Des milliers de manifestants ont marché, hier, dans les rues de Québec pour le Jour de la Terre. Venus des quatre coins de la province, ils ont demandé au premier ministre François Legault d'agir fermement contre les changements climatiques.

Tristan Riopel-Levesque, 11 ans, était l'un d'eux. Le garçon a pris son courage à deux mains pour s'adresser à la foule massée devant l'Assemblée nationale.

« À l'école, il y a des conséquences si on ne fait pas nos devoirs, a-t-il lancé au micro. Pourquoi ce serait différent pour les adultes ? »

Les groupes écologistes avaient choisi cette année de converger sur Québec pour la traditionnelle marche du Jour de la Terre. Les milliers de manifestants étaient pour plusieurs très jeunes.

« À qui le futur ? À nous le futur », scandaient notamment un groupe de cégépiens, Doc Martens aux pieds. On a même entendu un slogan inspiré d'une chanson d'Alaclair Ensemble (« Tout ce qui compte ? C'est la terre, c'est la terre, c'est la terre »).

Jeunes et moins jeunes s'entendaient sur un message : le gouvernement en place n'en fait simplement pas assez pour l'environnement.

Le metteur en scène Dominic Champagne, instigateur du Pacte pour la transition, s'est dit déçu des premiers mois du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ).

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Il y avait beaucoup de jeunes parmi les manifestants.

« Six mois plus tard, ça ne pourra pas toujours être la faute aux libéraux. C'est la CAQ qui est au pouvoir maintenant, a lancé M. Champagne. La mobilisation [est] croissante. Je mets au défi M. Legault d'annoncer une mesure, avant la fin des classes, pour rassurer la jeunesse qui s'inquiète pour la suite du monde. »

Les manifestants ont déambulé dans la vieille ville, entre les touristes, les kiosques de cartes postales et les vitrines proposant du sirop d'érable hors de prix, avant d'encercler symboliquement l'Assemblée nationale.

Sur les pancartes, dans les slogans, le gouvernement était pris à partie notamment pour sa position dans le dossier du projet de GNL Québec, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ainsi que pour son intention de construire un troisième lien à Québec.

« Lorsque la science démontre noir sur blanc que le troisième lien ne réglera rien, il faut que tu changes d'idée. Ça ne sert à rien d'être dogmatique à ce point-là. » - Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

Selon Mme Massé, le gouvernement devrait faire marche arrière et consacrer l'argent du troisième lien au projet de transport en commun structurant du maire Régis Labeaume. « C'est ce que ferait quelqu'un qui comprend ce que signifie la crise climatique actuelle. »

Sylvain Gaudreault, porte-parole du Parti québécois en matière d'environnement, a aussi affirmé que le PQ s'opposait au projet de troisième lien. « Ça va contribuer à l'étalement urbain et à l'augmentation du nombre de voitures », dit-il.

Le député de Jonquière a aussi critiqué le projet de GNL Québec, qui veut construire un gazoduc et une usine de traitement du gaz naturel liquéfié à Saguenay. Le gouvernement Legault s'est dit « intéressé » par cette idée. « À sa face même, c'est un projet qui n'a pas de sens dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques parce qu'il vise à exporter des énergies fossiles. »

La manifestation s'est déroulée de manière pacifique sous un grand soleil. La police de Québec n'a effectué aucune arrestation.

McCann invite les citoyens à faire des gestes

En ce Jour de la Terre, la ministre de la Santé, Danielle McCann, a planté un arbre devant l'hôpital St. Mary's, hier à Montréal, en encourageant les citoyens à faire eux aussi des gestes pour mieux combattre les changements climatiques. À ses côtés, Richard Campeau, adjoint parlementaire du ministre de l'Environnement, a souligné que le gouvernement caquiste pouvait certes jouer un rôle de leadership pour contrer les effets des changements climatiques, mais que ce sont aussi les citoyens qui devaient changer leurs habitudes. - La Presse canadienne

Extinction Rebellion cesse ses blocages à Londres

Le mouvement Extinction Rebellion a interrompu, hier, ses blocages à Londres et réfléchissait aux suites à donner à son action, qui vise à obtenir un « état d'urgence écologique ». Né en 2018 au Royaume-Uni, ce réseau de militants devenu international, qui prône la désobéissance civile non violente, a bloqué pendant une semaine, jusqu'à dimanche, plusieurs sites très fréquentés du centre de la capitale britannique. Le mouvement « entre dans une nouvelle phase », a indiqué Extinction Rebellion dans un message publié sur son site internet. « La "phase 1" a été un énorme succès. Le fait d'occuper des lieux a attiré l'attention sur notre cause », ajoute-t-il. - Agence France-Presse

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Dominic Champagne