(Québec) Le Québec est prêt à réduire encore davantage ses émissions de gaz à effet (GES), tel que le demande un groupe d’experts de l’ONU, mais pas pour 2030.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a fait savoir, mercredi, que le gouvernement était ouvert à fixer une cible encore plus ambitieuse, mais pour plus tard, soit 2050.

C’est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui a demandé cet automne aux États de faire plus d’efforts, pour éviter de graves bouleversements climatiques.

Actuellement, le Québec vise à réduire de 37,5 % ses émissions de GES pour 2030, par rapport au niveau de 1990, conformément à ses engagements internationaux. Et cet objectif ne changera pas, même si le GIEC demande 50 %.

Il est déjà anticipé au Québec que la cible de réduction de 20 % pour 2020 sera un échec, tandis que la cible actuelle pour 2050 est une réduction de 80 % des GES. Or le GIEC exige désormais une économie carboneutre, zéro émission en 2050.

C’est donc cette dernière cible que le gouvernement Legault est prêt à revoir à la hausse, selon ce qu’a laissé entendre M. Charette, en entrevue avec La Presse canadienne.

Le ministre a évoqué une cible plus exigeante pour 2030-2050 ; toutefois, selon les précisions apportées par la suite par son cabinet, cela ne comprend pas la période 2021-2030, mais plutôt 2031-2050.

« On ne s’y refuse pas pour 2030-2050 », a-t-il déclaré en entrevue téléphonique depuis Madrid, où il assiste au grand sommet annuel des Nations unies sur les changements climatiques, la COP25.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette

Il a toutefois reconnu qu’il s’agira « déjà d’un défi très important », puisqu’on en est encore « très loin » des objectifs, en raison du retard pris sous les gouvernements libéraux, a-t-il laissé entendre.

M. Charette a toutefois précisé que ce sera au prochain sommet, la COP26, à Glasgow au Royaume-Uni, l’an prochain, que les décisions politiques concernant les cibles seront prises.

« On n’exclut pas, avant de se présenter à Glasgow, d’avoir une cible en bonne et due forme pour la période 2030 à 2050 pour répondre à cette invitation. »

En mission en Californie, le premier ministre François Legault a d’ailleurs fait savoir mercredi qu’il participera à la COP26 en 2020. Ce sera sa première COP depuis son arrivée au pouvoir. Il avait toutefois participé à la COP21 à Paris en 2015.

Dans son dernier rapport, en octobre, le GIEC a demandé aux États de diminuer davantage les émissions polluantes pour éviter la catastrophe climatique.

En effet, si les gouvernements ne fixent pas des cibles de réduction plus exigeantes, le réchauffement planétaire pourrait atteindre 3,5 degrés Celsius, plutôt que l’objectif de 1,5 degré convenu dans l’Accord de Paris de 2015.

Un rapport commandé par le ministère de l’Environnement en juin dernier dernier laissait entendre que les cibles actuelles de réduction pour 2030 et 2050 sont encore possibles à atteindre, mais au prix de beaucoup d’efforts et de dizaines de milliards de dollars.

Selon le rapport de la firme Dunsky, il faudrait investir en moyenne 1,7 milliard supplémentaires par an pour atteindre la cible de 2030, seulement en solutions technologiques.

Et à compter de 2031 jusqu’en 2050, la facture annuelle passe à 8,5 milliards par an, peut-on lire. Et là encore, la technologie ne suffira pas, prévient-on. Il faudra réduire la consommation à la source et acheter en quelque sorte des droits de polluer, par l’entremise du système de plafonnement et d’échanges des émissions mis sur pied entre le Québec et la Californie.

Note aux lecteurs : Version corrigée. Il faut bien lire que Québec est ouvert à fixer une cible encore plus ambitieuse pour 2050, et non pour 2030 comme il était écrit précédemment.