(Montréal) Une nouvelle étude réalisée par l’Université Harvard et publiée par le journal médical BMJ associe pour la première fois une brève exposition à des particules fines PM2.5 à de multiples problèmes de santé relativement courants.

Des patients ont notamment été hospitalisés pour une septicémie, une défaillance rénale, une infection urinaire et une infection de la peau ou des tissus.

Ces particules microscopiques sont produites par les moteurs à combustion, les centrales énergétiques au charbon ou encore les incendies de forêt. Elles peuvent causer de graves problèmes de santé en se logeant au plus profond des poumons ou en entrant dans la circulation sanguine.

Les chercheurs ont épluché plus de 95 millions d’admissions à l’hôpital survenues entre 2000 et 2012. Ils ont aussi utilisé un modèle informatique pour estimer l’exposition de ces patients à la pollution atmosphérique.

« Il y a plusieurs études qui sont sorties depuis des années qui montraient des associations entre les polluants de l’air, notamment les particules fines, et toutes sortes d’effets de santé, a commenté la professeure Audrey Smargiassi, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Notre groupe a même montré des associations avec des maladies rhumatoïdes inflammatoires, donc c’est très varié le type d’effets de santé qui ont été associés aux polluants de l’air. [Mais] cette étude-là fait état de façon bien exhaustive de beaucoup plus d’effets de santé que ce qu’on retrouve normalement dans la littérature commune sur le sujet. »

En plus d’associer la pollution atmosphérique à de nouveaux problèmes de santé, l’étude confirme le lien déjà connu avec les maladies cardiovasculaires, les problèmes respiratoires, le diabète et la maladie de Parkinson.

Fait à noter, ces associations persistaient même les jours où l’exposition aux particules PM2.5 chutait sous le seuil jugé acceptable par l’Organisation mondiale de la Santé. Cela pourrait démontrer que les lignes directrices de l’OMS ont besoin d’être révisées.

Aussi le glaucome

Une autre étude, celle-là réalisée au Royaume-Uni et publiée dans Investigative Ophtalmology & Visual Science par des chercheurs du University College London, a constaté que le risque de glaucome était plus élevé de 6 % parmi les résidants des régions urbaines où les concentrations de particules PM2.5 étaient les plus importantes. Ces résidants étaient aussi plus susceptibles de présenter un amincissement de leur rétine, un changement qui accompagne la progression du glaucome.

« L’hypothèse mise de l’avant est associée à l’inflammation systémique, a dit Mme Smargiassi. On respire des particules […] et les plus fines vont atteindre la circulation sanguine via les poumons. Lorsque les particules sont dans le sang, elles peuvent occasionner des réactions d’inflammation dans le sang et à travers l’ensemble des systèmes et des organes. Donc il y a de l’inflammation pratiquement, possiblement, dans l’ensemble des organes du corps quand tu respires des particules, et c’est pour ça qu’on observe des effets très variés sur toutes sortes d’organes. »

Le glaucome est la principale cause de cécité irréversible et touche quelque 50 millions de personnes à travers le monde. Des études antérieures avaient démontré que l’incidence de glaucome était 50 % plus élevée dans les régions urbaines que dans les régions rurales.

La meilleure façon de réduire les risques pour la santé est de réduire l’exposition, a ajouté Mme Smargiassi.

« Il faut comprendre que les niveaux de polluants de l’air qu’on a aujourd’hui dans nos villes, dans les pays industrialisés, sont beaucoup plus faibles que les niveaux d’il y a trente ou quarante ans, a-t-elle dit. C’est clair que ce qu’on respire ici n’est pas comparable à ce qu’on respire dans les pays émergents. Malgré ça, effectivement, on a des effets à de très faibles niveaux très variés sur la santé et c’est effectivement un enjeu de santé publique parce qu’on est tous exposés, même à ces niveaux-là qui causent quand même des effets de santé. »