(Gatineau) Les libéraux fédéraux ne décideront pas s’ils augmentent le prix du carbone au-delà de 50 $ la tonne avant au moins deux ans, a indiqué le ministre de l’Environnement, Jonathan Wilkinson.

M. Wilkinson a déclaré que sa priorité durant la nouvelle législature sera de déterminer comment le Canada atteindra son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre établi il y a quatre ans dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de l’Environnement, Jonathan Wilkinson

Après cela, il élaborera un plan pour réaliser la promesse électorale des libéraux de dépasser cet objectif. M. Wilkinson a l’intention de fixer une nouvelle cible en vue de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique de novembre 2020.

Le ministre a mentionné que le prochain plan s’appuierait largement sur le développement de technologies propres pour réduire les émissions provenant de la production de pétrole et de gaz, ainsi que des industries manufacturières.

Toutefois, pour le moment, M. Wilkinson a précisé qu’une augmentation du prix du carbone ne fera pas partie du plan.

Ce prix, qui se situe actuellement à 20 $ la tonne, doit être revu après avoir atteint 50 $ la tonne en 2022. M. Wilkinson a déclaré mercredi qu’il ne va pas « préjuger » du résultat de cette étude.

« Nous nous sommes engagés à revoir la tarification du carbone à l’approche de 2022, nous avons l’intention de le faire, a-t-il dit. Cela fait partie du plan, mais je vous dirais que la tarification du carbone n’est pas le seul outil de la boîte à outils. Nous allons en utiliser toute une série pour y parvenir d’une manière acceptable et qui fonctionne pour le Canada. »

La semaine dernière, la Commission de l’écofiscalité du Canada a publié un rapport affirmant que le Canada pouvait atteindre ses objectifs en matière d’émissions si le prix du carbone atteignait 210 $ la tonne d’ici 2030, estimant qu’il s’agissait ainsi du moyen le plus efficace économiquement d’y parvenir. Le rapport indique que les réglementations, telles que l’imposition de carburants plus propres, ou les subventions, comme d’aider les Canadiens à acheter des voitures électriques, coûtent beaucoup plus cher et sont souvent moins claires pour les gens que le prix du carbone.

M. Wilkinson a dit apprécier ce rapport, mais a ajouté qu’il s’inscrit dans une approche purement d’efficacité économique et que le gouvernement doit prendre davantage d’éléments en compte.

« Notre point de vue a été que de mettre un prix sur la pollution fait partie d’un plan climatique solide, mais ce n’est pas un plan climatique en soi », a-t-il déclaré.

En 2015, à peine quelques semaines après l’élection du nouveau gouvernement libéral, le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu à Paris et a promis que, d’ici 2030, le Canada réduirait ses émissions à 70 % de ce qu’elles étaient en 2005. Cet objectif était identique à celui fixé plus tôt cette année-là par le précédent gouvernement conservateur, et qui a été vigoureusement critiqué par ses adversaires politiques et les experts en climatologie pour ne pas aller assez loin.

Les politiques climatiques actuelles du gouvernement, notamment l’élimination progressive du charbon, le prix du carbone et d’encourager à rendre les bâtiments plus écoénergétiques, placent le Canada à 79 millions de tonnes en deçà de l’objectif de réduire à un maximum de 511 millions de tonnes les émissions du Canada pour 2030.

Le ministre Wilkinson ne spécule pas sur la façon dont le Canada va combler cet écart et il ne précise pas jusqu’où le Canada peut aller de manière réaliste. En 2018, un rapport sur le climat de l’ONU a suggéré au monde de réduire ses émissions de moitié, d’ici 2030 — bien plus que ne le fait actuellement aucun pays — pour éviter une catastrophe.

« Je ne vais pas prendre de l’avance sur moi-même et dire exactement à quel point je pense que nous pouvons aller », a déclaré M. Wilkinson.

La semaine prochaine, le ministre Wilkinson se rendra à Madrid pour la conférence des Nations Unies sur le climat de cette année. Il a déclaré qu’il avait l’intention d’encourager d’autres pays à se joindre au Canada et à travailler sur des objectifs plus stricts avant la conférence de 2020.

La rencontre, connue sous le nom de 25e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ou COP25, tentera également de finaliser les règles sur la manière dont certains pays peuvent obtenir des crédits pour avoir aidé à réduire les émissions dans un autre pays. M. Wilkinson a affirmé que les systèmes d’échange de droits d’émission constituaient un élément d’un plan mondial, mais il a mis en garde que ce système soit considéré comme un moyen pour le Canada d’éviter le problème et de ne pas faire grand-chose pour réduire les émissions dans sa propre cour.