(Québec) La commission parlementaire sur les pesticides, qui a amorcé ses travaux jeudi à Québec, permettra de prendre conscience du « pouvoir qu’exercent certaines industries sur l’agriculture et leur impact présumé néfaste sur la santé et l’environnement ».

C’est ce qu’estime le député péquiste de Bonaventure, Sylvain Roy, qui est à l’origine de ce mandat sur les impacts des pesticides sur la santé, confié à la commission parlementaire sur l’agriculture.

Les députés de tous les partis se sont réunis jeudi matin et ont ainsi convenu d’un plan de travail. Une trentaine d’intervenants seront invités à témoigner au total, dont des ministères, et un appel de mémoires sera lancé sous peu, a-t-il confirmé en entrevue avec La Presse canadienne jeudi après-midi.

Cette démarche est une suite de l’affaire Louis Robert, cet agronome congédié par le ministère de l’Agriculture pour avoir dénoncé l’ingérence de l’industrie privée dans la recherche sur les pesticides.

Sylvain Roy ne pouvait toutefois révéler quels ministères allaient être invités. Il s’est dit confiant pour la suite des choses et ne craint pas que les élus du gouvernement, majoritaires à la commission, pèsent de leur poids pour orienter les travaux ou les neutraliser.

« J’ai été très agréablement surpris du dynamisme de tous les membres de notre commission, a-t-il déclaré. […] Je n’ai senti aucune volonté d’instrumentaliser le débat, nous avons les coudées franches. On va respecter l’autonomie des députés. Ce matin, ce que j’ai senti, ce n’est pas une histoire de partis. »

Selon lui, cette commission posera au terme de ses travaux un premier jalon d’une « prise de conscience » sur l’impact du modèle agricole actuel et le « pouvoir de certaines industries sur notre agriculture, son impact présumément néfaste sur la santé et l’environnement ».

Lanceur d’alerte

Par ailleurs, Québec solidaire a déposé un projet de loi jeudi matin, en vue de renforcer la protection des lanceurs d’alerte. Ce geste s’inscrit aussi dans la foulée du congédiement de Louis Robert.

Il vise essentiellement à amender la loi actuelle en permettant à un lanceur d’alerte de s’adresser à un média pour effectuer sa divulgation publique, plutôt que de l’obliger à s’adresser à la police.

M. Robert a ainsi été puni pour avoir dénoncé une situation en communiquant avec un journaliste, a résumé le député de Rosemont, Vincent Marissal, qui pilote le projet de loi.

« Il se retrouve à être réprimandé au point d’être sanctionné par un congédiement, ce qui lance un très mauvais message à tous les autres fonctionnaires du ministère de l’Environnement ou de n’importe quel ministère qui pourraient détenir des informations qu’ils doivent divulguer, qu’on doit divulguer à la population pour la protéger. »

À ses côtés se trouvait le président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Richard Perron, qui défend son membre, M. Robert, dans cette affaire. Il a invité le gouvernement Legault à étudier le projet de loi déposé par QS.

« Le premier ministre (François Legault) a dit qu’il serait peut-être temps de revoir cette loi-là et il était ouvert à l’améliorer. Bien, il faudrait maintenant, comme on dit au Québec, que les bottines suivent les babines. »

Rappelons que les partis d’opposition ont le loisir de déposer des projets de loi en Chambre, mais c’est le gouvernement qui décide s’ils seront étudiés ou non.