(Edmonton) La militante écologiste suédoise Greta Thunberg s’est abstenue de s’en prendre directement aux sables bitumineux de l’Alberta lors d’un discours prononcé vendredi devant l’Assemblée législative de la province.

L’adolescente âgée de 16 ans a rappelé aux milliers de manifestants rassemblés à Edmonton que l’avenir de la planète était en jeu.

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Greta Thunberg

«Nous ne pouvons pas laisser cette crise écologique continuer à être une question politique, partisane. La crise climatique, la crise environnementale sont tellement plus importantes que les politiques des partis. Votre principal ennemi n’est pas votre adversaire politique, notre principal ennemi est quelque chose de réel», a-t-elle déclaré.

«Nous, les adolescents, ne sommes pas des scientifiques ou des politiciens, mais plusieurs d’entre nous, contrairement à plusieurs autres, comprenons la science parce que nous avons fait nos devoirs.»

Des partisans de l’industrie pétrolière et gazière, partis en convoi de Red Deer, ont tenté de contre-manifester, mais ils étaient beaucoup moins nombreux que leurs adversaires.

Le défilé des manifestants s’est étendu sur deux pâtés de maisons. Partis du centre-ville, ils se sont rendus jusqu’au parlement albertain. Plusieurs portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «On veut des actes sur les changements climatiques», «Unissons-nous derrière la science» ou «Je parle pour les arbres».

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La police a estimé que la foule rassemblait de 3500 à 4000 manifestants, mais les organisateurs croient qu’ils étaient près de 10 000.

La situation est devenue tendue lorsque trois jeunes hommes ont tenté de s’approcher de Greta Thunberg, mais les organisateurs les en ont empêchés, a raconté Joe Vipond, du Calgary Climate Hub. Plusieurs militants ont marché, bras dessus bras dessous, autour de l’adolescente au cours d’une partie de la manifestation.

«Nous voulions seulement nous assurer qu’elle était en sécurité», a expliqué M. Vipond.

Les critiques que Greta Thunberg a adressées aux leaders mondiaux, qu’elle accuse d’avoir abandonné la jeune génération en ne s’attaquant pas suffisamment aux changements climatiques, ont fait le tour du monde.

Plusieurs manifestants ont exprimé leur appui au message véhiculé par la Suédoise.

Saima Jamal est venue de Calgary avec son fils pour démontrer que, même dans cette ville, il y a des partisans de la lutte contre les changements climatiques. «Même si nous sommes une ville pétrolière et gazière, même si nous avons souffert, le climat nous préoccupe beaucoup, a-t-elle souligné. Nous voulons démontrer que nous sommes des gens compatissants. Nous ne sommes pas ici pour la chahuter, nous sommes ici pour bien l’accueillir.»

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Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, avait déjà annoncé que son gouvernement ne rencontrerait pas la jeune militante. Il a préféré visiter vendredi une centrale électrique dans l’ouest d’Edmonton qui utilise maintenant du gaz naturel plutôt que du charbon pour fonctionner.

«C’est le genre de solution réelle, pratique et technologique pour réduire les gaz à effet de serre, a-t-il souligné. La vérité est que ce prétendu mouvement de grève pour le climat est opposé au gaz naturel. Il est opposé à des centrales électriques qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Il est opposé à toute l’économie moderne, à toute l’industrie. Son manifeste revendique l’abandon de toute notre économie moderne. [Cette centrale] est la véritable solution.»