Sur les piliers de l’ancien pont Champlain sont perchés trois nichoirs. Ils abritent le rapace le plus rapide au monde en vol piqué, le faucon pèlerin. Cet oiseau chasseur a migré vers une température plus clémente, comme chaque hiver, et sera de retour au mois d’avril. Des nids flambants neufs l’accueilleront, fixés sur la nouvelle structure baptisée Samuel-De Champlain. Cet hiver marque le début des travaux de démolition de l’ancien pont. Il sera complètement déconstruit d’ici deux ans. L’équipe de Skytech, entreprise spécialisée en travaux en hauteur, a hérité d’un mandat complexe : celui de récupérer les nids, difficilement accessibles. La Presse a assisté vendredi dernier à cette opération.

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Stéphane Sorensen, président de l’entreprise Skytech, et son équipe

« Si vous êtes fatigués ou si vous avez froid, dites-le maintenant », indique le dynamique Stéphane Sorensen, président de l’entreprise Skytech, comme s’il s’adressait à sa propre famille. L’opération, qui a duré plus de quatre heures, a commencé au petit matin. Il faut des points d’ancrage solides pour parvenir à faire descendre deux membres de l’équipe le plus près possible du nid, directement sur le pilier du pont.

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Stéphane Lemire au travail

Il a fallu descendre en appui sur corde, les pieds dans les airs, pour désinstaller le premier nid. « Ce n’est pas une course ni un endroit pour trouver des solutions seul si vous êtes en danger. C’est un travail d’équipe », rappelle M. Sorensen. Les plus expérimentés se chargent d’aller chercher les nichoirs, tâche qui demande contrôle et dextérité. Stéphane Lemire, ancien guide de montagne, est l’un d’entre eux.

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Des employés au travail

L’opération est délicate et risquée. Il y a le froid et l’humidité. Être au-dessus de l’eau impliquerait un sauvetage plus complexe en cas d’accident, admet M. Sorensen. « Tout est dans la planification et dans l’expérience de l’entreprise. Notre équipement à la fine pointe de la technologie est inspecté rigoureusement. »

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Cécile de Sérigny, de l’entreprise Services environnementaux Faucon, et Stéphane Sorensen

Cécile de Sérigny, de l’entreprise Services environnementaux Faucon (SEF), et Stéphane Sorensen s’apprêtent à dévisser l’imposante structure de bois remplie de gravier. Chaque nichoir sera remis à la société d’État fédérale Ponts Jacques Cartier et Champlain, et abritera d’autres faucons en milieu urbain. Jean Maher, pour qui les grues n’ont aucun secret, a soulevé le nid de façon adroite et rapide. Les nichoirs de bois ont été conçus par SEF, spécialisée en gestion de la faune.

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Il a fallu deux heures pour récupérer le premier nichoir, difficile d’accès. Pour le deuxième, environ une heure et demie.

Tous les techniciens sont des cordistes professionnels de premier ou deuxième niveau. Alors que les plus novices s’occupent des cordes, les plus expérimentés se chargent de retirer les nids et de les fixer à la grue.

Il a fallu deux heures pour récupérer le premier nichoir, difficile d’accès. Pour le deuxième, environ une heure et demie. Chaque fois, il faut préparer le cordage, faire descendre les deux grimpeurs et défaire les ancrages.

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Des employés surveillent leurs collègues.

Tous les câbles étaient montés de façon à effectuer un sauvetage d’urgence, en cas de besoin. « Restez à l’écoute, si jamais j’ai besoin de personnes en renfort », rappelle M. Sorensen.

Il est le seul de l’équipe à détenir un SPRAT (Society Of Professional Rope Access Technicians) de troisième niveau, le plus élevé. Il s’agit d’une formation très poussée en secourisme de haute altitude. Cette expertise fait de lui la personne toute désignée pour guider son équipe et procéder à une opération de sauvetage, s’il y a lieu.

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En haut, de gauche à droite : Raphaël Isseri-Guertin, Martin Gagnon, Alexandre Morel, Jean Maher et Étienne Primeau. En bas, de gauche à droite : Stéphane Lemire, William Mackenzie-Pitre, Stéphane Sorensen et Cécile de Sérigny, de Services environnementaux Faucon.

Les employés de Skytech procèdent à des actions qui passent inaperçues, comme l’inspection des toits des plus hautes tours partout au Canada ou encore la réparation des lumières d’un pont. Tous ressentent un immense sentiment d’accomplissement lié à leur profession inusitée. « Une journée qui n’est pas passée sur le plancher des vaches est une journée réussie », dit Martin Gagnon, cordiste de deuxième niveau qui peine à rester les deux pieds sur terre depuis 15 ans.