Les crevettes-mantes sont des prédatrices capables de creuser un trou dans les coquilles de leurs proies avec une mandibule se déployant à près de 100 km/h. Les pêcheurs qui les attrapent avec leurs mains en Océanie doivent parfois se faire amputer un doigt.

Comme ces mandibules servent aussi pour combattre leurs semblables, ces crustacés du Pacifique sont dotés d’un bouclier extrêmement efficace. Des chercheurs américains viennent de percer les secrets de ce bouclier.

« Nous étudions le harpon de la crevette-mante depuis dix ans », a expliqué par voie de communiqué David Kisailus, un ingénieur mécanique de l’Université de Californie à Riverside qui est l’auteur principal de l’étude publiée dans la revue Advanced Functional Materials. « Nous nous sommes rendus compte que la mandibule servait aussi dans les combats entre crevettes-mantes et donc qu’elles devaient avoir acquis au fil de l’évolution un bouclier très sophistiqué. Nous retrouvons dans le bouclier la même microstructure hélicoïdale que dans le harpon, qui peut supporter des forces très grandes, mais en plusieurs couches. Ça ouvre des portes très prometteuses pour la mise au point de matériaux légers très résistants, par exemple pour les blindages ou les sports. »

Les chercheurs californiens, qui ont travaillé avec des collègues de l’Université Purdue en Indiana et ont été financés par l’Armée de l’air américaine, ont reproduit la géométrie du bouclier par impression 3D et ont constaté sa grande résistance.

Les crevettes-mantes se cachent souvent, pour attendre leurs proies, dans des cavités des récifs de coraux ou alors dans des coquillages vides. Comme ce genre de cachette n’est pas toujours abondant, les meilleurs endroits font l’objet d’une vive concurrence entre crevettes-mantes. Une autre espèce de crevette-mante, dont le harpon et le bouclier sont un peu moins résistants, vit dans le sable et a moins de combats entre semblables.