(Fredericton) Plus de la moitié des 70 décès de baleines franches de l’Atlantique Nord recensés au cours des 16 dernières années ont été causés par des filets de pêche ou des collisions avec un bateau, rapporte une nouvelle étude.

Selon un article du Diseases of Aquatic Organisms publié jeudi, les autorités ont pu déterminer les causes de 43 des 70 décès de cette espèce.

Des 43 cas répertoriés, 38 sont le résultat d’une action humaine. Les baleines ont été emprisonnées dans un filet de pêche ou ont été percutées par un vaisseau. Les cinq autres cas —tous des baleineaux — sont morts de causes naturelles.

« Il est essentiel de souligner qu’on ne relève aucun décès de baleine franche adulte dans l’Atlantique Nord n’est attribuable à des causes naturelles. Aucune, a déclaré Sarah Sharp, vétérinaire au Fonds international pour la protection des animaux et autrice principale de l’article. Cela démontre clairement que ces animaux sont incapables de mener une vie productive bien remplie, car ils meurent prématurément des suites d’activités humaines. »

On estime qu’il n’existe plus que 411 baleines franches de l’Atlantique Nord. Le nombre de décès dépasse celui des naissances. Selon Mme Sharp, la survie de l’espace ne peut être assurée avec un tel niveau élevé de décès.

Une autre mort de baleine franche a été rapportée jeudi.

Dans un communiqué, Pêches et Océans Canada a annoncé avoir reçu le signalement d’une baleine morte, à la dérive dans le golfe du Saint-Laurent, au nord-est des Îles-de-la-Madeleine.

« Les agents des pêches ont repéré la baleine et ont installé une balise de satellite sur elle pour pouvoir la suivre. Nous évaluons actuellement les solutions visant à la récupérer et effectuer la nécropsie », dit le communiqué.

Une baleine âgée de neuf ans a été retrouvée au large des côtes du Nouveau-Brunswick, ce mois-ci, mais les résultats préliminaires de la nécropsie n’ont pas été concluants.

Aucune baleine franche n’est morte dans les eaux canadiennes, l’an dernier. On avait recensé 12 décès dans le golfe du Saint-Laurent en 2017. Cette même année, cinq autres baleines ont péri dans les eaux américaines.

Selon Tonya Wimmer, une chercheuse canadienne de la Marine Animal Response Society en Nouvelle-Écosse, les conclusions de l’étude ne représentent pas une bonne nouvelle.

« La seule chose qui frappe est qu’il y a eu 70 baleines franches de l’Atlantique Nord mortes dans une période de 16 ans », a-t-elle commenté, jeudi.

Elle a ajouté que comparativement aux données d’une étude précédente portant sur les années 1970, le nombre de collisions entre un bateau et une baleine avait augmenté au cours des dernières années.

De son côté, Mme Sharp souligne que de plus grands efforts sont nécessaires pour protéger les baleines. Les auteurs de l’étude ont formulé un certain nombre de recommandations.

Ils suggèrent notamment d’utiliser des techniques plus récentes pour minimiser le risque qu’une baleine se retrouve prise dans un filet de pêche. Il faudrait aussi imposer des fermetures de zone de pêche et des limitations de vitesse dans certains secteurs où sont observées des baleines.

Mme Wimmer craint qu’il ne soit déjà trop tard. « Nous sommes dans une situation très effrayante. Cela signifie que nous devons redoubler d’efforts si nous voulons les sauver. »