Sarah Fizazi est aux premières loges de la pollution plastique que génère l’industrie pharmaceutique – des centaines de millions de contenants de pilules finissent en effet chaque année leur vie éparpillés aux quatre coins du monde. La pharmacienne de Montréal en a eu assez et a décidé de prendre les choses en main en créant un nouveau système qui commence à faire mouche dans le milieu : offrir des contenants en verre réutilisables plutôt que des contenants jetables.

C’est dans sa petite pharmacie affiliée au réseau Uniprix du quartier montréalais de La Petite-Patrie que Fiole verte a officiellement vu le jour, le 9 octobre dernier, après des mois de réflexion, de travail et de perfectionnement. L’idée est une première au Canada, « je crois même en Amérique du Nord », dit Sarah Fizazi.

Trouver le bon remplaçant, changer le système

Les pharmaciens disposent d’une certaine liberté dans la façon d’administrer les médicaments aux patients. Depuis longtemps, la pharmacienne distribuait des fioles recyclables. Mais en prenant connaissance des failles béantes propres au recyclage, elle s’est donné comme défi de trouver une solution permanente au problème.

On veut se mettre dans une philosophie de réutilisation et de réduction de la consommation davantage qu’une philosophie de recyclage.

Sarah Fizazi

Pour des raisons sanitaires, le plastique ne peut être réutilisé ad vitam æternam : la matière issue du pétrole peut poser problème en raison de son potentiel de contaminant dans les médicaments. Ceux-ci peuvent notamment finir par agir comme perturbateurs endocriniens.

Mais trouver un remplaçant durable au plastique, si facile et peu coûteux, n’est pas une mince tâche. Après diverses démarches auprès de fabricants, le verre, une matière stable et qui résiste au temps malgré un entretien régulier, est apparu comme une solution de choix.

« Je n’ai pas inventé le verre, ça existait bien avant moi ! plaisante Sarah Fizazi. Mais je trouvais que la quantité de déchets que l’on générait en pharmacie n’avait aucun bon sens. En fin de compte, c’est le verre qui m’apparaissait l’option tout indiquée. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Fiole verte a officiellement vu le jour le 9 octobre dernier, dans la petite pharmacie de Sarah Fizazi (photo), affiliée au réseau Uniprix, du quartier montréalais de La Petite-Patrie.

La solution peut paraître simple. Mais dans un milieu aussi réglementé qu’en pharmacie, briser les conventions ne se fait pas en claquant des doigts. Pour répondre aux exigences de l’Ordre des pharmaciens du Québec, elle a eu à développer un protocole strict pour rendre son projet conforme aux normes sanitaires.

Nouvelles fioles, nouvelles habitudes

Le système de Fiole verte est tout simple.

Au coût de 3 $, les patients peuvent se procurer une fiole verte auprès de la pharmacie (celle-ci n’en tire aucun profit). Le détail de l’ordonnance et la posologie y sont apposés grâce à un autocollant, détachable pour la prochaine utilisation.

Une fois les médicaments terminés, le patient doit lui-même nettoyer les fioles, selon un processus bien établi par Sarah Fizazi. Pour les patients chroniques aux ordonnances régulières, deux ensembles de fioles seraient nécessaires : un pour l’ordonnance en cours et une autre pour le renouvellement.

La pharmacienne rappelle qu’il ne faut pas mélanger les contenants entre différents membres d’un foyer, et que le nettoyage en profondeur des fioles n’est pas une option, mais une obligation.

Engouement

Selon son inventrice, l’idée de Fiole verte est prometteuse. Déjà, elle suscite l’engouement. De nombreux patients l’ont déjà adoptée avec enthousiasme, et le projet a été salué par le réseau Uniprix.

Devant un parterre d’environ 400 collègues réunis au congrès de la Fédération des pharmaciens du Québec le mois dernier, elle a présenté son projet pour la première fois.

« J’étais très surprise par l’accueil des gens », dit-elle. Récemment, elle a été bombardée de messages provenant des quatre coins de la province, de la part tant de patients qui voudraient voir la Fiole verte dans leur pharmacie que de pharmaciens à la fibre écologiste.

Rapidement, une deuxième pharmacie a emboîté le pas. Carole Cyr, de la pharmacie éponyme située à Pointe-Saint-Charles, a été la première adhérente. Depuis, trois autres pharmacies se sont mises de la partie, dont celle d’Annie-Louise Turcotte, à Trois-Rivières.

Heureuse de la réaction que suscite son projet écologique, Sarah Fizazi voit grand.

Dans un monde idéal, j’aimerais accompagner mes collègues qui veulent implanter ce système dans leur milieu de travail.

Sarah Fizazi

À terme, elle rêve de voir sa Fiole verte devenir une option dans toutes les pharmacies du Québec. « C’est ça, le but », avoue-t-elle.

Si le système requiert une période d’ajustement, Sarah Fizazi se dit prête à aider ses collègues à faire le pas. « Je me prépare avec d’autres à accompagner les pharmaciens qui veulent implanter le système, dit-elle, enthousiaste. Je me sens prête à aborder cette phase-là dans un futur assez proche. »

Si son plan fonctionnait, la pharmacienne et mère de deux enfants pourrait transformer notre relation avec les médicaments. Ainsi, elle ferait d’une pierre deux coups : guérir la planète en même temps que ses patients.

Sur l’écran radar

Sherbrooke : certains sacs de plastique interdits

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Des sacs d’emplettes à usage unique seront interdits à partir du 22 avril prochain dans les établissements commerciaux situés sur le territoire de la ville de Sherbrooke.

Des sacs d’emplettes à usage unique seront interdits à partir du 22 avril prochain dans les établissements commerciaux situés sur le territoire de la ville de Sherbrooke. L’interdiction adoptée par le conseil municipal de la Ville vise les sacs d’emplettes en plastique issus du pétrole, les divers sacs dits biodégradables et oxodégradables ainsi que les sacs compostables actuellement utilisés par environ 1500 établissements. Le règlement prévoit toutefois des exceptions parmi lesquelles figurent les housses de plastique pour du nettoyage à sec, les sacs d’emballage utilisés exclusivement pour des articles en vrac, les sacs de papier et les sacs réutilisables. Les sacs de plastique contenant du matériel publicitaire lors des distributions de porte à porte ne sont pas visés, mais la Ville annonce qu’ils feront l’objet de futures actions. La conseillère de l’arrondissement des Nations, Karine Godbout, présidente du comité de l’environnement, croit que les interdictions démontrent l’engagement de la Ville de Sherbrooke en matière d’environnement. À son avis, en interdisant l’accès à ces sacs à la caisse des commerces, il sera plus facile d’intégrer de bonnes habitudes dans le quotidien des gens.

— La Presse canadienne

Aliments Maple Leaf devient carboneutre

PHOTO MARK BLINCH, ARCHIVES REUTERS

Aliments Maple Leaf affirme avoir réduit ses émissions et avoir investi dans des projets environnementaux au Canada et aux États-Unis.

L’entreprise Aliments Maple Leaf affirme avoir réduit son empreinte environnementale et être devenue carboneutre. La société affirme que son plan pour y arriver reposait sur la réduction des émissions et sur l’investissement dans des projets environnementaux au Canada et aux États-Unis. Maple Leaf indique que les projets soutiendront l’énergie éolienne, la protection des forêts et la reforestation, ainsi que la récupération de méthane afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Maple Leaf, mieux connue pour ses viandes fraîches et préparées, a développé son offre de protéines à base de plantes ces dernières années. Le chef de la direction, Michael McCain, a affirmé que le système alimentaire mondial devait changer radicalement s’il voulait nourrir de manière durable la population croissante de la planète. Il a ajouté que la société misait son avenir « sur une carboneutralité immédiate ».

— La Presse canadienne

Bolsonaro rétablit les plantations de canne à sucre en Amazonie

PHOTO MARCELO TEXEIRA, ARCHIVES REUTERS

Le Brésil est le premier producteur mondial de canne à sucre.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a annulé mercredi dernier un décret qui interdisait la plantation de canne à sucre en Amazonie et au Pantanal, en dépit des critiques des écologistes pour qui cette culture menace la biodiversité de ces régions. Ce décret datant de 2009 était considéré comme obsolète par le gouvernement du président d’extrême droite. La canne à sucre, dont le Brésil est le premier producteur mondial, est utilisée entre autres pour la production d’éthanol, qui sert de carburant à de nombreux véhicules. Mais le décret annulé mercredi permettait justement « que les exportations brésiliennes d’éthanol ne soient pas sous le coup de restrictions internationales » de la part de pays ne voulant pas importer de produits liés à la déforestation, a fait valoir le collectif d’ONG locales Observatorio do Clima. « Le gouvernement expose des écosystèmes fragiles à l’expansion prédatrice et injustifiée économiquement de la canne à sucre et entache l’image durable construite autour de l’éthanol brésilien », ajoute ce collectif. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Agriculture du Brésil nie que l’annulation du décret représente une menace à la préservation de l’Amazonie et du Pantanal.

— Agence France-Presse

Nouvelle-Zélande : l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 inscrite dans la loi

PHOTO CAREY J. WILLIAMS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Paysage de Glenorchy, en Nouvelle-Zélande

Le Parlement néo-zélandais a inscrit jeudi son objectif de neutralité carbone d’ici 2050 dans une loi. Ce texte, qui a reçu le soutien de la majorité comme de l’opposition, prévoit que le pays atteigne la neutralité pour les gaz à effet de serre, à l’exception du méthane, d’ici le milieu du siècle. Il s’inscrit dans les mesures décidées par la Nouvelle-Zélande pour respecter ses engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015. Les émissions de méthane, un dérivé de l’agriculture, secteur essentiel de l’économie néo-zélandaise, devront baisser de 24 à 47 % sur la même période, selon la loi. « Nous sommes du bon côté de l’histoire », a déclaré la première ministre Jacinda Ardern. La Nouvelle-Zélande fait partie des pays qui se sont engagés à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, tous les pays ne l’ont pas inscrit dans leur législation. Ce pays, qui compte moins de 5 millions d’habitants, s’est également engagé à produire 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2035.

— Agence France-Presse