux en ce qui concerne les politiques sur le changement climatique.

Mais elle espère tout de même pouvoir s’entendre avec eux sur des normes en matière de plastique et sur la responsabilité des producteurs.

Le fait qu’ils se rencontrent en personne représente un progrès en soi. L’automne dernier, les ministres devaient se réunir à Ottawa pour discuter de la pollution par le plastique, mais la conversation avait finalement eu lieu par téléphone. Bien que les responsables aient parlé d’un conflit d’horaires, dans les coulisses, on expliquait ce changement par le différend sur la taxe sur le carbone.

Lors de cet appel téléphonique, les provinces et Ottawa s’étaient entendus pour réduire de moitié les déchets canadiens d’ici 2040 et tenter d’éliminer complètement le plastique dans les ordures. La réunion de jeudi a pour objectif de passer à l’action par rapport à ce plan. Ils tenteront de trouver des moyens de faciliter le recyclage des plastiques et d’obliger les producteurs de plastique à veiller à ce que leurs produits soient recyclés.

Une grande partie de la responsabilité des normes relatives aux plastiques et des producteurs incombe aux gouvernements provinciaux.

Le Canada ne recycle que 9 % du plastique qu’il produit. Selon un rapport récent préparé pour Environnement Canada par Deloitte et ChemInfo Services, en 2016, les Canadiens ont jeté 3,3 millions de tonnes de plastique, soit 12 fois plus que ce qui avait été recyclé.

« Un taux de recyclage de 9 % est épouvantable », a soutenu Mme McKenna en vue de la rencontre.

Le nombre d’installations de recyclage au Canada est limité et l’absence de normes pour les emballages en plastique rend difficile le recyclage de nombreux articles. Différents colorants ou colles utilisés sur les étiquettes peuvent rendre le recyclage impossible, par exemple.

Le rapport de Deloitte a également mentionné qu’il est toujours moins coûteux et plus facile de produire et d’utiliser du nouveau plastique que de recycler et d’utiliser du plastique recyclé. Le rapport recommandait de définir des normes pour obliger les entreprises à utiliser une quantité déterminée de matériaux recyclés pour leurs emballages et leurs produits afin de créer une nouvelle demande susceptible de stimuler la croissance de l’industrie nationale du recyclage.

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé plus tôt ce mois-ci que le Canada envisageait d’interdire un certain nombre d’articles en plastique à usage unique d’ici deux ans, ce qui inclurait des contenants à emporter en polystyrène, des pailles en plastique et des ustensiles.

Les produits qui seront interdits ne seront pas déterminés avant la fin du processus d’examen de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.

Toutefois, les groupes environnementaux ne sont pas certains que les provinces ou Ottawa ressentent un sentiment d’urgence quant à l’importance de diminuer l’utilisation du plastique. Un certain nombre d’organisations environnementales prévoient « déployer un tapis en plastique » à l’extérieur de la réunion des ministres, jeudi, en utilisant une partie des 113 kilogrammes de déchets plastiques collectés dans le port de Halifax le 15 juin.