(Mont-Saint-Hilaire) Ottawa a annoncé son intention d’interdire les plastiques à usage unique à partir de 2021.

Le premier ministre Justin Trudeau a fait cette annonce lundi matin dans une réserve naturelle de Mont-Saint-Hilaire, en Montérégie.

Les détails sur la mise en œuvre d’une telle interdiction restent inconnus, mais le gouvernement mènera des recherches pour déterminer le meilleur plan d’action, fondé sur des preuves scientifiques.

M. Trudeau a déclaré que la situation du plastique dans les dépotoirs et la pollution des océans et des voies navigables avaient atteint un point de rupture et que des mesures s’imposaient.

«Les plus grands coupables, ce sont les plastiques à usage unique. Les choses comme les sacs d’épicerie, les couvercles pour le café et les bouteilles. C’est facile à produire et encore plus facile à jeter», a illustré M. Trudeau.

Au Canada, moins de 10% du plastique utilisé est recyclé et, sans changement dans leurs habitudes, les Canadiens jetteront pour 11 milliards de produits en plastique d’ici 2030.

PC

Justin Trudeau a fait sa déclaration lundi à Mont-Saint-Hilaire.

«Les compagnies elles-mêmes vont devenir responsables du recyclage des produits qu’elles sont en train de créer», a également annoncé M. Trudeau.

«Un engagement qui enlève la responsabilité un petit peu des municipalités pour la mettre sur ceux qui choisissent de créer des produits qui utilisent du plastique», a-t-il fait remarquer.

Le gouvernement libéral calcule que ce changement permettra de recycler beaucoup plus de plastiques.

Réactions à droite et à gauche

À Ottawa, le chef conservateur Andrew Scheer, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh et les députés bloquistes n’ont voulu voir dans cette annonce qu’une manœuvre préélectorale.

«Nous avons entendu une annonce sans détails, sans plan. Un geste symbolique sans plan pour le mettre en place», a réagi M. Scheer au cours d’un point de presse aux entrées des Communes lundi matin.

«On peut être assuré qu’il va y avoir un impact négatif sur les consommateurs, sur les emplois, sur notre économie», a-t-il également mis en garde, laissant l’impression qu’un gouvernement conservateur ne s’engagerait pas dans pareille avenue.

«L’idée que l’État sait mieux que les gens…», a-t-il ironisé, accusant à répétition M. Trudeau de prendre cet engagement dans un élan désespéré pour rattraper les électeurs qui se tourneraient vers le Parti vert.

M. Singh, lui, applaudit l’engagement et rappelle qu’il a déjà proposé la même interdiction de ces produits de plastique. Mais il doute de la réelle volonté des libéraux.

«Le gouvernement a eu la chance de le faire depuis les trois ans qu’ils étaient (au pouvoir). S’ils voulaient vraiment faire ça, ils ont eu la chance de le faire», a souligné M. Singh.

«Ce que M. Trudeau dit […] : il interdira en 2021 le plastique, les contenants à usage unique. Moi, je mettrais le verbe au conditionnel. Il interdirait, peut-être, en 2021», a remarqué la députée bloquiste Monique Pauzé, en soulignant que le gouvernement lance une étude pour cette éventuelle interdiction.

La chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, rappelle que l’annonce résulte de l’inquiétude des citoyens qui demandent des actions concrètes du gouvernement. À son avis, la bonne volonté des individus n’est pas suffisante pour réduire l’utilisation du plastique.

«Moi-même, depuis quelques années, je refuse tous les produits de plastique pour utilisation unique. Mais c’est difficile, admet Mme May. Les ustensiles, les sacs… nous sommes dans une vraie soupe de plastique.»

Engagement international

Lors du dernier sommet du G7, le Canada et quatre autres grandes économies ont signé une charte selon laquelle, d’ici 2040, tout le plastique produit dans leur pays sera réutilisé, recyclé ou brûlé pour produire de l’énergie. Les États-Unis et le Japon se sont abstenus de signer.

«Je trouve que c’est une très bonne annonce», a réagi l’environnementaliste Steven Guilbault, qui était présent avec M. Trudeau lors de la conférence de presse.

«Le Canada, qui rejoint un peu l’Union européenne sur cette question-là, qui fait preuve de leadership… Quand on m’a demandé de venir présenter le premier ministre, et qu’on m’a présenté cette annonce-là, j’ai accepté avec plaisir.»

Interrogé sur ses ambitions politiques personnelles, M. Guilbault a dit qu’il réfléchissait toujours à l’idée de se présenter sous la bannière libérale dans la circonscription montréalaise de Laurier—Sainte-Marie aux prochaines élections.

«Si je décidais d’aller faire de la politique, ce n’est pas parce que je veux aller faire de la politique, mais parce que je veux aller continuer de travailler sur ce sur quoi je travaille depuis 25 ans d’une autre façon. C’est un moyen pour moi, ce n’est pas une fin», a-t-il soutenu.

M. Guilbault prévoit rendre publique sa décision à la fin du mois de juin ou en juillet.