Le chasse-moustiques et les baumes pour soulager les piqûres sont assurément plus populaires que la crème solaire cette année. Non, ce n’est pas une impression : les moustiques piqueurs sont particulièrement nombreux et voraces depuis quelques jours, conséquence d’un hiver enneigé et d’un printemps frais et pluvieux.

« Cette année, c’est sûr, il y a plus de moustiques qu’à l’habitude ! Sûrement à cause des inondations ; c’est vraiment particulier », constate Michel Tournier, propriétaire de Triambio, une entreprise des Laurentides qui vend des pièges antimoustiques écologiques importés d’Europe.

Les sols humides, qui ont mis du temps à s’assécher et qui étaient particulièrement propices aux eaux stagnantes, sont devenus un environnement de choix pour la ponte et l’éclosion des œufs de moustiques. Si les maringouins se sont développés plus tard cette année, ils semblent qu’ils veuillent rattraper le temps perdu en étant sans pitié pour l’humain aventurier qui ose mettre le nez dehors.

Si vous avez profité du long week-end pour vous exiler en nature, près des bois, vous portez peut-être déjà les marques d’une lutte féroce remportée par les mouches noires, brûlots et autres maringouins assoiffés qui vous ont certainement pris pour cible.

« Dans les Laurentides, on remarque que, si l’on n’est pas trop loin du bois, on se fait piquer même en pleine journée, alors que d’habitude, avec le soleil et la chaleur, ce n’est pas si pire », observe M. Tournier, habitant de Prévost. « Mais je le vois partout, même en ville, dans les lotissements : les gens en ont énormément [de piqûres]. »

À Blainville, un client me disait qu’il ne pouvait plus sortir à partir de 20 h tellement il y a de moustiques.

Michel Tournier, propriétaire de Triambio

Pièges à moustiques

Les pièges à moustiques importés d’Europe par l’entreprise Monsieur Moustique et vendus par Triambio ont la cote. Le piège fonctionne avec un leurre olfactif (à base de déchet animal) qui attire les moustiques les plus voraces — normalement, les femelles qui s’apprêtent à pondre — et les aspire dans un filet.

« Oui, il y a plus de clients qui appellent cette année ! Ils nous demandent : “Quand est-ce que vous pouvez en envoyer ?” Ils vont même les chercher à l’entrepôt chez Monsieur Moustique, à Châteauguay ! », rapporte M. Tournier.

Sans en avoir la certitude, il estime qu’il faudra peut-être du temps avant de pouvoir ranger le chasse-moustiques. Les niveaux d’eau encore très hauts créent des fosses, et il suffit d’un orage pour qu’elles se remplissent et redeviennent une pouponnière à petits vampires.

« Éliminez l’eau stagnante, qui devient un site idéal de reproduction, conseille Santé Canada. Videz l’eau des pneus qui servent de balançoires ; retournez les pots à fleurs, les arrosoirs, les bateaux et les brouettes ; posez un couvercle sur les poubelles ; remplacez au moins deux fois par semaine l’eau des baignoires d’oiseaux, etc. »

Pourquoi c’est toujours moi qui me fais piquer ?

Dans tout groupe se démarque immanquablement une cible de choix pour les maringouins. Est-ce son groupe sanguin ? La bière qu’elle a bue après avoir tondu la pelouse ? Son haleine ? Les moustiques repèrent leurs victimes grâce aux émanations de CO2. Quand ils arrivent dans une zone d’un mètre de leur victime potentielle, ils choisissent leur cible en fonction de plusieurs facteurs, dont la température et la couleur de la peau ou la présence de vapeur d’eau, rapporte Live Science dans un article publié samedi. Or, la variable la plus importante selon les scientifiques serait les composantes chimiques produites par des colonies de microbes vivant sur notre peau. « Les bactéries convertissent les sécrétions de nos glandes sudoripares en des composantes volatiles transportées par l’air jusqu’au système olfactif des moustiques », a expliqué à Live Science Joop van Loon, entomologiste de l’Université Wageningen, aux Pays-Bas. Puisqu’il n’y a pas grand-chose que l’on puisse faire pour contrôler les micro-organismes vivant sur notre peau, l’idéal est à tout le moins de porter des couleurs pâles, les moustiques étant particulièrement attirés par le noir.