(Ottawa) L’Union européenne et l’Allemagne disent apprécier la « continuité » en matière de lutte aux changements climatiques au Canada à l’issue des élections fédérales.

Les libéraux ont obtenu lundi un deuxième mandat à la tête du pays, dans une position minoritaire cette fois, après une campagne électorale que Justin Trudeau a voulu axer sur la crise climatique.

M. Trudeau a dépeint son adversaire conservateur comme un politicien aux positions obsolètes en matière d’environnement, une accusation qu’Andrew Scheer a qualifiée d’hypocrite puisque les libéraux n’ont toujours pas atteint leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les diplomates de l’UE et de l’Allemagne ont pris soin de ne pas s’immiscer dans cette querelle partisane durant la campagne, dont ils saluent maintenant l’issue.

« Le résultat des élections canadiennes nous accorde une continuité dans le travail que nous avons accompli, et nous voyons que ce travail se poursuivra. Le mot-clé pour nous est donc la continuité », a déclaré en entrevue l’envoyé de l’UE au Canada.

Peteris Ustubs souligne que la prochaine présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fera du « green new deal » européen sa priorité absolue lorsqu’elle succédera à Jean-Claude Juncker plus tard cet automne.

La politique environnementale sera donc « l’un des points clés où nous entrerons en dialogue et aurons des discussions avec le Canada », précise M. Ustubs.

L’UE envisage avec enthousiasme le développement d’un partenariat avec les autorités canadiennes visant à protéger les océans et à réduire la pollution par le plastique, ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté de l’ambassadrice allemande, Sabine Sparwasser, qui relève que son pays travaillait en étroite collaboration avec le Canada en matière de protection du climat et qui dit espérer que cette collaboration perdurera.

« Nous travaillons ensemble de manière particulièrement étroite et avec beaucoup d’énergie en ce qui concerne la protection du climat, en ce qui concerne le multilatéralisme. Nous souhaitons poursuivre cette coopération très étroite avec le nouveau gouvernement », affirme-t-elle.

Mme Sparwasser indique que les Allemands ont suivi les élections canadiennes avec intérêt, mais elle refuse de se prononcer sur le débat houleux qui a dominé la campagne.

Les trois partis fédéraux qui appellent à réduire les émissions de GES du Canada ont obtenu une majorité absolue des voix au scrutin. Les libéraux, les néo-démocrates et les verts s’étaient tous alignés avec les conclusions de la communauté scientifique internationale pour contrecarrer les effets catastrophiques et irréversibles du réchauffement planétaire. En fin de compte, cela rimerait avec une profonde transformation de l’économie et du secteur de l’énergie au Canada pour rendre le pays carboneutre d’ici 2050.

Les conservateurs d’Andrew Scheer s’étaient pour leur part engagés à abolir la taxe sur le carbone dès leur éventuelle arrivée au pouvoir. Le parti avait également promis de mettre fin à l’application de normes plus strictes sur la consommation d’essence et d’abroger la réforme du processus d’évaluation environnementale pour les projets d’envergure nationale, tels que les pipelines.