(Washington) La surconsommation des ressources naturelles de la planète entame de manière irréversible son «capital écologique», a averti jeudi le célèbre documentariste naturaliste britannique David Attenborough.  

«Les systèmes financiers ont beaucoup en commun avec l’écosystème du monde naturel. Les deux sont des économies», a déclaré M. Attenborough à Washington lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

«Quand vous placez un investissement […], c’est bien si vous pouvez en tirer profit. Mais vous ne seriez pas suffisamment stupide pour consommer le capital. Pourtant, c’est ce que nous faisons tout le temps avec la nature», a lancé le célèbre réalisateur de documentaires sur la faune de la BBC, qui s’entretenait avec la patronne du FMI, Christine Lagarde.

Il a ajouté que les êtres humains et leurs animaux domestiques représentaient désormais 96% de l’ensemble des mammifères sur la terre. «Nous avons éliminé le reste», a-t-il déclaré.  

«70% de toutes les espèces d’oiseaux ont disparu […] Il est difficile d’exagérer le danger dans lequel nous nous trouvons. Nous sommes en plein processus d’une nouvelle extinction, à mi-chemin», a déclaré le biologiste de 92 ans.

«Les premiers colons d’Amérique du Nord n’ont pas compris comment leur consommation d’une espèce affectait les populations d’autres espèces», a-t-il expliqué.

Il a cité l’exemple de la chasse aux loutres de mer pour leur épaisse fourrure, qui a entraîné une augmentation des populations d’oursins, leur nourriture. Les oursins ont ensuite consommé plus de varech, réduisant ainsi les zones de reproduction pour les poissons, auparavant une grande source de richesse.

«Lorsque vous supprimez les forêts de varech, le poisson ne peut plus survivre», a expliqué M. Attenborough. «Quand vous vous en rendez compte, vous pouvez vous en occuper, mais cela nécessite de le comprendre».

Il a également lancé un signal d’alarme sur le changement climatique, auquel il est grand temps de faire face selon lui.

«Avec le rythme auquel le climat change et se réchauffe, nous allons avoir de sérieux problèmes, à moins que nous ne mettions en œuvre l’Accord de Paris pour limiter cela», a-t-il déclaré. «Sinon, si nous continuons à penser que tout ira bien, nous nous dirigerons vers des catastrophes majeures. Aucun doute là-dessus».