Québec accélère la restauration des sites miniers abandonnés qui sont sous sa responsabilité.

Le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a annoncé jeudi à Val-d’Or, en Abitibi, que la planification 2019-2020 de restauration prévoit des sommes de 21 millions pour faire progresser les dossiers des 221 mines abandonnées qui sont sous sa juridiction, soit près de trois fois plus que les 7,5 millions investis en 2018-2019.

« J’ai demandé de mettre la pédale au fond », a affirmé le ministre Julien en entrevue avec La Presse canadienne.

« Cette année, ce sont 33 caractérisations que le ministère va faire. C’est la première étape qui nous mène a posteriori à faire de la conception et finalement à faire la restauration des sites », a-t-il précisé. La caractérisation est le point de départ, l’étape qui permet de déterminer l’ampleur et la nature d’une contamination ainsi que les travaux qui seront requis pour restaurer un habitat.

L’État québécois a hérité de nombreux sites miniers abandonnés avant que la loi ne soit modifiée en 2013 pour obliger toute compagnie minière à payer d’avance pour faire le ménage de son site une fois l’exploitation terminée.

« Dans le futur, ça n’arrivera plus puisque les sommes sont données en garantie justement pour prévoir des éventualités de défaut (de paiement pour cause de faillite) et de s’assurer que, si défaut il y a, les sommes seront disponibles pour réhabiliter de manière adéquate les sites miniers. »

452 sites « orphelins »

Québec a ainsi hérité, au fil des décennies, de 452 sites abandonnés, soit 221 mines exploitées, 223 sites d’exploration minière jamais exploités et huit carrières et sablières.

Les sites d’exploration sans exploitation, beaucoup moins endommagés, seront confiés aux Nations autochtones selon des ententes qui leur confieront les travaux de nettoyage.

Une des carrières sera caractérisée en vue de travaux à venir et les sept autres feront d’abord l’objet d’inspections préliminaires.

Quant aux 221 anciennes mines abandonnées, 139 sites ont déjà été restaurés et font l’objet d’un suivi. Des travaux de restauration sont aussi en cours dans 20 autres sites.

Quant aux autres, 37 doivent encore être caractérisés et le ministre Julien a annoncé jeudi que 33 d’entre eux le seront dès 2019-2020.

Enfin, 25 sites ne nécessitent pas de restauration, mais doivent faire l’objet de travaux de sécurisation pour protéger le public contre les risques d’accident, notamment en ce qui a trait aux ouvertures, puits, fosses et structures détériorées.

Planification déficiente

Depuis 2006, un peu plus de 165 millions ont été dépensés pour la restauration de ces sites abandonnés.

L’annonce survient à la suite d’un audit assez sévère présenté il y a un an sur la gestion des terrains contaminés dans lequel la vérificatrice générale dénonçait le manque de planification et de coordination des ministères responsables de terrains contaminés.

Elle signalait également un manque de connaissances des ministères concernés sur l’état réel de contamination des propriétés dont ils ont la responsabilité — en d’autres termes, des travaux de caractérisation en attente de réalisation — et recommandait notamment la création d’une entité chargée de mieux coordonner les efforts des différents ministères impliqués, de mieux documenter l’état des terrains contaminés et de procéder à une planification et à une priorisation de leur réhabilitation.

« Je comprends très bien la VG de venir dire : c’est bien beau cette volonté (de restauration des sites), mais elle doit se traduire par une planification robuste », a reconnu le ministre Julien, rappelant que l’argent requis pour faire ces travaux était déjà mis de côté.

« C’est une des premières questions que j’ai posées à la sous-ministre adjointe aux mines à mon arrivée : pourquoi on ne va pas plus vite ? Pourquoi on n’en fait pas plus ? Les sommes sont déjà provisionnées, ce n’est pas une question d’argent ; on a la capacité, ces sommes sont provisionnées justement pour pouvoir réhabiliter les sites. »

Le ministre promet de compléter la caractérisation de tous les sites miniers à restaurer d’ici trois ans et de publier un bilan annuel des activités réalisées.

Suivant les recommandations de la vérificatrice, son ministère a mis sur pied un comité directeur pour revoir les cibles à atteindre et établir des indicateurs « plus réalistes et plus représentatifs des travaux à réaliser ».