(Londres) Dans le terminal, à bord d’un avion et même sur la carlingue : les militants écologistes d’Extinction Rebellion (XR) ont dirigé jeudi leurs actions chocs contre l’aéroport de London City.

Le mouvement, né en 2018 au Royaume-Uni, qui prône la désobéissance civile pour contraindre les gouvernements à agir face à la crise climatique, a lancé lundi une série d’actions conçues pour frapper les esprits en perturbant le fonctionnement des capitales du monde entier, entraînant des centaines d’arrestations.

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Depuis lundi, plus de 1000 personnes ont été arrêtées à Londres, a annoncé la police.

Après avoir planté leur tentes autour de Westminster, bloqué la rue de Rivoli à Paris ou organisé une marche funèbre à Manhattan, Extinction Rebellion comptait occuper l’aéroport de London City pendant trois jours. Au premier jour jeudi, il s’est félicité d’avoir «massivement» perturbé le trafic. De son côté, un porte-parole de l’aéroport a jugé ces perturbations «minimales».

Seuls deux vols ont été annulés, dont l’un de British Airways parce qu’un passager est parvenu à se hisser sur le toit de l’appareil pour s’y coller. Selon Extinction Rebellion, il s’agit de l’ancien cycliste paralympique irlandais James Brown, déficient visuel et médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012.

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Un autre vol a été retardé par un passager qui s’est lancé dans un discours sur le climat au moment du décollage, une action filmée et relayée sur les réseaux sociaux. La compagnie Aer Lingus a confirmé qu’un passager de ce vol «avait été évacué de l’avion après avoir eu un comportement perturbateur à bord».

La police a indiqué avoir arrêté plusieurs personnes à l’extérieur de l’aéroport de London City et une dans un avion sur la piste.

«Cibler un aéroport et gêner les voyageurs de cette manière est totalement inacceptable et irresponsable […] Les personnes qui enfreignent la loi sont et continueront d’être arrêtées et poursuivies le cas échéant», a indiqué dans un communiqué la police.

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L’aéroport de London City avait appelé les voyageurs à vérifier l’état de leur vol avant de se rendre à l’aéroport et prévenu qu’ils devraient présenter leurs cartes d’embarquement avant d’entrer dans l’aéroport en raison du risque de manifestations.

«Cause juste»

Jeudi matin des militants se sont assis aux abords du terminal, chantant ou scandant des slogans, tandis que d’autres se sont collés les mains au sol.

«L’objectif est de mettre en évidence à quel point les personnes qui prennent l’avion fréquemment et ceux qui prennent des vols d’affaires nuisent à la planète», a expliqué une militante, Catherine, 56 ans. «Au fil des ans, nous avons manifesté, signé des pétitions, écrit des lettres et rien n’a changé. Donc, nous avons vraiment le sentiment maintenant que nous devons faire quelque chose de différent».

Les activistes d’Extinction Rebellion jugent incompatible l’extension de cet aéroport avec la crise climatique et «l’urgence écologique» déclarée par le Parlement, ainsi que les engagements du gouvernement d’atteindre en 2050 un bilan carbone neutre. Au Royaume-Uni comme dans d’autres pays, Extinction Rebellion demande que cet objectif soit avancé à 2025.

«J’ai décidé de venir les rejoindre parce je pense que leur cause est juste, […] les gens prennent l’avion et le coût pour la planète est inimaginable », a déclaré Steve Phillips, un chef d’entreprise à la retraite âgé de 66 ans.

Deux militants sont montés sur le toit de l’entrée de l’aéroport, où a été accrochée une banderole rose proclamant «Notre fragile planète est en train de mourir».

Des cinq aéroports de la capitale britannique, London City, qui compte une piste, est le plus proche du centre-ville. Il a vu passer 4,8 millions de passagers en 2018.

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Parallèlement à cette action, des militants ont occupé une station de la ligne Docklands Light Railway (image ci-haut) tandis que d’autres protestaient dans le centre de Londres, à Trafalgar square, vêtus de costumes rouges et le visage maquillé en blanc.