(QUÉBEC) Dominic Champagne ne va pas au conseil général de la Coalition avenir Québec (CAQ) pour « faire un show », pour « faire déraper » l’événement ou pour proposer « des amendements qu’ils n’adopteront pas ». En entrevue avec La Presse, il dit plutôt vouloir aider le parti à compléter son « rattrapage » sur la question climatique.

L’initiateur du Pacte pour la transition reconnaît qu’il n’est pas « caquiste dans l’âme ». S’il est devenu membre du parti de François Legault, dit-il, c’est parce qu’il souhaite engager un dialogue de « bonne volonté » afin qu’il verdisse son programme.

Il participera demain à une table ronde devant 1000 membres de la CAQ rassemblés à Montréal sur le thème de l’environnement. Il espère que ses interventions aideront à les convaincre de l’urgence de la lutte contre les changements climatiques.

« Je n’irai pas faire un show pour faire déraper leur congrès en proposant des amendements qu’ils n’adopteront pas. » — Dominic Champagne 

« Je ne m’en vais pas là pour “hacker” le congrès de la CAQ, ce serait très irrespectueux de ma part, poursuit-il. Je ne vais pas là pour être baveux et arrogant. Je vais là pour répéter les principes qui sont au cœur du Pacte sur la transition. »

Avec l’espoir avoué d’influencer le gouvernement, Dominic Champagne a pris sa carte de membre de la CAQ au cours des dernières semaines. Il a pris part à une consultation régionale organisée par le parti à Laval à la fin mars. Il participera aussi au conseil général, à la fois en tant que membre et en tant que panéliste.

« Généralement, j’ai été plutôt accueilli d’un œil étrange et, parfois, avec un regard un peu hostile, relate-t-il. Mais au bout de l’exercice, je pense que tout le monde a constaté que je suis plutôt un gars parlable. »

Son adhésion au parti est valide pour deux ans. D’ici là, M. Champagne ne compte pas se gêner pour critiquer le gouvernement Legault. Il ne cache pas son opposition au projet Gazoduq entre l’Ontario et le Saguenay, à la nouvelle usine d’urée de Bécancour ainsi qu’au troisième lien entre Québec et Lévis, tous des projets bien vus par la CAQ.

Plastique, eau et pesticides

Rassemblés sur le thème « Pour une économie verte », les membres du parti seront appelés à voter sur 32 résolutions qui visent à améliorer son programme environnemental. Certaines visent le retrait du plastique à usage unique, d’autres l’imposition de redevances sur les bouteilles d’eau. D’autres encore visent à soutenir les modes de transport verts, la réduction de l’usage de pesticides ou encore le soutien à l’agriculture biologique.

Si elles sont un pas dans la bonne direction, ces propositions sont nettement insuffisantes aux yeux de M. Champagne.

« Le menu est somme toute bon enfant, dit-il. Personne ne va s’opposer radicalement à ces mesures, avec lesquelles on est tous plus ou moins d’accord. Mais le menu est quand même mince pour répondre à cette urgence. »

Cela dit, il ne doute pas de la « sincère préoccupation » exprimée par François Legault sur la question climatique au lendemain des élections. Il salue également sa reconnaissance du « défi de l’urgence climatique » exprimée dans son discours inaugural.

« La survie de notre planète est en jeu. Je ne peux ignorer ce défi de l’urgence climatique et continuer de regarder mes deux fils dans les yeux. » — François Legault, dans son discours inaugural, le 29 novembre 2018

Dans les rangs caquistes, on convient que la plateforme du parti en matière d’environnement doit être améliorée. Pas question toutefois de tenter d’imiter Québec solidaire ou le Parti vert, explique-t-on. On cherchera plutôt à déterminer des mesures concrètes afin d’atteindre l’objectif de réduire d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre de 37,5 % sous le seuil de 1990.

« On prend l’enjeu très au sérieux, on veut le faire avec une approche pragmatique, a-t-on indiqué dans l’entourage du premier ministre. Mais on n’a pas l’intention de devenir le géant vert. »

Quant à Dominic Champagne, il ignore si son engagement militant à la CAQ sera de longue durée.

« Je vais citer un classique de François Legault, a-t-il dit. On verra. »